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Grand Angle

Huelva Gate : Nouveau témoignage du calvaire d’une saisonnière marocaine

Cela fait un mois que la première plainte pour agression sexuelle a été déposée par une saisonnière marocaine à Huelva. Désormais, c’est plus d’une centaine de plaintes qui sont évoquées. Une mère de deux enfants et enceinte de sept mois, s’est confiée au quotidien espagnol El País.

Publié
./Ph.DR
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Le tabou a été brisé en Espagne, les syndicats osent en parler, la presse et même les saisonnières se confient. Vendredi 8 juin, le Syndicat des travailleurs d’Andalousie (SAT) avait fait savoir à Yabiladi, que 10 femmes se sont enfuies et sont actuellement cachées. Agées entre 18 et 45 ans, des mères, des filles, des veuves, pour la plupart analphabètes et de milieu modeste.

José Antonio, porte-parole du SAT, nous avait confié qu’elles avaient peur. En effet, deux d’entre elles ont déposé cette semaine, une plainte au nom de 130 saisonnières victimes présumées de viol. Le quotidien El País a pu rencontrer ces femmes, et livre quelques témoignages poignants ce dimanche.

Aicha, mère de deux enfants et enceinte de sept mois, raconte comment elle a été abusée par son patron. Il entrait sans autorisation dans sa chambre, lui prenait le bras et essayait de toucher ses parties génitales, raconte-t-elle.

Un autre jour, alors qu’elle se dirigeait vers la douche, le même homme la suit. Le repoussant, et ne parlant pas la langue, elle lui fait comprendre par ses gestes qu’elle était enceinte et mariée. Il a répondu par des gestes de «lui faire une fellation ou pratiquer le sexe anal». Par honte, elle ne donnera pas ces détails à la police, chose qu’elle regrette maintenant.

Crainte d'affronter sa famille 

Gênée parce qu’elle pensait à sa famille au Maroc. Elle a laissé derrière elle, un mari, des enfants dont un qui doit subir une opération très coûteuse. Cependant, cette mère dit avoir peur de retourner dans son pays, car l’affaire a pris de l’ampleur et sa famille en a entendu parler. «Maintenant, je ne peux pas y retourner parce que ma famille et mon mari vont me tuer. J'ai très peur». De plus, son mari l’aurait reconnue sur les photos, elle a nié en bloc, car «tout ce qu’(elle) veut, c'est que la vérité soit faite», afin de «retrouver sa dignité».

Le quotidien précise que la justice espagnole a réouvert des dossiers datant de 2015. Le procureur général de Huelva, Luis Fernández Arévalo, a fait savoir que «les premières plaintes [...] semblaient sérieuses. Les femmes n'ont pas osé témoigner et la police et la garde civile ont dû aller les localiser».

Par ailleurs, n’ayant pas répondu à plusieurs requêtes, Mohamed Yatim, le ministre du Travail marocain a été interpellé publiquement dans le cadre de cette affaire, par le directeur de publication du portail d’information Yabiladi.

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