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Grand Angle  

Graciés par le roi, des ex-détenus du Hirak du Rif fuient vers l’Espagne

L’immigration clandestine des Marocains vers l’Espagne s'est sensiblement accrue ces derniers temps. Parmi ceux qui sont passés à l’acte, il y aurait plus d’une centaine de Rifains, des activistes et même des ex-détenus du Hirak du Rif.

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Image d’illustration./ Ph. DR
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Une centaine de Rifains, activistes ou sympathisants du Hirak du Rif, ont émigré clandestinement vers l’Espagne, affirme ce jeudi l’agence de presse espagnole EFE. Pour l’instant, l’agence de presse espagnole évoque, citant le comité de soutien du Hirak du Rif à Madrid, l’impossibilité d’avancer un chiffre exact.

Info Migrants rapporte, pour sa part, qu’ils seraient «dix-sept jeunes activistes marocains», ayant participé aux manifestations sociales dans la région du Rif et qui auraient rallié l’Espagne. Le média cite Karim Outmani, un des membres du collectif de soutien au mouvement populaire du Rif en Espagne, qui déclare que la grande majorité de ces Marocains ayant «entre 20 ans et 35 ans» ont déposé une demande d’asile en Espagne.

Mais les sources citées par EFE et Info Migrants, «le nombre d’embarcations de fortune ayant quitté les côtes rifaines à destination de l’Espagne est sans précédent». Depuis le début de cette semaine, «quatre embarcations, qui transportaient près d’une douzaine de rifains chacune sont partis vers les côtes andalouses», en seulement une journée, précise EFE.

La montée de l’immigration clandestine s’est vue accompagnée cette année par des vidéos filmées à bord des embarcations. C’est notamment le cas des deux frères, Mohamed et Ibrahim Annabi, activistes du Hirak graciés le 20 août par le roi Mohammed VI. Ils auraient effectué la traversée vendredi dernier et avaient filmé une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux. On les voit notamment scander «la mort plutôt que l’humiliation» ou encore «vive Zefzafi», des slogans nés lors des manifestations du mouvement de la contestation à Al Hoceima et sa province.

Les deux frères, tout comme un autre ex-détenu gracié, seraient actuellement en Espagne et auraient pu joindre leurs familles, précise la même source. Les deux frères ont enclenché une procédure de demande d’asile politique dans le pays ibérique.

«L’effet d’une bombe diplomatique»

Seulement, ces demandes n’aboutissent pas souvent. En effet, EFE rappelle que seuls trois cas, deux en Espagne et un en Belgique, ont été recensés depuis l’éclatement des protestations dans la région du Rif. La procédure pour l’octroi de l'asile politique est assez longue et nécessite un traitement individuel pouvant s’étaler sur plus de six mois. De plus, selon la commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR), «la considération de Rifains comme étant des réfugiés pourrait avoir l’effet d’une bombe diplomatique».

Aux côtés de ces migrants, plusieurs associations sont mobilisées. C’est le cas notamment de l’association SOS Racisme, qui leur fournit une aide tant au niveau logistique que juridique. Un des membres de l’association précise toutefois à EFE que durant les derniers mois «peu d’expulsions de rifains ont été opérées par les autorités espagnoles».

Les raisons ayant provoqué cette vague d’immigration seraient liées «aux problèmes structurels au Maroc, tels que la corruption et les inégalités qui s’aggravent au lieu de s’améliorer». SOS Racisme évoque même la mise en place du service militaire obligatoire pour les jeunes de moins de 25 ans, qui seraient l’une des raisons de la montée de l’immigration des Marocains vers l’Espagne.

Article modifié le 2018/09/20 à 18h15

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