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Grand Angle

Bruxelles brandit l’arrêt de la CJUE de 2016 pour contester la légitimité du Polisario

La Commission européenne donne du souci au Polisario et au groupe d’eurodéputés le soutenant, tandis que le Front conteste l’alignement de la CE sur les positions marocaines. Explications.

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Mohamed Sidati, «ministre chargé de l’Europe» au sein du Polisario / Ph. DR.
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Le Polisario ne décolère pas contre la Commission européenne. Mohamed Sidati, «ministre chargé de l’Europe» au sein du Front, s’est dit «préoccupé» par la volonté de Bruxelles d’intégrer le Sahara dans les accords agricole et de pêche en cours de négociation avec le Maroc.

Les soucis exprimés par Sidati sont la conséquence du débat, très animé, du jeudi dernier entre des membres de la CE et une partie d’eurodéputés. Ces derniers ont tenté vainement de convaincre la CE de se conformer aux deux arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de 2016 et de 2017, puis de reconnaître le Front comme le «seul représentant du peuple sahraoui».

Face à de telles revendications, les fonctionnaires ont riposté en brandissant à leur tour l’arrêt de la même juridiction, datant du 16 février 2016 et ayant tranché sur l’irrecevabilité de la demande du Polisario d’annuler l’accord agricole. Une partie du texte que Brahim Ghali et ses hommes occultent dans leur récriminations. Il en est de même pour le groupe d’eurodéputés partageant les mêmes thèses.

Bruxelles prend ses distances avec le champ lexical du Front

Au grand dam de Mohamed Sidati, les représentants de la Commission européenne ont veillé, au cours du débat, à qualifier le «Sahara occidental» de «provinces».

Ils ont également choisi de désigner les habitants de la région de «population locale» au lieu du «peuple du Sahara occidental». Dans un communiqué, le ministre s’est emporté en indiquant que «l’usage d’un langage provocateur et l’adoption du récit de l’occupant marocain affaiblit la position diplomatique de longue date de l’UE» sur le différend territorial.

La nouvelle approche de la CE constitue, selon lui, une «tentative de déformer la réalité sur le terrain et de marginaliser le représentant légitime du peuple du Sahara occidental, le Front Polisario». Cette question de «légitimité» agace les hauts cadres du mouvement, au point de la marteler à l’occasion de leurs interventions publiques. Preuve en est, le dernier discours de Brahim Ghali du 20 mai à Tifariti.

La colère de Mohamed Sidati atteste que le langage des intérêts est sur la bonne voie pour prendre le dessus sur les deux arrêts de la CJUE. L’efficacité du Maroc auprès de ses partenaires européennes dans les dossiers du terrorisme et de la migration commence à se ressentir sur d’autres plans.

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