Menu

Grand Angle

Afrique : Un rapport à rebours des analyses du FMI et de la Banque mondiale

Dans leur Rapport alternatif sur l’Afrique, une quarantaine de chercheurs propose une autre analyse des défis auxquels est confronté le continent, balayant l’idéologie et l’épistémologie des rapports des institutions internationales traditionnelles.

Publié
Siège de la Banque mondiale à Washington. / DR
Temps de lecture: 2'

Responsabiliser les Africains dans le développement de leur continent, s’affranchir des analyses trop occidentales les grandes institutions internationales… Tels sont les objectifs, entre autres, du Rapport alternatif sur l’Afrique (RASA), lancé le 25 juillet à Dakar par le réseau international Enda Tiers-Monde, rapporte Le Monde.

Moussa Mbaye, secrétaire exécutif d’Enda Tiers-Monde, veut prendre le contre-pied des analyses élaborées à travers le prisme européen et américain. «La Banque mondiale, le FMI, l’OCDE et l’OMC déploient sur le continent leur vision du développement sans prendre en compte les réalités africaines. Ils ont du mal à déchiffrer les mutations et les transformations qui s’opèrent en Afrique ou à définir les véritables priorités du continent», explique-t-il au quotidien français. «Nous avons cherché un moyen qui permette aux Africains de consigner leur histoire, d’exprimer leur avenir et de revendiquer leur souveraineté dans un projet commun de société. C’est de ce besoin qu’est né le RASA.»

Balayer l’idéologie et l’épistémologie des analyses traditionnelles

Deux ans d’élaboration ont été nécessaires pour le «numéro zéro» du RASA, auquel ont participé une quarantaine de chercheurs issus de divers horizons : le cercle de réflexion Wathi, le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) ou l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Paradoxe en revanche : le RASA est financé par les fondations américaine Rockefeller et allemande Rosa-Luxemburg. Gêné, Moussa Mbaye répond qu’une campagne de financement public sera lancée pour le prochain numéro.

A travers cinq axes, le rapport «aborde des questionnements fondamentaux auxquels les prochaines éditions, prévues une fois tous les deux ans, devront apporter des réponses scientifiques». Parmi les sujets évoqués, la gouvernance, le progrès, la démographie ou encore le bien-être.

«Ce premier rapport est un numéro de positionnement, nous voulons qu’il soit l’instrument des gens qui veulent transformer l’Afrique», confie Cheikh Gueye, secrétaire permanent du RASA. «Nous visons le renversement idéologique et épistémologique des analyses habituelles d’un continent trop souvent considéré par la communauté internationale à la fois comme un puits de ressources naturelles, un maillon faible des réseaux de pouvoir et un partenaire éternellement assisté», enchaîne-t-il.

Pour lui, ce groupe de cherchers ambitionne de se «départir d’une vision libérale et occidentale du développement, questionner les indicateurs habituellement utilisés pour mesurer le développement, afin de voir le progrès à travers la cosmogonie des Africains».

Le RASA se veut aussi une «manière de restaurer la responsabilité des Africains dans leur propre développement».

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com