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Grand Angle

Maroc : La CDT appelle à la mobilisation pour les droits sociaux

A partir du 26 mai, la Confédération démocratique du travail (CDT) organise des marches de bougies dans les villes et les provinces, dénonçant le climat social pesant et l’inaction du gouvernement dans ce contexte tendu. Ces actions mèneront à une grève générale nationale, annoncée pour le 20 juin.

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Marche des bougies à l’initiative de la CDT à Casablanca, le 20 juin 2017 / Ph. AIC Press
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A l’unanimité, les syndicats du Maroc jugent «modeste» le bilan social du gouvernement, depuis au moins le 1er mai. Dans ce sens, la Confédération démocratique du travail (CDT) appelle à continuer la mobilisation, notamment via un programme de marches nocturnes à partir du 26 mai dans plusieurs villes et régions. Dans un communiqué, le syndicat appelle également à la participation à une grève générale nationale, prévue le 20 juin prochain.

Le document alerte sur la mise à mort du service public et des acquis sociaux, dont l’éducation et la santé, «qui continuent à faire les frais de décisions gouvernementales unilatérales». Face à l’inaction de l’exécutif, voire ses erreurs de communication, Abdelkader El Amri, membre du bureau national de la CDT (section enseignement), explique à Yabiladi que «la véritable question qui se pose est de se demander pourquoi on ne défendrait pas nos droits sociaux dans un tel climat».

Le syndicaliste nous rappelle que «l’exposé gouvernemental du 1er mai a été très modeste. Son bilan n’a convaincu aucun syndicat». Il rappelle également que les démarches pour améliorer la situation sont au point mort depuis 2011 :

«Depuis plusieurs années, les salaires stagnent et n’ont évolué ni sous l’ère Benkirane, ni actuellement avec El Othmani. Le dernier accord acté entre syndicats et exécutif remonte au 26 avril 2011, sous le gouvernement El Fassi. Par ailleurs, les prix des produits de consommation flambent, en l’absence d’une volonté politique pour répondre aux revendications des travailleurs. Par cohérence, l’échec du dialogue social nous pousse ainsi à nous mobiliser davantage pour des marches dans les villes et une grève générale nationale.»

Des appels au dialogue restés lettre morte

Le recours à la rue n’est pas le premier à être employé par les partenaires sociaux. En effet, El Amri nous explique avoir écrit «à plusieurs reprises au chef du gouvernement pour ouvrir un dialogue efficace, avec la participation de l’exécutif, des syndicats et du patronat, afin de sortir avec des décisions concrètes». Ces appels étant restés lettre morte, le programme des marches a été annoncé le jour de la Fête du travail.

Pour Abdelkader El Amri, on ne peut cependant pas évoquer un «gouvernement absent» : «Il est là, avec des ministres à qui incombe la responsabilité de décider dans de grandes questions stratégiques. La Constitution définit ces prérogatives. Mais il y a une grande différence entre un gouvernement à l’écoute de la colère sociale et qui tient compte des besoins des citoyens, et un autre qui préfère conserver l’équilibre financier dicté par les institutions internationales, au dépend de l’équilibre social. Nous sommes face à un exécutif qui fait le bon élève du Fonds monétaire international, sachant que le capital humain est le premier à devoir être le centre d’intérêt. Un capital qui se mesure notamment par la qualité des services de santé et d’éducation.»

Une histoire qui se répète

Que les actions de la société soient initiées dans un cadre syndical, associatif, ou qu’elles soient spontanées, notre interlocuteur y voit «la traduction d’un malaise face auquel il est urgent de recentrer les intérêts communs sur l’essentiel, à savoir le service public et l’amélioration de la qualité de vie». Un scénario qui rappelle bien à Abdelkader El Amri la date du 20 juin 1981

Dans ce sens, il nous explique que le choix du 20 juin pour observer une grève générale nationale «a sa symbolique et sa portée historique» :

«C’est également une manière de dire que les conditions ayant conduit aux événements du 20 juin 1981 ressemblent à celles nous ayant poussés, en tant que syndicat, à appeler à cette mobilisation en 2018. C’est un contexte où le coût de la vie est de plus en plus cher, où le gouvernement prend des décisions unilatérales qui ne sont pas dans l’intérêt des citoyens et où la corruption est encore très répandue.»

Le militant rappelle que «l’après-81 et 90 a laissé son impact, où la CDT a eu son rôle pour faire avancer les choses et protéger des acquis sociaux». Mais aujourd’hui, il constate que «nous ne sommes pas complètement sortis d’une situation que nous croyions révolue». Il évoque le fait que «les citoyens payent le service public à travers les impôts sans avoir accès à un service digne de ce nom», ajoutant que «la situation doit être prise très au sérieux» :

«Les revendications sociales ne doivent plus être passées sous silence, sur le compte des agendas du FMI. Le gouvernement doit assumer toute sa responsabilité et être conscient que la société marocaine est vivante et exprime sa colère et son désarroi de plusieurs façons.»

Pour rappel et en hommage aux victimes des émeutes du 20 juin 1981, la CDT avait organisé l’année dernière une marche des bougies à Casablanca, mais celle-ci avait été interdite par les autorités. Malgré cet avis, le rassemblement avait été maintenu, ayant connu une forte participation.

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