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Grand Angle  

Arfoud : Hannsjörg Voth, l’artiste allemand qui voulait relier la terre au ciel

Au beau lieu du désert marocain se trouve un joyau de l’architecture, des grandes œuvres de l’humanité, construites par celui que l’on surnomme «l’allemand». Il s’agit de l’artiste Hannsjörg Voth ayant vécu dans le sud du Maroc et où il a conçu ses œuvres les plus magistrales.

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Le Himmelstreppe de Hannsjörg Voth, près d'Arfoud ./Ph. Marion Tabeaud - Le goût d’ailleurs
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Nous sommes dans la plaine de Marha, entre Goulmima et Arfoud. Il y a plus de 20 ans, l’architecte allemand Hannsjörg Voth parcourait le désert à bord d’un 4x4. Si son plan de départ n’a pas été de s’installer au Maroc, il tombera sous le charme de la région, y trouvant le cadre dont il rêvait depuis très longtemps pour ses constructions. 

En effet, l’artiste rêvait de s’installer en Espagne ou encore en Egypte. Finalement, c’est à Arfoud que ce fils d’architecte, né le 6 février 1940 à Bad Harzburg, passera le restant de ses jours, perfectionnant ainsi son style dit «Land Art» qu’il a développé.

S’enfoncer dans le désert

Si son œuvre la plus célèbre n’est autre que la «Cité d’Orion», son premier projet sera le Himmelstreppe (L’escalier vers le ciel), conçu, autofinancé et construit par Voth entre 1980 et 1987.

Cet escalier de 16 mètres et 56 marches, qui se dresse au beau milieu du désert, mènerait vers les étoiles. Dans son obsession pour l’astrophysique, Voth rétrécira les parois latérales du plus haut de la tour, laissant ainsi une fente verticale au milieu, de sorte que le bâtiment ressemble à une installation pour l’observation des phénomènes célestes.

Himmelstreppe de Hannsjörg Voth./Ph.DRHimmelstreppe de Hannsjörg Voth./Ph. Daniel TABEAUD - Le goût d’ailleurs

De plus, cet impressionnant bâtiment recèle bien plus de secrets. Du haut de la tour, il est possible de se glisser à l’intérieur de ces escaliers, pour accéder aux différentes pièces situées à l’intérieur de la structure.

Toujours dans cette obsession pour l’astrophysique, Hannsjörg Voth fera construire son projet le plus mystérieux, la «Goldene Spirale» (la spirale d’or). Vu du ciel, cette œuvre ressemble étrangement à la carapace d’un escargot. C’est d’ailleurs pour cette raison que le monument est souvent appelé l'escargot. 

Construite entre 1993 et 1997, cette spirale est un mur de plus de 260 mètres, qui commence au niveau du sol et atteint les six mètres de hauteur. Une rampe de pierre conduit au sommet de l’édifice. A l’image du Himmelstreppe, il est possible de s’introduire au cœur de ce monument. Ainsi, cents marches plus bas, les visiteurs s’enfoncent dans un puits.   

Goldene Spirale de Hannsjörg Voth./Ph.DRGoldene Spirale de Hannsjörg Voth./Ph. Marion TABEAUD - Le goût d’ailleurs

Relier la terre au ciel

Cependant, le monde céleste ne sera pas son unique inspiration au Maroc. Dans ses œuvres, Hannsjörg Voth s’inspire des traditions locales, de la culture et des paysages. Malgré le fait que ses constructions soient purement artistiques, il réussit à convaincre les artisans locaux à se joindre au projet, en incorporant ainsi les techniques de construction et les compétences locales.

Son ultime œuvre -la plus importante- divulgue l’intérêt de l’artiste à intégrer la dimension symbolique et mythique dans son travail. «La Cité d’Orion» symbolise en effet la constellation d’Orion, l’une des plus importantes dans l’hémisphère nord de la planète. Construite entre 1998 et achevée en 2003, cet observatoire céleste est composé de sept tours, à l’image des sept étoiles les plus visibles de la constellation. Les dispositions de ces tours ne sont pas anodines : leurs dimensions auraient été calculées au prorata de la taille et de l’éclat des étoiles.

Par ailleurs, l’une des plus hautes tours contient également des marches menant vers un puits. Ces nombreuses similitudes dans ses travaux seraient un moyen de concrétiser son rêve de relier la terre au ciel. Un rêve qu’il a réalisé dans le désert marocain, où il a vécu plus d’une vingtaine d’année.

Hannsjörg Voth côtoie durant ses années les autochtones pour qui il léguera ce beau patrimoine, considéré comme l’une des œuvres les plus remarquables de l’humanité. De nos jours, la population locale s’est appropriée les lieux qu’elle maintient intactes et qu’elle fait découvrir et redécouvrir aux touristes venus du monde entier.

Article modifié le 04/02/2019 à 09h36

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