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Grand Angle

Faux centres d’appel au Maroc : Après notre enquête, des spécialistes du recrutement réagissent

Malgré les dispositions du Code de travail interdisant la pratique, des structures de recrutement font payer leurs prestations aux candidats. Après notre immersion au sein de YS Futur, nous avons exposé cette situation à des professionnels et à des avocats.

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A l’image de YS Futur, des entreprises au Maroc facturent les recommandations de CV aux postulants, au moment où la loi prévoit que la transaction soit payée par la société demandeuse de ce service.

Dans le cas de YS Futur, nous avions proposé une candidature fictive sur la base d’une offre d’emploi, où l’entreprise se présente comme un centre d’appels. Finalement, YS Futur n’est qu’une société intermédiaire qui propose plutôt des formations à ses candidats, en attendant de recommander leur CV à deux structures «au maximum».

Selon le Code du travail, cette pratique est formellement interdite. Dans son article 480, ce texte le prévoit expressément : «Il est interdit aux agences de recrutement privées de percevoir, directement ou indirectement, des demandeurs d’emploi des émoluments ou frais, en partie ou en totalité.»

En plus d’être sanctionnés, ces usages sont censés être surveillés par le ministère de l’Emploi, qui doit vérifier la conformité ou non des cabinets de recrutement avec la loi, via un inspecteur du travail qui est informé d’éventuelles irrégularités, preuves à l’appui.

Lors de notre immersion chez YS Futur, une chargée de recrutement nous a effectivement demandé de payer 650 dirhams à la fin de l’entretien «d’embauche». Selon elle, la somme inclut «une formation» avant redirection vers un centre d’appels partenaire. Paradoxalement, un employé d’YS Futur niera par la suite que l’entreprise recourt à ces usages et nous affirmera que «YS Futur est un centre d’appels et non pas un bureau de recrutement».

Les usages des bureaux de recrutement

Les sociétés de recrutement professionnelles rejettent ces méthodes. Nous avons contacté deux responsables de deux bureaux de recrutement différents. Ainsi, Halima Bennasser nous explique que «dans le cadre de [son] travail, il ne faut en aucun cas faire payer les candidats pour passer un entretien». La responsable d'un bureau de recrutement nous indique que son entreprise est «un intermédiaire entre des chercheurs d’emploi et d’éventuels recruteurs», dans la mesure où sa structure «est chargée de dresser des profils et d’en proposer les CV auprès d’autres sociétés, sur la base d’un contrat de partenariat».

«Il s’agit d’aider les candidats dans leur insertion professionnelle, sans monnayer ce service auprès d’eux, car cela ne fait pas partie des pratiques de facturer ce service-là aux candidats.»

Halima Bennasser

Contacté par Yabiladi, Ali Serhani, directeur général d’une autre entreprise de recrutement, nous indique de son côté être «en connaissance des usages» similaires à ceux de YS Futur. Dans ce sens, il insiste sur le fait qu’«il est interdit de manière formelle de percevoir un quelconque honoraire des candidats, conformément au Code du travail et c’est tout à fait normal».

Ali Serhani nous explique que dans l’usage, une entreprise prend attache avec un cabinet de recrutement lorsqu’elle n’arrive pas, par ses propres moyens, à recruter un profil précis.

«Dans certaines entreprises, les directions de ressources humaines ou les départements de recrutement font parfois appel à un cabinet spécialiste, parce qu’avec leurs moyens, ils n’arrivent pas à trouver le profil recherché. C’est toujours l’entreprise demandeuse qui paye les honoraires de cette prestation et pas le candidat qui cherche un emploi.»

Ali Serhani

Pour Ali Serhani, «ces sociétés peuvent être poursuivies pénalement. C’est le rôle de l’inspection du travail et de l’Etat de mettre fin à ces activités et d’intenter des poursuites judiciaires contre leurs auteurs.» 

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