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Grand Angle  

Les étonnants bégaiements de Abdelilah Benkirane au sujet du boycott

L’ancien chef de gouvernement sort de sa retraite pour défendre Centrale Danone et raconter l’histoire de la sœur de sa femme de ménage. EDITO.

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Avec le boycott, Abdelilah Benkirane en a perdu son latin / Photo d’archive - DR
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Mais quel crocodile a mordu Abdelilah Benkirane pour qu’il en perde sa gouaille légendaire et son populisme rigolard ? Regard blême, cherchant ses mots, il tente de justifier le boycott de Sidi Ali et Afriquia, tout en défendant Centrale Danone sous couvert de protéger les éleveurs.

La défense pjidiste du leader de l’industrie laitière au Maroc vient ainsi se renforcer d’un ancien chef du gouvernement, en plus du passionné ministre des Affaires générales, Lahcen Daoudi, du menaçant porte-parole du gouvernement et ministre des Relations avec le Parlement, Mustapha El Khalfi, sans oublier le plus discret chef du gouvernement en exercice, Saâdeddine El Othmani.

La dream-team PJD occupe les premiers rôles dans les médias, alors même que les premiers intéressés (Aziz Akhannouch en charge de l’Agriculture, Moulay Hafid Elalamy aux commandes du département du Commerce et de l’industrie, et Mohamed Boussaid à la tête du ministère de l’Economie et des finances) sont aux abonnés absents depuis plusieurs semaines.

Les dernières sorties fébriles du PJD, désormais rebaptisé «Parti de la justice de Danone» sur les réseaux sociaux, devraient rassurer ceux qui craignaient il y a quelques années que les islamistes ne piratent la démocratie naissante au Maroc. Alors que les corsaires salétins criaient «à l’abordage», les capitaines de la flotte PJD sautent tous sur la même patera en hurlant «au sabordage !».

Photomontage humoristique du nouveau centre d’appel de Centrale Danone / Facebook - DRPhotomontage humoristique du nouveau centre d’appel de Centrale Danone / Facebook - DR

Dans sa récente supplique vidéo, Abdelilah Benkirane a fait une formidable synthèse Daoudi-El Khalfi-El Othmani. Défense tout azimut de Centrale Danone, en se payant le luxe de petits croche-pieds à Sidi Ali (il ne boit que de l’eau du robinet), et Afriquia (Akhannouch a les moyens de gérer tout ça). Pourtant, le même Abdelillah Benkirane n’avait pas manqué d’inviter les Marocains à boycotter les produits Centrale Danone il y a quelques années. Les internautes n’ont pas manqué de révéler l’hypocrisie confondante dans une vidéo.

L’exemple qui donne le vertige

Amnésique, l’ex-chef du gouvernement a tenu à justifier sa position en racontant l’histoire de la sœur de sa femme de ménage. Cette dame qui aurait une vache, gagne seulement 30 dhs par jour (soit 900 dhs par mois) grâce à la vente de sa récolte de lait. Il ne doit pas se rendre compte du malaise pour lui qui n’a rien fait pendant 5 ans à la tête de l’exécutif pour que nos concitoyens n’aient plus à vivre de revenus de misère en échange du fruit de leur sueur. Qu’a fait son gouvernement pour aider les plus démunis qui devaient pourtant bénéficier d’aides directes en échange de la réforme de la caisse de compensation ?

Qu’a fait son gouvernement et le suivant pour contrôler les prix des carburants après avoir tout libéralisé sans aucun garde-fou ? Abdelilah Benkirane devait bien rigoler lorsque son parti a obtenu plus de 27% des suffrages exprimés malgré un quinquennat fourni en mesures ultra-libérales. Souriez électeurs PJDistes, le gasoil vient de passer la barre symbolique des 10 dirhams pour un baril à 80 $.

Photomontage record du prix du gasoil au Maroc / DRPhotomontage humoristique record du prix du gasoil au Maroc / Twitter - DR

A vouloir chercher une logique au boycott des trois marques, on en oublie de revenir à l’évidence : les entreprises payent avant tout l’incurie de la gestion gouvernementale depuis 2011. Economie au ralenti, pouvoir d’achat qui a subi la pose d’un anneau gastrique, et pour couronner le tout aucune vision politique pour espérer un avenir meilleur, à défaut de pouvoir jouir du présent.

Ironie du sort, après avoir multiplié les gaffes de communication, Centrale Danone compte sur ce gouvernement (ainsi que l’ancien) pour se tirer d’affaire. Pourtant, à chaque déclaration de la multinationale et à chaque sortie du pompier gouvernemental, le feu du bad buzz sur les réseaux sociaux n’a été que plus vif. Si on voulait convaincre les anti-boycott de s’y mettre, on ne s’y prendrait pas autrement.

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