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Grand Angle  

Zynecoin : Le premier projet de cryptomonnaie marocaine est-il une arnaque ?

Zeencoin devenu Zynecoin est une cryptomonnaie qui a pour but de faire rentrer de la devise sur le territoire marocain, générer de l’emploi et garder les talents au Maroc. Une volonté qui selon plusieurs témoignages sur les réseaux sociaux serait qu’une simple arnaque. Yabiladi a tenté d'en savoir plus.

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Photo d'illustration. / DR
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Bien avant sa mise en vente mondiale, le Zynecoin suscite de nombreuses critiques. Du forum de Yabiladi, jusqu’aux réseaux sociaux, il semble que le Zynecoin n’ait pas séduit grand monde.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faudrait définir ce qu’est ce fameux Zynecoin, qui est produit développé par la société Applinum basée à Marrakech. «Le Zynecoin est une valeur numérique générée à partir de la blockchain ethereum», c’est la définition fournit dans le livre blanc de cette nouvelle cryptomonnaie, qui se veut marocaine, maghrébine et africaine avant tout. Cette cryptomonnaie basée sur le protocole Ethereum utilise une unité de compte dénommée «Ether». Chaque ether étant une unité de compte servant de moyen d’échange, créé et stocké dans la blockchain.

50 millions de Zynecoins générés

Contacté par Yabiladi, un des fondateurs, Karim Benabdelkader, précise que «le Zynecoin est né en août 2017 et c’est en novembre dernier qu’une équipe de développeurs a été montée pour générer, à travers le protocole ethereum, le token (jeton) et développer un smart contrat sur la blockchain». A ce moment-là, 50 millions de pièces ont été générées, un chiffre facilement vérifiable sur l’Etherscan. «Sur c’est 50 millions, 35 millions seront dédiées à la vente sur le marché mondiale. Dans ces 15 millions sont inclus les fonds qui doivent rester en réserve plus les bounties qui serviront à rémunérer tous les acteurs extérieurs qui ont participé au projet», précise notre interlocuteur. 

Bien avant la mise en vente mondiale, le Zynecoin a été proposé sur une vente privée, une pratique assez courante dans le domaine. Pour ce faire, un pot commun a été mis en place par l’équipe qui a mis en vente leur part, faisant partie des 15 millions restant, explique Karim Benabdelkader. Cette vente privée a été essentiellement orchestrée pour la «communauté maghrébine à l’étranger, les MRE, les Algériens et Tunisiens vivant à l’étranger». L’argument de taille évoqué par les fondateurs était : «Nous avons un projet de développement pour le Maghreb et l’Afrique».  

En effet, ce token, le Zynecoin répondant aux normes ERC-20, «a pour but à travers la levée de fonds de financer les capitaux d’amorçage de start-up à fort potentiel de développement en Afrique». Cette volonté, se fera grâce à la mise en place d’une ICO (Initial coin offering), qui est une méthode de levée de fond fonctionnant via l’émission d’actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies durant la phase de démarrage d’un projet.

Des projets pour «rapatrier du cash au Maroc»

Le lancement de la campagne de promotion de l’ICO débutera le 10 septembre et c’est à ce moment que la vente mondiale du Zynecoin débutera. Les internautes achèteront directement leur Zynecoin chez une holding qui sera basée à Paris (France), nous explique le fondateur franco-algérien. La holding française qui proposera le «smart contract» pour l’organisation de l’ICO (toujours en cours de construction), collectera donc les fonds, qui seront par la suite «rapatriés au Maroc en cash et investit dans des projets concrets».

La société anonyme qui sera créée au Maroc après la création de la holding, sera, comme il est détaillé dans le livre blanc, «dotée d’un capital de 300 000 dirhams, qui entrera dans le capital des projets à hauteur de 25 à 35% des parts». Par ailleurs, sur le site du Zynecoin apparait le prestigieux logo Casablanca Finance City : une publicité assez prématurée, vu que «le processus est à peine en cours», nous confie un des salariés.

A en croire les fondateurs, tous les Zynecoin existent bel est bien, tous les processus pour la création de la ICO sont en cours de validation et il n’est plus question que de jours pour le lancement.

Pourquoi autant de polémiques ?

Mais malgré la multiplication des ICO à travers le monde, elles sont particulièrement entourées de controverses et de réticences de la part des professionnels. Elles sont pointées du doigt pour leurs tendances spéculatives jugées parfois irrationnelles, pour le manque de transparence de certaines opérations, ainsi que pour le flou juridique les entourant laissant ainsi place à des risques d’arnaques.

C’est précisément ces raisons-là qui ont amené des pays telles que la Chine ou encore la Corée du Sud à les interdire en 2017. En France, l’autorité des marchés financiers (AMF) a engagé une réflexion sur l’encadrement de ce mode de financement alternatif encore émergent et a appelé à la vigilance face à des arnaques potentielles.

Cependant, le projet de cette ICO du Zynecoin est critiqué pour d’autres raisons également. Premièrement ce fameux Zynecoin «n’est pas listé, il n’a pas été échangé, peut être que les fondateurs ont effectué quelques opérations, mais il n’y a absolument rien là-dessus», nous explique un initié ayant requis l'anonymat.  

Après lecture de ce fameux livre blanc, notre expert juge le «travail extrêmement scolaire, qui dans les deux tiers de l’espace parle d’Afrique en général et ne parle pas de ce que le token va faire en particulier. Il n’est abordé que de façon très superficielle. De plus, il n’y a aucune spécification technique autre que des généralités, il n’y pas de code, ni de feuille de route». Et d’ajouter que «le projet semble être à très haut risque».

Outre le manque de transparence par rapport à une possible valorisation de ce token et de sa future utilisation, «il y a de nombreux détails, qui semblent être suspicieux et qui ne sont pas conformes aux standards du marché», nous confie notre interlocuteur, qui cite «les 25% réservés à l’équipe alors que le standard est à 10-15%».

Afin de taire la polémique notre interlocuteur conclût avec une pointe d'ironie, en disant «ne pas voir où est la polémique, parce qu’il ne voit pas comment on pourrait les prendre au sérieux». Par contre, le projet sera probablement inspecté avec sérieux par Bank Al-Maghrib. En effet, comment une ICO pourrait être autorisée au Maroc alors que les appels à collecte d'argent public sont étroitement réglementés par la Banque centrale, et que l'Office des changes vient d'interdire les transactions en monnaie virtuelle ?

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