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Grand Angle

Une naissance dans la douleur pour le Conseil national de la presse au Maroc

Les journalistes marocains éliront ce vendredi les membres du très attendu Conseil national de la presse. Des élections qui se déroulent sur fond de discordes, après le retrait de deux listes et l’appel au boycott lancé dès jeudi.

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Photo d'illustration. / DR
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Ce vendredi, les journalistes marocains disposant de cartes de presse se dirigent vers les urnes pour élire leur très attendu Conseil national de la presse (CNP). Une élection qui intervient sur fond de boycott et de guerres intestines au sein du «quatrième pouvoir». Jeudi soir, quelques heures avant la fin de la campagne, deux des trois listes ont annoncé leur retrait de la course.

Des élections sans «Le Changement» et «Fidélité et responsabilité»

Dans un communiqué de presse relayé par la MAP, les listes «Le Changement» et «Fidélité et responsabilité» précisent que la décision de boycotter les élections du CNP est fondée, entre autres, sur les «dysfonctionnements entachant le mode de scrutin et sur l’exclusion de nombreux journalistes, les jeunes en particulier».

Lors d’une conférence de presse, les candidats des deux listes ont affirmé que le boycott s’explique aussi par le fait que «ces élections se déroulent d’une manière inéquitable, aussi bien sur le plan matériel que moral, en l’absence totale d’un code expliquant et détaillant la procédure électorale». L’occasion pour les têtes de listes de fustiger chacun plusieurs points, dont le mode de scrutin.

«La décision du boycott intervient sur fond des conditions exceptionnelles marquant ces élections et du mode de scrutin non-démocratique qui exclut de nombreux jeunes et favorise les concurrents», déclare Ali Bouzerda, tête de liste «Le changement» au micro de la MAP. L’ancien directeur général de la MAP évoque «les irrégularités qu'a connues l’opération de préparation portant notamment sur l’adoption de la carte de presse professionnelle de 2017 pour participer au scrutin, excluant ainsi les journalistes détenteurs de la carte de presse de 2018 de toute participation».

Pour sa part, Abdessamad Benchrif, directeur de la chaîne publique Al Maghribiya et tête de liste «Fidélité et responsabilité», pointe une série d’«irrégularités et de lacunes ayant entaché ce processus, aussi bien au niveau juridique et procédurale qu’au niveau de la définition des critères». Il cite notamment la question de la liste fermée, «non démocratique, inconstitutionnelle et non réglementaire».

Les deux listes rejettent fermement, dans un communiqué conjoint, «les pratiques de la commission de supervision, à savoir l’adoption du système de scrutin de liste fermée, l’exigence de 15 ans d’ancienneté comme critère pour déposer sa candidature à ces élections et l’exclusion des journalistes accrédités au Maroc et ceux travaillant dans des supports médiatiques internationaux et autres».

La liste du SNPM soutenue par le FMJJ

Pour le moment, seule la liste «Liberté, professionnalisme, intégrité» conduite par le journaliste de la deuxième chaîne nationale, Hamid Saadni, se présente aux élections et n’a plus de liste concurrente. Sauf surprise, ce sont Abdellah Bakkali, Younes Moujahid, Abdelkader Hajjaji, Mokhtar Ammari, Miriem Ouadghiri et Rabia Malak qui siègeront, aux côtés de Saadni, au nouveau conseil.

Dans un communiqué relayé jeudi, le Syndicat national de presse marocaine (SNPM), ainsi que la Fédération nationale de la presse, de l’information et de la communication, ont appelé tous les professionnels détenant la carte professionnelle de 2017, à une participation «massive» aux élections de ce vendredi.

Les deux syndicats estiment aussi que la participation des professionnels du secteur sera une preuve pour faire face au processus d’«obstruction intenté par certaines parties» pour en finir avec cet «acquis national important qui constitue un tournant décisif dans l’histoire de la profession».

La liste présentée conjointement entre les deux syndicats avait reçu, samedi 9 juin, le soutien du Forum marocain des jeunes journalistes (FMJJ), réuni en conclave à Rabat. Ce même FMJJ avait dénoncé, depuis sa création, «le blackout et l’exclusion qui entourent la mise en place du futur Conseil national de la presse».

Une composition critiquée par les journalistes

Le 24 mai dernier, la commission de supervision de l’opération d’élection des membres du CNP avait validé les candidatures de 37 journalistes pour siéger au CNP pour les quatre prochaines années. Parmi eux, 16 sont candidats pour les 7 postes réservés aux éditeurs de journaux, alors que 21 candidats se présentaient pour les sièges réservés aux journalistes professionnels, au nombre de 7.

Le conseil est en effet composé de 21 membres. Sept représentent les éditeurs, 7 membres seulement sont élus parmi les journalistes professionnels alors que 7 autres membres sont issus de plusieurs horizons : le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, le CNDH, l’Association des ordres des avocats, l’Union des écrivains du Maroc…

Au départ, 2 450 journalistes étaient attendus pour le rendez-vous de ce vendredi, majoritairement présents dans les régions Rabat-Kénitra et Casablanca-Settat, même si plusieurs hommes et femmes des médias, à l’instar de ceux de la MAP ayant appelé, jeudi, au boycott suite au rejet d’une plainte déposée auprès du tribunal administratif de Rabat contre les élections de ce vendredi.

Pour rappel, le CNP est censé, dès sa mise en place, veiller au professionnalisme et à la déontologie du métier de journaliste au Maroc. C’est ce même conseil qui se chargera d’attribuer les cartes de presse aux professionnels et établira un mécanisme de co-régulation du secteur médiatique marocain. 

Article modifié le 2018/06/22 à 16h47

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