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Grand Angle

L’école coopérative au Maroc attend l’obtention d’un statut

La première école coopérative au Maroc se prépare depuis un an. Il s’agit d’un projet pilote qui donne le moyen aux parents de gérer eux-mêmes la scolarisation de leurs enfants. Encore faut-il que le ministère de tutelle donne son feu vert.

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Conception de la maquette de l’école coopérative / Ph. DR.
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Au cœur de Casablanca, sur le boulevard Mers sultan, l’un des plus anciens établissements du centre-ville a été repris par Salaheddine Nabirha et son équipe, pour en faire une école collaborative. Il s’agit de la première du genre au Maroc, permettant aux parents une gestion directe et autonome du cursus de leurs enfants. En effet, l’auteur de l’idée propose des méthodes d’enseignement novatrices, permettant aux élèves de s’épanouir au cours du processus d’apprentissage.

Si le projet a été finalisé au bout d’une année, son initiateur explique à Yabiladi que la dernière étape reste celle du ministère de tutelle. Une rencontre a justement été prévue ce mois d’août, mais au vu de l’agenda des responsables du département de l’Education, le rendez-vous a été repoussé pour le mois prochain, nous explique encore Salaheddine Nabirha.

Une pédagogie complète

Le projet de cette école coopérative a été pensé au détail près et l’infrastructure initiale a considérablement aidé dans ce sens. Retravaillées pour une mise à niveau, elle a rendu possible la mise en place d’un théâtre en son sein, de même qu’une salle de sport couverte. Salaheddine Nabirha nous confie également son intention de créer des toits agricoles, permettant de cultiver un potager biologique qui servira à la cantine incluse dans cet établissement, et qui sera entretenu par les élèves eux-mêmes, avec l’encadrement de leurs enseignants.

La conception des activités sportives, elles, ont bénéficié du savoir-faire d’Aziz Daouda, directeur général du club du Raja Casablanca et ancien directeur technique de la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA). Le cursus est également conçu de manière à ce que les élèves fassent tous leurs devoirs au sein de l’école et non pas à la maison après les cours.

Si tous les aspects du projet sont aujourd’hui ficelés, c’est que Salaheddine Nabirha a planché dessus depuis plusieurs mois. Il y a un an, il s’est entouré d’amis et de connaissances spécialistes dans différents domaines. Organisés en quatre commissions de travail, tous ont proposé leur feuille de route quant à la gestion de l’école. L’auteur de l’idée nous l’explique :

«Avec l’aide d’un magistrat, la première s’est occupée de la rédaction. Un architecte a chapeauté la deuxième, pour la conception des maquettes du projet. En tant que directeur pédagogique d’une école de commerce, je me suis chargé de la pédagogie, avec un psychologue. La quatrième commission, financière, s’est chargée de la mise en place du business plan.»

Encore à ses premiers pas, cette école coopérative bénéficie déjà d’un certain écho à l’étranger. En effet, Nabirha nous explique que «l’idée a suscité beaucoup d’engouement ailleurs et plusieurs particuliers ou représentants de structures culturelles appellent et expriment leur intérêt pour le projet».

Une autonomie dans le fonctionnement

Salaheddine Nabirha insiste sur l’aspect à but non-lucratif de l’école. En d’autres termes, «les parents versent des frais réels, qui correspondent uniquement au financement du fonctionnement de l’établissement», sans marges de bénéfice supplémentaires. Les frais de scolarité à cet effet, démarrant à 500 DH et ne dépassant pas les 2 000, incluent tous les services et toutes les activités dont bénéficieront les enfants au sein de l’établissement pour leur épanouissement.

Pour notre interlocuteur, «l’idée est que les parents contribuent également avec des droits spécifiques pour financer l’amélioration de l’infrastructure de leur école». A moyen et long terme, l’objectif à travers cette expérience est d’«adapter ce modèle même à des écoles à petits budgets».

Il s’agit également, pour l’initiateur du projet, de décloisonner les idées et d’élargir la conception de la société auprès des plus jeunes. «Je suis un fruit de l’école publique et cela m’a permis de grandir au sein d’une certaine mixité sociale, que ces établissements rendaient possible, dans le temps, mais qui n’existe plus aujourd’hui», nous explique Nabirha.

Dans ce sens, ce dernier déplore qu’«entre les élèves du public et du privé, nous avons aujourd’hui l’impression d’être devant deux Maroc totalement différents ; l’école coopérative veut raviver cette mixité, car elle est importante dans le développement des élèves».

Ressusciter la mixité sociale

Dans cet esprit, 15 à 20% des enfants qui seront enregistrés à l’établissement ne paieront pas de frais. Ces bénéficiaires seront issus de milieux très pauvres ne pouvant financer leurs études, «ce qui fait qu’on leur permettra d’avoir accès à un enseignement de qualité, tout en asseyant un esprit de solidarité, d’entraide et en décloisonnant justement les milieux sociaux», nous précise Salaheddine Nabirha.

Cette conception rejoint l’impératif de gratuité de l’enseignement, qui doit être, selon notre interlocuteur, une évidence au vu du contexte actuel de l’éducation nationale.

«Sur le plan de l’infrastructure, du contenu, des ressources humaines et du coût fiscal, ce que nous payons pour l’école publique est élevé, au vu de sa situation actuelle.»

Promettant d’ouvrir une brèche en proposant un modèle d’éducation novateur, Salaheddine Nabirha s’engage à mettre en ligne, sur le portail de l’école, tous les détails concernant les espaces scolaires délaissés ou menacés, pouvant servir d’autres à dupliquer l’initiative.

Ainsi, une sorte d’inventaire et sera adressé gratuitement à tous les groupes ou parents désireux de prendre en charge eux-mêmes l’éducation de leurs enfants, tout en sauvant les nombreux établissements publics en déclin.

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