Depuis samedi, le profil officiel du site d’information Le Desk a été gelé. Le photographe marocain Achraf Baznani l’a signalé en masse pour violation de droits d’auteur. En cause, un article du Desk qui remonte à 2016 et qui révèle la ressemblance frappante des clichés du photographe marocain avec ceux du Canadien Joel Robison.
Dans de précédentes déclarations à Yabiladi, le directeur de publication du site Le Desk, Ali Amar, nous a expliqué qu’Achraf Baznani avait «menti à Twitter en développant un argument fallacieux, selon lequel Le Desk aurait violé les droits d’auteur de ses photos, mais c’est uniquement dans le but d’effacer le papier qui a révélé son plagiat».
Un «dangereux précédent» de la part de Twitter
Samedi, Ali Amar nous a fait part de son intention d’ester en justice, ce qui se précise ce mercredi sur son site.
«La décision unilatérale imposée aveuglément par Twitter en contradiction flagrante avec l’esprit de ses règles d’adhésion, est de nature à endommager ce lien patiemment construit au fil des ans, déplore le journaliste, dans un article. Par principe, passé le délai imposé de dix jours que s’octroie le réseau social pour répondre, c’est à dire au 20 juillet, nous agirons par toutes les voies légales possibles pour recouvrer nos droits et requérir réparation de Twitter si celui-ci persiste à nous ignorer.»
Pour le directeur de publication du Desk, «cette affaire, symptomatique de la relation asymétrique entre médias et réseaux sociaux, est suffisamment significative pour qu’elle soit considérée comme un dangereux précédent».
De son côté, le photographe canadien plagié a réagi sur le réseau social ce mardi, en exprimant sa déception de voir l’affaire prendre une telle ampleur.
Joel Robinson harcelé par Achraf Baznani
Mardi, le photographe canadien Joel Robison s’est adressé à Achraf Baznani sans le nommer, soulignant qu’il a lui-même été accusé par le Marocain de plagier son travail. «Je ne peux pas dépenser mon énergie à argumenter face à quelqu’un convaincu de ne pas avoir tort», écrit-il sur Twitter. Il explique comment cette succession de faits a impacté son quotidien :
«J’ai essayé de dialoguer, mais cela m’a tellement causé de pression dans ma vie que j’avais même songé à arrêter la photographie, alors que je savais que ce n’est pas le bon choix. Tout ce que je peux faire, c’est de continuer à vivre ma vie par le biais de la création et à travers des ondes positives.»
Le photographe canadien raconte avoir été suivi par son homologue marocain sur tous les réseaux sociaux où il est actif. Plus que cela, le compte apparenté à Achraf Baznani a commencé à suivre ceux des membres de la famille de Joel Robinson, ainsi que de ses amis.
He has continued to try to accuse me of being a plagiarist myself, creating fake websites leading to side by side photos of mine with others that were created after my own. He has targeted people who have spoken about this isssue and I don't believe it will end. /3
— Joel Robison (@boywonderjoel) July 17, 2018
Ce récit corrobore les propos d’Ali Amar, estimant que Baznani pratique une forme de «harcèlement» à l’encontre de tout média ou particulier qui met en avant l’idée d’un plagiat dans son travail artistique. Peu après la publication de l’article du Desk, en 2016, la présence du site sur Facebook a été massivement attaquée par le photographe, qui a même signalé des profils de journalistes de la rédaction.
Cependant, sur sa page officielle, Achraf Baznani reste impassible et dès la sortie d’un article soulevant cette polémique, il s’empresse de publier plus fréquemment des nouvelles sur ses «projets à venir», en plus de contenus élogieux envers son travail. Nous n’avons pas pu le joindre pour l'interroger sur cette triste affaire de censure.