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Grand Angle

Maroc : Après un long blackout, le ministère de la Communication publie les subventions à la presse

La liste des subventions publiques à la presse était semble-t-il perdue dans les couloirs du ministère de la Communication. Plus aucune publication sur le site du ministère n'a été faite depuis celle de 2012. Suite à une réclamation sur le site Chikaya.ma effectuée par Yabiladi, celle de 2016 est enfin en ligne. 

Publié
Ph. DR.
Temps de lecture: 3'

Jusqu’en 2015, les aides de l’Etat ont été accordées dans le cadre du contrat programme pour la modernisation des entreprises de presse écrite (papier). Elles sont ainsi été octroyées aux sociétés éditrices de la presse nationale, régionale et pluraliste. A partir de cette année-là, le soutien a été étendu à la presse électronique.

Les chiffres publiés par le ministère de la Culture et de la communication indiquent une certaine stabilité entre 2011 et 2012, avec l’octroi d’aides plus ou moins égales entre une soixantaine de publications. En 2016, la valeur des subventions a connu de légers changements, avec des hausses et des baisses selon le support.

Une subvention vitale pour une presse papier en crise

Ainsi, Al Ahdath Al Maghribia qui a touché 2 millions de dirhams en 2011 et en 2012 en a reçu 1,7 en 2016. Cette tendance à la baisse est observée également au niveau du quotidien L’Economiste (de 2,6 MDH en 2011 et en 2012 à 1,8 en 2016), de même qu’à Aujourd’hui Le Maroc (de 1,4 MDH en 2011 et en 2012 à 1,2 en 2016).

Une légère hausse a cependant été observée au niveau de l’appui financier octroyé au quotidien Le Matin, qui a touché 2 MDH en 2011 et en 2012, puis 2,4 en 2016. La tendance est valable pour le quotidien Assabah, dont l’aide est passée de 2 MDH à 2,2, pour l’hebdomadaire L’Observateur du Maroc (400 000 DH en 2011, 700 000 en 2012 et 1 MDH en 2016), ou encore pour TelQuel (1,4 MDH en 2011 et en 2012, pour 1,6 en 2016).

Source : Ministère de la Culture et de la communicationSource : Ministère de la Culture et de la communication

Au total, près de 43 665 000 DH ont bénéficié en 2011 à 54 supports de presse nationale, régionale et pluraliste. En 2012, près de 49 965 000 ont appuyé 71 supports. Quatre ans plus tard, près de 54 966 015 DH ont été alloué à l’appui de 69 publications. Une hausse en budget mais une baisse en nombre, liée notamment à la disparition de certains titres de la presse papier, un secteur en crise profonde depuis quelques années. 

En 2016, des aides de 2,475 MDH ont été consacrées à la presse électronique, permettant à sept supports (cinq arabophones et deux francophones) de bénéficier de fonds publics.

Source : Ministère de la Culture et de la communicationSource : Ministère de la Culture et de la communication

Evolution de législation de l’aide à la presse

Il faut savoir que la situation actuelle de cette subvention est l’aboutissement de plusieurs changements législatifs. En effet, l’aide de l’Etat à la presse marocaine a été instituée dans le cadre des réformes du secteur de l’information et de la communication de 2005. Après avoir concerné exclusivement les publications partisanes, sa généralisation s’est faite dans le cadre de la modernisation des métiers de la presse écrite.

Dans ce sens, les premières Assises Nationales ont été organisées, avec la participation de représentations professionnelles dont la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), en plus de journalistes nationaux ou étrangers exerçant dans le pays. Jusqu’au 31 décembre 2005, un rapport gouvernemental sur la presse écrite et les médias audiovisuels publics avait recensé 468 titres de presse au Maroc, dont 260 en langue arabe, 151 en français, 6 en tamazight et un en langue espagnole. Ces chiffres n’ont pas souvent été actualisés par le ministère de tutelle.

La rencontre s’est soldée par la signature d’un contrat programme pour la modernisation et la professionnalisation des entreprises de presse, de même qu’un accord pour la création de l’Office de justification de la diffusion (OJD) et une charte de partenariat et de coopération entre le ministère de la Communication, le SNPM et la FMEJ. Une convention collective a également été signée entre ce deux derniers, pour une meilleure harmonisation des actions et des initiatives.

Les textes de lois réglementant le secteur, principalement le Code de la presse et l’édition, ont pour leur part été réformés jusqu’aux derniers changements adoptés en 2016 au Parlement.

Chikaya.ma

En janvier dernier, la plateforme chikaya.ma a été lancée dans l’idée de fluidifier l’interaction entre citoyens et services de l’administration publique. Elle tient compte notamment des remarques, des recommandations et des réclamations dans ce sens. Par ailleurs, la plateforme recueille toute observation à même d’améliorer les services de l’administration.

Ainsi et pour connaître les détails des subventions de l’Etat à la presse marocaine, que le ministère de tutelle est tenu de publier sur son site officiel, Yabiladi a eu recourt à cet outil. L’observation a été formulée en mai dernier quant à l’absence depuis 2012 des listes des supports bénéficiaires de cette subvention publique.

Le traitement de l’observation a pris un mois. Après quoi, la liste des aides de l’Etat à la presse a été partiellement actualisée, car le département de la communication n’a pas encore tout publié. Si chikaya.ma a interagi avec l’observation de Yabiladi, le ministère, lui, a omis de mettre en ligne les listes de 2012 à 2016, puis celles de 2017. 

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