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Interview

Huelva Gate : Les parlementaires unanimes sur la nécessité d’une mission d’information

Alors que les plaintes déposées par des saisonnières marocaines contre leurs employeurs espagnols sont toujours devant la justice espagnole, au Maroc, la mission parlementaire d’information proposée par les députés n’a pas encore vu le jour. Saida Ait Bouali, présidente de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants revient avec Yabiladi sur les deux précédentes réunions de cette commission.

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Photo d'illustration. / DR
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Des informations indiquent que certains députés auraient refusé de voter pour la constitution d’une mission d’information concernant le Huelva Gate. Cette mission aura-t-elle finalement lieu ou pas ?

Le bureau de la commission a discuté (lundi, ndlr) cette proposition et aucun député ne s’est opposé à la mise en place d’une mission d’information sur le dossier des saisonnières marocaines à Huelva. Nous, en tant que députés, avons suivi les procédures et nous avons donc adressé la proposition au bureau de la présidence de la Chambre des représentants. C’est lui qui doit trancher et expliquer sa décision.

Plusieurs fausses informations ont circulé depuis l’éclatement de cette affaire, notamment sur les discussions de cette question à la Chambre basse. Moi, en tant que présidente de la Commission, je le dis et je le répète : la proposition de constituer une mission d’information pour le dossier des Marocaines à Huelva a été votée à l’unanimité par les membres et c’est la présidence de la Chambre des représentants qui doit rendre sa décision.

En tant que représentante du peuple au Parlement, que dites-vous à des Marocaines qui attendent la décision de la justice espagnole mais qui n’ont pas reçu le soutien des autorités marocaines ?

Premièrement, toute femme ayant subi un harcèlement, doit impérativement le dénoncer. En Espagne, il y a une forte société civile, des syndicats, des associations, la police espagnole. Elles doivent donc dénoncer. Deuxièmement, je leur rappelle que cela rentre dans la responsabilité de l’Etat , à travers notamment ses représentations à l’étranger, de protéger les droits de ses citoyens. Cela a été dit lors de la réunion de la commission la semaine dernière.

Lors de la commission, le ministre (Mohamed Yatim, ndlr) a reconnu l’existence de cas. En tant que parlementaires, nous ne connaissons toujours pas le nombre de plaintes déposées par ces Marocaines, mais nous dénonçons et nous soutenons ces citoyennes marocaines.

Saida Ait Bouali est la présidente de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants. / Ph. DRSaida Ait Bouali est la présidente de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants. / Ph. DR

Quelles seront les objectifs de cette mission parlementaire d’information ?

Normalement, une mission d’information entame ses missions suivant une feuille de route déterminante où le lieu, le temps et les différentes démarches sont indiquées. Elle élabore ensuite un rapport, voté en Commission puis présenté au bureau de la Chambre des représentants. Donc si la mission d’information est constituée, la presse aura accès à ce rapport. Nous sommes disposés à communiquer aux médias ces informations puisque le sujet concerne des citoyennes marocaines et l’opinion publique.

Pourquoi, selon vous, avons-nous eu droit à des démentis de la part du ministère de tutelle avant que le ministre ne reconnaisse ces cas ?

Il faut prendre en compte le fait que cette question sensible touche aussi d’autres Marocaines. Il y a certaines femmes marocaines, mariées et avec des enfants, qui n’ont pas subi ces harcèlements et lorsque nous généralisons, en affirmant à tort que cela concerne toutes les saisonnières marocaines à Huelva, cela crée des problèmes au sein des familles ici au Maroc. Il y a donc eu une décision unanime, avec le gouvernement, de reconnaître l’existence de certains cas. Ce que le gouvernement précise, citant des sources sur place, c’est que cette polémique n’est pas générale. En plus de cela, les médias ne se sont pas intéressés à ce qui a été proposé.

Mais en tant que députés, que proposez-vous pour protéger ces saisonnières marocaines ?

Nous avons proposé à ce que des femmes accompagnent ces saisonnières au lieu de dépêcher des hommes, parce que le dialogue entre deux femmes est toujours plus facile. Il est difficile qu’une femme confie à un homme qu’elle a subi des harcèlements.

Les députés ont souligné la nécessité d'un suivi au lieu d’envoyer ces femmes en Espagne et les laisser livrées à elles-mêmes. Ils ont insisté sur ce mécanisme pour suivre de près le respect des contrats de travail.  Troisièmement, pour chaque jour travaillé, il faut que la saisonnière perçoive son salaire, parce qu’il s’agit d’un revenu et une rémunération destinée à des femmes marginalisées qui travaillent pour subvenir aux besoins de leurs familles. Il faut le dire clairement, il n’y a pas de honte à aller travailler à l’étranger pour cela, mais il y a des dysfonctionnements dans l’accompagnement et les mesures prises pour suivre ce dossier et qui devaient garantir le droit de ces femmes marocaines.

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