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Grand Angle

Libertés individuelles : Ayouch revient sur l’interdiction du colloque international du CDL

Au cœur de l’actualité nationale, une semaine avant son organisation, le Colloque international «Liberté individuelle à l’ère de l’Etat de droit», prévu ces vendredi et samedi à Casablanca, n’aura finalement pas lieu. Une décision «condamnable» et «regrettable» selon le président du Collectif démocratie et liberté.

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Noureddine Ayouch, président du Collectif démocratie et libertés. / Ph. DR
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Dans un communiqué diffusé le 20 juin, le Collectif démocratie et libertés (CDL) annonce l’annulation de son colloque international intitulé «Liberté individuelle à l’ère de l’Etat de droit». Depuis son annonce, la rencontre a été au cœur d’une polémique sur le lieu où elle devait se tenir et la nature des sujets sur lesquels elle comptait débattre. Prévu initialement les 22 et 23 juin à Casablanca pour aborder l'épineuse question des libertés individuelles, la rencontre a été «interdite par les autorités» de la capitale économique.

Une interdiction pour «non respect des procédures» ?

Contacté par Yabiladi ce jeudi, Noureddine Ayouch, qui préside le CDL, revient sur cette décision. «Si je le savais, je vous le dirais», nous répond-t-il lorsqu'il s'agit de connaître les raisons de cette interdiction. «Ils l’ont interdit parce qu’ils ne voulaient pas que ça se passe. Les autorités sont contre, malgré le fait que les procédures ont été respectées contrairement à ce qu’elles ont avancé», enchaîne-t-il.

«C’est le droit des autorités d’interdire le colloque. C’est condamnable, regrettable et scandaleux. Nous condamnons cela en tant que collectif mais nous allons continuer à nous battre. Nous espérons que ce pays avance un jour dans les libertés individuelles et que les gens comprennent que ce sont des libertés très chères aux citoyens et que le Maroc ne peut pas progresser, aller de l’avant et se moderniser sans que ces libertés ne soient établies.»

Noureddine Ayouch, président du Collectif démocratie et libertés

Noureddine Ayouch estime également que l’interdiction est «un pas en arrière». «On ne comprend pas et je ne vous le cache pas», s’indigne notre interlocuteur selon qui, «malheureusement, certaines parties n’ont pas eu le courage de venir débattre avec des experts forts venant de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Irak et du Maroc ainsi que de grands penseurs». Pour lui, les membres du collectif ne sont «ni des révolutionnaires ni des fauteurs de troubles». «On voulait un débat national, académique et en même temps concret pour montrer que le Maroc pouvait avancer et que la Constitution a obtenu des avancées», explique-t-il.

S’agit-il d’une «victoire des courants conservateurs» comme l’avancent certains ? «Si c’est une victoire, elle est provisoire», rétorque-t-il en avançant que le Maroc «ne peut pas accepter cela». «Si les conservateurs croient que c’est une victoire, ils se leurrent parce que l’avenir appartient à une société de progrès et de modernité et le Maroc est condamné à aller de l’avant», poursuit-il.

«Je ne pense pas que nous allons rétrograder ni aller vers l’interdiction des libertés individuelles parce que cela serait très grave, ce serait la fin de ce pays et je ne le crois pas. Je crois en ce pays et au fait que la société toute entière veut que les choses changent. Nous allons nous battre pour que ça change.»

Noureddine Ayouch

Le CDL luttera «autrement», promet son président

Le président du Collectif démocratie et libertés déclare aussi que le «combat» va se poursuivre. «Nous allons ressortir tout cela autrement. Nous n’allons peut-être pas aborder tous les sujets en même temps», nous lance-t-il, avant de reconnaître que le CDL était «trop ambitieux en pensant que ça allait passer comme une lettre à la poste». «Nous nous sommes trompés mais nous allons nous battre autrement et nous allons le faire toujours dans le respect dans la légalité», conclut-il.

Pour rappel, le colloque international  «Liberté individuelle à l’ère de l’Etat de droit» a été au cœur d’une polémique née suite à la parution d’articles de presse et de réactions sur les réseaux sociaux. Quelques jours avant le début des travaux, la rencontre a été dénoncée par certains, soutenue par d’autres. Elle a même fait couler beaucoup d’encre, suite aux réactions ayant poussé la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al-Saoud à Casablanca à démentir les informations selon lesquelles elle accueillera ce colloque. Certains politiques, invités à la rencontre, se seraient désengagés.

Le calendrier du colloque proposait pourtant une programmation riche touchant plusieurs domaines, comme la liberté de conscience, les droits des minorités religieuses au Maroc, le droit à l’héritage et le droit de disposer de son corps (avortement, rapports hors mariage, homosexualité, etc.). Une rencontre devait connaître la participation de plusieurs personnalités marocaines et étrangères, dont Driss Hani, Jaouad Mabrouki, Nouzha Guessous, Omar Balafrej, Aicha Ech-Chena, Nouzha Skalli et Mohamed Sassi.

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