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Grand Angle

Polémique sur les hydrocarbures au Maroc : Une plainte de l’AMPBP sur la bonne voie ?

Déposée fin mai dernier, une plainte de l’Association marocaine de protection des biens publics (AMPBP) a fait l’objet d’une première convocation. Entendu vendredi par la police judiciaire de Rabat, chargée d’enquêter sur l’épineuse question des prix des carburants, Mohamed El Ghalloussi nous en dit plus sur cette plainte. 

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Photo d'illustration. / Ph. DR
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Nouveau rebondissement dans le cadre de la polémique sur les prix des hydrocarbures au Maroc. Après la présentation en mai dernier du rapport d’une mission parlementaire d’information et les promesses du gouvernement El Othmani de prépare un texte régulant les bénéfices des distributeurs, la justice marocaine s’est saisie de cette question.

Vendredi, Mohamed El Ghalloussi, président de l’Association marocaine de protection des biens publics (AMPBP), a été entendu par la police judiciaire de Rabat. Une convocation qui intervient suite à une plainte déposée, le 20 mai dernier, auprès du parquet général. «Notre plainte a été transférée par le parquet général de Rabat au procureur général du roi près la Cour d’appel de la capitale, qui a saisi la police judiciaire», nous explique ce lundi le président de l’AMPBP.

La justice marocaine pour «démêler le vrai du faux»

La police judiciaire de la capitale l’a entendu avant de recevoir «quelques preuves qui mettent la lumière sur les dysfonctionnements ayant suivi la libéralisation des prix des carburants au Maroc», confie-t-il. Mohamed El Ghalloussi explique avoir exposé aux éléments de la police judiciaire plusieurs points, dont les différences entre le prix des carburants à l’international et au Maroc, «l’absence de la concurrence» ainsi que les marges qu’auraient réalisées les entreprises de ce secteur.

«On ne peut pas augmenter les prix rien que pour augmenter la marge de bénéfice, ce qui s’est passé au Maroc après la libéralisation du secteur. Il y a aussi des rumeurs de non-paiement de l’impôt sur la valeur ajoutée par certains pétroliers, ce sur quoi la police judiciaire doit enquêter.»

Mohamed El Ghalloussi

Dans sa plainte, l’ONG a réclamé que la justice marocaine convoque plusieurs personnes, à leur tête le président de la mission d’information de la Chambre des représentants sur les hydrocarbures, Abdellah Bouanou, mais également le chef du gouvernement et certains ministres. «Nous avons également demandé à ce que des membres de ladite mission et des ministres soient entendus pour établir la vérité», précise notre interlocuteur. Celui-ci affirme que «si le Parlement est marqué par les guerres politiques entre les partis, la justice marocaine est la seule compétente pour démêler le vrai du faux dans cette affaire et révéler les dysfonctionnements du secteur des hydrocarbures».

«Les Marocains doivent connaître la vérité, d’autant plus qu’il y a des informations selon lesquelles la mission d’information a subi des pressions, que des paragraphes entiers accusant certains pétroliers ont été supprimés du rapport final et que plusieurs milliards de dirhams ont été perdue», enchaîne-t-il.

La responsabilité du gouvernement mise en question

Mohamed El Ghalloussi considère aussi que «le gouvernement n’a pas pris ses responsabilités dans ce dossier» et que tout comme le Parlement, l’exécutif «n’a pas contribué à l’éclaircissement de cette affaire auprès de l’opinion publique». Et le président de l’AMPBP d’insister encore une fois sur le rétablissement de la vérité dans le cadre de cette polémique.

Souvenez-vous, en mai dernier et à la veille de la présentation en commission des Finances et du développement économique à la Chambre des représentants, le rapport de la Mission parlementaire d’information sur les hydrocarbures avait créé la polémique.

Des rapports différents ont fuité dans la presse, obligeant ses membres à se prononcer sur cette épineuse question. Abdellah Bouanou, alors président de la Commission et de la mission parlementaire d’information, avait alors reconnu que le rapport ne continent pas toutes les informations découvertes par les parlementaires. Il avait également déclaré qu’en 2015, les marges des pétroliers du royaume se sont «multipliés par trois» et que le citoyen marocain «a été massacré par ces hausses des prix».

Fin mai dernier, le gouvernement avait annoncé la préparation d’une loi régulant les bénéfices des distributeurs de carburant au Maroc. Un plafonnement des prix des carburants qui n’a toujours pas vu le jour...

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