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Grand Angle

Maroc : Le plafonnement des prix des carburants attend toujours sur le bureau d’El Othmani

Promise depuis la sortie du rapport de la mission parlementaire d’information sur les prix des carburants au Maroc au lendemain de l’entrée en vigueur de la décompensation, la formule du cabinet El Othmani pour un plafonnement des prix de ces produits attend toujours sa signature.

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Photo d'illustration. / DR
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La proposition du gouvernement de Saâdeddine El Othmani de procéder au plafonnement des prix des carburants au Maroc doit être «signée à tout moment (…) et promulguée cette année». C’est ce qu’a déclaré mercredi le ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé des Affaires générales et de la gouvernance.

Lahcen Daoudi, qui s’exprimait dans une brève déclaration accordée au correspondant du média américain Bloomberg, a indiqué que l’ajustement des prix des carburants durera de six à douze mois.

Intitulé «Le Maroc se rapproche du plafonnement des prix des carburants pour freiner la colère de la rue», l’article de Bloomberg rapporte que la nouvelle formule concoctée par l’exécutif, qui doit encore être approuvée par son chef, «permet au gouvernement d’ajuster les prix des carburants tous les 15 jours». «Mais c’est à l’exécutif de trancher, maintenant que le dossier est entre ses mains suite à l’annonce, par Lahcen Daoudi, de sa volonté de mettre fin à ses fonctions de ministre délégué chargé des Affaires générales», poursuit le média américain.

Les spéculations sur la réforme vont bon train

Lahcen Daoudi a rappelé que «le gouvernement peut imposer des mesures temporaires pour contrer les fluctuations excessives des prix provoquées par des mesures extraordinaires». Il promet aussi qu’«un dialogue constant sera maintenu» avec les distributeurs via le Groupement des pétroliers du Maroc.

Un opérateur, cité mercredi par nos confrères de Médias 24, déclare pourtant que «le gouvernement n’est plus entré en contact avec les distributeurs depuis début juin». Le site d’information confirme l’information de Bloomberg, indiquant que «la proposition de Daoudi consiste à revenir pendant une période transitoire à l’ancienne formule de fixation des prix, tous les quinze jours, le temps de négocier une nouvelle formule avec les opérateurs».

Il estime toutefois que face au silence du gouvernement, «les spéculations se multiplient», entre ceux qui évoquent un «plafonnement des prix», certains qui parlent de plafonnement «des marges» et d’autres qui avancent «l’indexation sur l’évolution des cours à l’international».

Intervenant devant la Chambre des conseillers, Aziz Rabbah, ministre de l’Energie et des mines avait reconnu, le 22 mai dernier, des «dysfonctionnements» dans la politique de libéralisation précipitée des produits pétroliers, une décompensation ayant été menée par le cabinet Benkirane, entrée en vigueur depuis le 1er décembre 2015. Il avait promis une loi devant réguler les bénéfices des sociétés de distribution des produits pétroliers opérant au Maroc.

Réactions après le scandale

Les groupes et groupements parlementaires à la Chambre des représentants avaient quant à eux souligné la nécessité d’établir des mesures de plafonnement des prix des carburants et d’évaluer l’efficacité de la politique de libéralisation du secteur des hydrocarbures.

Lors d’une réunion de la commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants, tenue mardi 15 mai, les élus avaient également insisté sur la nécessité de mettre en œuvre la loi sur la protection du consommateur marocain et l’activation du Conseil de la concurrence, mort-né.

Des réactions qui interviennent au lendemain de la présentation du rapport de la Mission parlementaire d’information, conduite par les députés et chapeautée par Abdellah Bouanou, président de la commission des finances et du développement économique à la Chambre basse.

Au cœur de la polémique à la veille de sa présentation, le rapport reconnaît que les entreprises pétrolières opérant au Maroc ont réalisé des marges importantes depuis l’entrée en vigueur de la décompensation. «Leurs marges se sont multipliées par trois, passant de 300 millions à 900 millions de dirhams pour certaines sociétés. Rien qu’entre 2015 et 2016, soit en un an, ces marges ont explosé», avait estimé Abdellah Bouanou. «L’Etat a gagné, les entreprises ont gagné, mais le citoyen a été massacré par la hausse des prix.»

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