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Grand Angle

France : Une reconduite à la frontière atypique pour Abdel Nainia

Il y a quelques semaines, on vous rapportait l’histoire d’Abdel Nainia, un Marocain vivant à Figeac (département du Lot), qui était en passe d’être expulsé vers le Maroc. Abdel devait quitter l’Hexagone hier, mercredi, pour le Maroc selon le quotidien français L’Humanité. Mais son expulsion ne ressemble en rien à celle d’autres personnes.
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Lundi 7 septembre, le professeur bénévole de karaté reçoit une convocation, un message pour sa propre expulsion. « J’ai fait réserver une place d’avion en vue de votre retour, le mercredi 9 septembre prochain. Il vous appartient de vous rendre par vos propres moyens à l’aéroport pour exécuter cette décision », écrit le secrétaire général de la préfecture. La lettre préfectorale poursuit en menaçant : « tout étranger qui se soustrait à l’exécution d’une mesure de reconduite à la frontière sera puni d’une peine de trois ans d’emprisonnement ».

Une attitude rarement vue de la part de la préfecture, taxée de « cynique » par L’Humanité. Le concerné lui-même, ne comptait pas se soustraire à la volonté des autorités. « Me cacher ? Non, ce n’est pas mon truc. Ça fait six ans que j’habite Figeac, je ne me suis jamais caché. J’ai tout essayé pour avoir des papiers, je n’ai eu que des refus », a-t-il expliqué au journal d’obédience communiste. Abdel Nainia vivait à Figeac depuis août 2003. Il a été arrêté le 24 août dernier avant d’être transféré au centre de rétention de Toulouse. Libéré du CRA, il fait alors l’objet d’une assignation à résidence. Il a rencontré le juge des libertés et de la détention mais rien ne changera. Le tribunal administratif a maintenu son arrêté de reconduite à la frontière.

Mardi soir, Abdel a observé une foule de près de 250 personnes, parmi lesquelles des élus et des citoyens, rassemblées devant la sous-préfecture, toutes acquises à sa cause d’après La Dépêche du Midi. « (…). Je pars. Demain, je prendrai cet avion pour respecter l'obligation de quitter le territoire français qui m'a été faite. Commencez l'année sans moi, dit-il à un couple d'amis, mais après je serai là », cité par la même source.

Les Figeacois avec à leur tête le collectif de soutien aux sans papiers de la ville, l’ont toujours appuyé depuis son interpellation. « Il est professeur de karaté à Figeac, a travaillé sous contrat à plusieurs reprises et la semaine dernière la préfecture a reçu un contrat de travail en CDI pour Abdel, d'une entreprise de construction d'habitat écologique », soutenaient-ils mardi dernier, après avoir appris que l’expulsion était programmée pour le lendemain. L’objectif était de faire une mobilisation d’urgence, et tenter un énième recours. Tous comptent continuer le combat à présent, pour qu’il revienne.

Abdel conclut qu’il ne veut se sentir clandestin à Figeac. Il respectera bien la décision des autorités mais ne s’avoue pas vaincu pour autant. « Je me considère comme un Figeacois », et refuse de rendre son appartement. « Je laisse tout en l’état. J’espère être de retour dans quelques semaines. ».

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