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Grand Angle

Maroc-Angola : Le Polisario en passe de perdre un allié historique en Afrique ?

Après les deux rencontres entre le roi Mohammed VI et le président angolais João Lourenço, en novembre 2017 et en avril 2018, le ministre angolais des Affaires étrangères, Manuel Domingos Augusto, était au Maroc jeudi. Cette nouvelle page dans leurs relations bilatérales que les deux pays semblent déterminés à ouvrir fera perdre au Polisario l’un de ses soutiens historiques sur le continent africain. 

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Le roi Mohammed VI et le président angolais João Lourenço, fin novembre dernier à Abidjan. / Ph. DR
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Le Maroc et l’Angola ont relancé jeudi leurs relations bilatérales. Hier à Rabat, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita s'est entretenu avec son homologue angolais, Manuel Domingos Augusto. L’occasion d’examiner les «moyens à même de renforcer les relations entre le Maroc et l'Angola», rapporte l’agence officielle MAP.

Celle-ci rappelle que les entretiens entre les deux chefs de la diplomatie interviennent après les deux rencontres historiques entre le roi Mohammed VI et le président João Lourenço, à Abidjan et Brazzaville. Des rencontres ayant ouvert des «perspectives d'envergure pour les relations maroco-angolaises».

Lors d’un point de presse conjoint, le ministre angolais a déclaré que l'Angola souhaite consolider ses relations avec le Maroc et bénéficier de l'expertise qu'il a accumulée dans plusieurs secteurs, particulièrement celui du tourisme. De son côté, Nasser Bourita a souligné que «des échéances bilatérales de grande importance pour les deux pays sont en cours de préparation».

Cette relance des relations bilatérales, qui intervient près d’un demi-siècle de froid diplomatique entre Rabat et Luanda, a démarré en novembre dernier. En marge des travaux du 5e Sommet Union africaine-Union européenne, le roi Mohammed VI avait reçu à Abidjan João Lourenço, président de l’Angola.

Une audience qui s'était déroulée en présence, du côté marocain, du conseiller royal, Fouad Ali El Himma et du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita. Manuel Domingos Augusto, chef de la diplomatie angolaise, avait aussi pris part à cette rencontre, tout comme le directeur du cabinet du président angolais, Edeltrudes Costa. 

Le Polisario conscient d’avoir perdu la bataille

Les deux chefs d’Etat se rencontreront une deuxième fois à Brazzaville. En marge des travaux du Premier sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la Commission climat et du Fonds bleu du Bassin du Congo, le souverain a reçu, le 29 avril dernier, le président angolais.

João Lourenço avait prêté serment le 26 septembre 2017 pour devenir, à 63 ans, président de la République d’Angola, succédant à José Eduardo dos Santos, 38 ans à la tête de ce pays du sud-ouest du continent africain. L’Angola, sous la présidence de ce dernier, avait exercé une opposition farouche contre l’intégration du Maroc à l’Union africaine.

Mais depuis l’arrivée de ce nouveau président, tout semble changer en faveur du Maroc. Après une première, puis une deuxième rencontre, le Front Polisario a réalisé qu'il était en passe de perdre un allié stratégique en Afrique. C’est d’ailleurs la raison principale qui a poussé Mohamed Salem Ould Salek, «ministre des Affaires étrangères» du Front Polisario, à se rendre à Luanda, capitale de l’Angola, le 16 juin dernier au lendemain de la rencontre entre le roi Mohammed VI et João Lourenço.

Considéré auparavant comme un soutien du Front Polisario, Luanda reconnaît toujours la «RASD». Mais depuis le changement effectué à la tête du pays, ce grand producteur de pétrole semble prendre ses distances avec les proches de Brahim Ghali. Preuve en est que l’émissaire de ce dernier n’a pas bénéficié d’un traitement de faveur et s'est contenté d’une audience avec le chef de la diplomatie angolaise, au lieu de rencontrer le président. Il semblerait donc que Rabat et Luanda ouvrent une nouvelle page des différents volets de leur coopération diplomatique, au grand dam du Polisario et de ses soutiens historiques en Afrique. Reste à savoir si l’Angola compte retirer sa reconnaissance de la «RASD».

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