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Grand Angle

En pleine tempête financière, le secteur bancaire marocain résiste

Les résultats d’Attijariwafa Bank, au premier semestre 2011, avec un résultat net consolidé en croissance de 16,4%, sont à l’image du secteur bancaire marocain dont la taille dépasse à présent les 120% du PIB. Il continue à jouer son rôle de financement de l’économie dans un contexte international difficile dont il est partiellement protégé par le peu de connexions qu’il entretient avec les marchés financiers internationaux.

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Attijariwafa bank a annoncé triomphalement, mardi 16 août, un résultat net consolidé en augmentation de 16,4% en un an, de juin 2010 à juin 2011. Elle est la première banque marocaine à avoir rendu public ses résultats du premier semestre. Ils font échos aux conclusions du rapport préliminaire des consultations du FMI réalisées entre le 7 et le 19 juillet. «Le secteur bancaire a atteint une taille importante, dépassant 120% du PIB, soutenu par les dépôts des Marocains résidant à l’étranger et la constitution de réseaux bancaires en Afrique par les banques marocaines», détaille le rapport préliminaire.

Si c’est la filiale Wafa Assurance de Attijariwafa bank qui a porté, à elle seule, une grande partie de la croissance des résultats enregistrés par le groupe, la filiale bancaire du groupe assure encore 59% du résultat net part du groupe, qui est, lui, en hausse de 15,2% entre juin 2010 et juin 2011. La résistance d’Attijariwafa à la crise n’est pas un cas isolé au Maroc.

Depuis juin 2010, les dépôts clientèles de liquidités ont augmenté de 5,9% dans l’ensemble du secteur bancaire marocain. Le crédit à l’économie, c'est-à-dire le financement des investissements des entreprises et des achats des particuliers, par les banques, a, pour sa part, progressé de 7,4% en 2010, selon le rapport préliminaire du FMI. Cette augmentation a ralenti pendant les 5 premiers mois de l’année, mais les projections du FMI prévoient une croissance sur l’ensemble de l’année 2011 de 6,2%.

L'importance des fonds propres

Ces indicateurs, globalement positifs, s’expliquent notamment par «la politique de renforcement des fonds propres de base [...] Le ratio de solvabilité du système s’établit à 12,3% à fin 2010, en augmentation par rapport à 11,8% en 2009, et les créances douteuses ont continué leur tendance à la baisse passant de 6,1% du total des crédits en 2008 à 4,8% en 2010», explique le FMI. En atteignant 28,4 milliards de DH, les fonds propres d’Attijariwafa bank par exemple, ont augmenté de 10% depuis juin 2010. Le FMI insiste, toutefois, sur la nécessité pour les banques de ne pas relâcher leurs efforts sur ce point.

Une autre dimension, déjà évoquée lors de la crise financière de 2008, explique la résistance des banques marocaines : le secteur dépend principalement de ressources locales. Marché financier marocain et marchés financiers internationaux sont relativement peu connectés. Des liens entre les banques marocaines et étrangères existent, toutefois, par le biais des groupes internationaux. Ainsi, la BMCI, le Crédit du Maroc et la Société Générale sont les filiales de trois banques françaises -respectivement BNP Paribas, le Crédit Agricole et la Société Générale - qui ont reçu de plein fouet la chute des cours la semaine dernière.

Afrique : Talon d'achille ou levier de croissance ?

Mais les banques marocaines ne sont pas seulement cantonnées au marché local. Par exemple, la Banque Populaire et Attijariwafa Bank ont créé leur filiale en Europe afin de servir la clientèle marocaine résidant à l'étranger directement dans leur pays de résidence. La plus grande conquête reste, toutefois, le continent africain où les trois plus grandes banques marocaines ont créé des filiales dans plusieurs pays. Ainsi, Attijariwafa Bank (AWB), Groupe Banque Populaire (GBP) et BMCE ont réalisé de nombreuses acquisitions au Maghreb et en Afrique subsaharienne. On aurait pu penser que cette ouverture sur le continent constituait un risque compte tenu de l'instabilité politique, mais Mohamed El Kettani, PDG d'AWB, s'est montré rassurant lors de la présentation des résultats semestriels du groupe. Malgré la fermeture des agences de la filiale AWB en Côte d'Ivoire pendant les violences, et les tensions économiques suites à la révolution tunisienne, les résultats sont restés bien orientés. 

Si les banques marocaines veulent rester confiantes dans leur présence au niveau du continent, leur stratégie d'expansion africaine pourrait être ralentie afin de mieux «digérer» les nombreuses acquisitions des dernières années.

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