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Grand Angle

Présidentielles au Mali : Le Maroc a-t-il tiré les leçons de son emballement pour Keïta en 2013 ?

En 2013, le Maroc avait parié à ses dépens sur Ibrahim Boubacar Keïta, alors candidat aux élections présidentielles au Mali. Cinq ans après, tirant les leçons du passé, Rabat a pris ses distances par rapport aux candidats en lice.

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Soumaïla Cissé (g.) et Ibrahim Boubacar (d.) sont les candidats principaux de cette élection / Ph. DR.
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Vingt-quatre heures après les élections présidentielles, les Maliens attendent les premières estimations, notamment le taux de participation. Quant aux résultats officiels, il faut encore s’armer de patience, en attendant leur publication prévue vendredi 3 août.

Entre temps, les partisans des deux principaux candidats revendiquent chacun sa victoire. Ceux du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, annoncent que celui-ci «est largement en tête» et qu’il «est en bonne posture pour assurer sa succession». Dans le camp de Soumaïla Cissé, 68 ans, le même satisfecit est affiché.

Le directeur de campagne du chef de l’opposition affirme qu'à l'instar de 2013, un second tour aura lieu probablement mi-août. Cette perspective ne manque pas d'inquiéter les partisans de Keïta. En effet, ils redoutent que les 22 autres candidats apportent tous leur appuis à Cissé.

«Keïta se déplace dans l'avion du président mauritanien»

Les Maliens ne sont pas les seuls acteurs dans ce scrutin présidentiel, suivi de très près par des Etats de la région, en plus de la France et des Etats-Unis. Mais qu’en est-t-il du Maroc ?

Contacté par Yabiladi, Ali Ansari, le président du Centre Tombouctou des études, estime que «Rabat n’a pas encore arrêté une stratégie d’Etat vis-à-vis du Mali». Pour lui, «nous assistons plutôt à des initiatives qui sont l’œuvre de certains centres de pouvoir et non de l’Etat marocain».

Si durant la présidence de Keïta, les relations entre le Maroc et le Mali ont connu des hauts et des bas, l’expert ne croit pas que l’embellie serait de retour, en cas d’élection de Cissé. «Et pour cause, en 2013, il a été signifié à l’ancien ministre des Finances qu’il était persona non grata au Maroc. En revanche, le tapis rouge avait été déroulé à Ibrahim Boubacar Keïta qui était officiellement invité par l’USFP», explique-t-il. Et d’ajouter qu’«à l’époque, le Maroc avait mis tous ses œufs dans le panier de Keïta mais avec les résultats que l’on connaît maintenant».

«Malgré cette erreur, Rabat a encore une chance de revenir sur la scène malienne. Contrairement à Keïta, Soumaïla Cissé est beaucoup plus porté sur l’économie que sur les questions sécuritaires. C’est un pragmatique. Une qualité qui pourrait le pousser à se rapprocher du royaume et de ses investissements en Afrique.»

Ali Ansari - président du Centre Tombouctou des études

Mais il n’y a pas que le Maroc qui porte un intérêt particulier à ces élections présidentielles au Mali. La Mauritanie et l’Algérie ont clairement choisi de soutenir la candidature de Keïta. «Le chef de l’Etat mauritanien a mis à la disposition du président sortant son avion, au cours de ses déplacements à travers le pays. Ce qui a suscité des grincements de dents dans le camp présidentiel», souligne Ali Ansari.

Article modifié le 2018/07/31 à 21h57

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