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Grand Angle

Affaire Khadija : Les 12 prévenus interrogés par le juge d’instruction

A Béni Mellal, le juge d’instruction a entendu aujourd’hui les douze suspects poursuivis dans l’affaire de Khadija O., qui dit avoir été enlevée, torturée et violée dans son village de Oulad Ayad. L’enquête suit son cours, mais les avocats de la victime présumée alertent que celle-ci n’est pas assez protégée.

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Photo d’illustration / Ph. DR.
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Ce jeudi, les douze prévenus dans le cadre de l’affaire Khadija ont été interrogés à huis clos par le juge d’instruction en première instance à la cour d’appel de Béni Mellal. Celui-ci entendra la victime présumée, âgée de 17 ans, le 10 octobre prochain. «Certains accusés reconnaissent les faits mais disent que la plaignante était consentante (pour rappel, elle est mineure et le détournement de mineur est un crime au Maroc)», commentent des acteurs de la société civile présents à l’entrée du tribunal.

Contacté par Yabiladi, Brahim Hachane, avocat de la victime présumée et coordinateur bénévole du volet judiciaire de ce dossier, rappelle que la notion du «secret de l’enquête» doit prévaloir à ce stade de l’instruction, soulignant que «l’enquête est toujours en cours» et que «les propos des uns et des autres sont susceptibles de changer au cours de cette phase».

Décrivant le déroulement des investigations, Me Hachane qui est également membre de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Souk Sebt, partie civile dans l’affaire, nous indique que «les procédures ont été respectées». Cependant, aucun mécanisme de protection ne garantit que la victime présumée et ses proches sont à l’abri d'éventuelles attaques des familles des suspects.

Un dispositif de protection insuffisant

Cité par l’AFP, un proche de Khadija se dit d’ailleurs «inquiet pour sa sécurité et celle de sa famille», affirmant qu’elle subit plusieurs «pressions et intimidations» ayant eu des «effets sur son état psychologique». «Ce qui fait tout autant défaut, c’est la protection policière pour les avocats de la partie civile», nous confie de son côté Me Hachane, affirmant que ni lui ni Khadija ne sont assez immunisés contre des représailles.

«Si les 12 prévenus sont poursuivis justement en état d’arrestation, leurs familles savent où Khadija habite. Oulad Ayad est un petit village et ils peuvent atteindre l’adolescente à tout moment. J’ai moi-même fait l’objet d’agressions en lien avec cette affaire. D’ailleurs, à notre sortie de la séance d’aujourd’hui, aucun dispositif sécuritaire n’a empêché les familles des prévenus de s’en prendre à nous en proférant notamment des insultes à mon égard.»

Brahim Hachane, avocat de Khadija O.

Fin août, le parquet de Béni Mellal a décidé d’enquêter auprès des douze prévenus pour de lourdes charges. Ils sont poursuivis pour «traite des êtres humains envers une personne de moins de 18 ans, détournement de mineur, enlèvement et séquestration, menace de mort avec usage d’arme blanche, mauvais traitements et torture ayant conduit à une incapacité permanente et à un traumatisme psychique».

Sont également retenus contre eux des soupçons de «constitution d’une bande criminelle, organisation et supervision d’un enlèvement, séquestration et viol de mineur ayant conduit à une défloration», en plus de «non-assistance à une personne en danger et non-signalement de crime».

Article modifié le 2018/09/07 à 14h01

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