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Grand Angle

Moratoire pour l'arrêt du boycott de Centrale Danone : La FGD au coeur de la tempête

Démissions de Karim Tazi, sanctions à l’encontre de Mohamed Hafid, crise au sein du PSU,… Plusieurs médias ont suivi de près l’impact du fameux moratoire pour Centrale Danone signé par plusieurs personnalités. Yabiladi tente de distinguer le vrai du faux...

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Photo d'illustration. / DR
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Le sujet a été traité de différentes manières par des journaux et sites d’informations. Depuis la sortie du fameux moratoire demandant l’arrêt provisoire du boycott de Centrale Danone, lancé le 20 avril dernier sur la toile et qui concerne deux autres entreprises marocaines, le Parti socialiste unifié (PSU), membre de la Fédération de la gauche démocratique, fait l’objet de plusieurs rumeurs.

Des sources médiatiques rapportent cette semaine que la Bougie vit au rythme d’une crise interne depuis que certains de ses membres ont signé cet appel à l’arrêt provisoire du boycott de Danone. Ce mardi, Le Desk rapporte que «l’initiative du groupe d’acteurs de la société civile mené par Fouad Abdelmoumni appelant à un moratoire en faveur du lait de Danone s’est transformée en crise larvée entre militants de gauche». Le média retrace les coulisses de cet appel affirmant même que tout aurait débuté «au soir du 1er juin, en plein mois de ramadan, à l’occasion d’un ftour improvisé par Karim Tazi» où des figures de gauche, dont Nabila Mounib, les frères Azeddine et Najib Akesbi ou encore le parlementaire Omar Balafrej auraient été conviés.

Encouragés par la sortie médiatique de Emmanuel Faber, président du groupe français Danone, qui s’était rendu au Maroc pour sortir sa filiale marocaine de la crise où elle plonge depuis le lancement du boycott, les lanceurs de cet appel contactent des personnalités pour apporter leurs signatures, mais ils sont surpris de voir des cadres de la FGD imposer un niet ferme et définitif, poursuit Le Desk. 

On connait presque la suite de l’histoire : le PSU aurait demandé à ce que certains de ses membres retirent leurs signatures, débats houleux puis des démissions, comme avancent certains médias. Mais on ne sait pas exactement pourquoi certains ont signé en premier lieu ni les arguments présentés pour convaincre.

Une crise interne a bel et bien eu lieu au sein du PSU

Yabiladi a tenté de contacter ce mardi Karim Tazi, tout comme Nabila Mounib et Mohamed Hafid, mais en vain. Toutefois, une source de l’entourage de l’homme d’affaire et parton de Richbond a accepté, sous couvert d’anonymat, de nous livrer certaines confidences. «Certains journaux ont probablement bénéficié d’informateurs au sein du parti mais beaucoup ont dit n’importe quoi», regrette notre source. Mais elle ne manque pas de souligner surtout le fait que «certains journaux des services ont fait beaucoup d’intox dans leurs politiques de diffamation habituelle au point que cela a rendu très difficile de savoir ce qui est vrai et ce qui est faux dans cette affaire».

«Ce qui est faux, c’est que le PSU ait, à un moment, envisagé de prendre des mesures de sanction contre qui que ce soit. Le parti sait parfaitement que l’appel a été signé par certains de ses membres, mais en leurs noms personnels.»

Source proche de l’entourage de Karim Tazi

Le différend aurait existé entre Mohamed Hafid et Karim Tazi d’un côté, et le parti de l’autre côté, poursuit notre source en rappelant que «ce que la presse n’a pas beaucoup relevé, c’est que cet appel suivait un autre appel qui avait été signé un mois plutôt et dans lequel d’autres membres du PSU avaient signé mais chacun en sa qualité personnelle». Il s’agit, en effet, d’un appel qui exhortait les pouvoirs publics à prendre très au sérieux la question du boycott.

Notre source précise que ce qui dérangeait notamment Mohamed Hafid et Karim Tazi, ce serait le fait que le parti, «quand ça allait dans le sens du boycott» a laissé faire alors que «lorsque le nouvel appel allait dans le sens du maintien du boycott pour deux sociétés et sa suspension provisoire pour dix semaines dans le cas de Centrale, la signature par certains a dérangé».

Une démission du Conseil national mais pas de sanctions !

«Il était clair que le rôle d’un parti de gauche est de ne pas caresser la vague populiste dans le sens du poil mais de défendre des positions raisonnables et sérieuses même si elles doivent mettre en colère les internautes sur Facebook», fait-elle savoir.

«Dans cette position, les signataires ont eu la désagréable surprise de voir que d’abord le parti leur demande de retirer leurs signatures alors qu’ils n’ont pas signé en son nom. Et puis, quand les journaux des services ont commencé leurs attaques diffamatoires, en les accusant d’avoir touché de l’argent de chez Danone, d’être des agents du colonialisme français, le parti n’a absolument rien fait pour l’honneur de ses membres qui ont été diffamés.»

Source de l’entourage de Karim Tazi

Cette dernière reconnait qu’«il y a eu un différend très grave au sein du PSU», ce qui a conduit Karim Tazi à démissionner. Mais elle précise que l’homme d’affaire et patron de Richbond «a fait parvenir à la secrétaire générale du PSU son intention de démissionner du Conseil national mais de rester quand même au sein du PSU comme simple membre». Quant à Mohamed Hafid, l’universitaire n’aurait «ni présenté sa démission ni fait l’objet d’une sanction ou de gel d’adhésion comme affirment certains médias», conclut notre source.

Il semblerait donc que les craintes formulées par certains de ses membres se seraient finalement concrétisées. Le PSU s’est retrouvé fortement impacté par une affaire à laquelle la formation politique de Nabila Mounib a, elle-même, indirectement contribué. Le moratoire constitue une faute politique, comme l’affirment certains, qui coûte et qui coûtera cher au parti tout comme à la Fédération de la gauche démocratique dont il fait partie.

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