Pour Mustapha Boulharrak, président de l’association Al Maghreb des immigrants marocains des Baléares, la loi interdisant le port du voile intégral dans les espaces publics est une «erreur politique», rapporte l'agence de presse espagnole Europa Press. Il a critiqué une loi qui intervient alors que Biel Serra, le maire de la ville membre du Parti Populaire (PP), a lui-même reconnu que seules deux femmes portaient le niqab et qu’aucune n’était vêtue de la burqa dans cette commune qui compte un peu plus de 12 000 habitants.
L'interdiction de se couvrir intégralement dans les lieux publics a été adoptée lundi soir, par un décret du Conseil de la ville de Sa Pobla, réuni en assemblée extraordinaire. Ledit décret interdit le port dans les lieux publics de tout «vêtement et accessoire empêchant l'identification et/ou la communication visuelle des personnes». Sont classés dans cette catégorie le niqab, la burqa, les cagoules...
Une telle initiative est donc surtout susceptible de stigmatiser l’islam dans l’archipel des Baléares, selon le président de l'asociation Al Maghreb. «Ces femmes n’ont jamais créé de situations d’insécurité», a souligné Moustapha Boulharrak. Il craint que la nouvelle mesure ne pousse ces femmes à rester enfermées dans leurs maisons. Cela aggraverait leur situation, dans la mesure où personne ne saurait ce qu’elles y subissent. L’Association Al Maghreb a, en outre, critiqué le manque de consensus autour de cette initiative qui émane du PP et dénoncé que le fait que les musulmans des Baléares n’aient pas été inclus dans les discussions.
Rappelant que le niqab et a burqa n’étaient exigées que par «certaines doctrines islamiques», Boulharrak a appelé à «ouvrir une consultation sociale et réaliser un travail de sensibilisation et de dialogue» avec les musulmans de Sa Pobla et des Baléares en général. Il a plaidé pour la promotion d’activités visant à favoriser leur intégration sociale, ainsi que la mise en marche de «campagnes de sensibilisation pour promouvoir le port de vêtements alternatifs au voile intégral».
Quid de la législation?
Suite au vote lundi soir de la nouvelle loi, les autorités locales sont tenues d'informer les citoyens de ses dispositions. Les citoyens contrevenant s'exposent, eux, à des amendes allant de 50 à 200 euros selon le cas, rapporte Europapress. Le montant de l'amende sera doublé en cas de récidive et peut atteindre un maximum de 3000 euros. Le texte entrera dans vigueur 30 jours après sa publication au bulletin officiel de l'Archipel des Baléares.