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Grand Angle

En Espagne, la loi sur les étrangers jugée trop sévère

Plusieurs migrants et réfugiés, épaulés par la société civile, s’activent pour faire valoir leurs droits, estimant que la loi sur les étrangers est porteuse d’un racisme institutionnel. Ils déplorent une trop grande fermeté à leur égard.

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Des milliers de manifestants défilant à Madrid pour l'accueil des réfugiés en Espagne. / Ph. Francisco Seco (AP)
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Il n’y a pas qu’en France que la loi sur l’asile et l’immigration fait des remous. Depuis le 22 avril, une trentaine de migrants et de réfugiés se recluent volontairement dans une ancienne école de Barcelone, dans le but de protester contre «le racisme social et institutionnel» dont ils disent être victimes, selon l’agence EFE.

D’après des sources municipales, ils ont sollicité une autorisation auprès de la municipalité de Barcelone pour y organiser leur assemblée, qui a réuni une centaine de personnes, lors de laquelle la décision a été prise de passer la nuit dans les lieux pour une durée indéterminée.

Ils revendiquent notamment la régularisation des migrants sans contrat de travail, l’amélioration de l’accueil des réfugiés qui arrivent en Catalogne et l’assouplissement des procédures de naturalisation. A cet égard, ils demandent à être exempts du test de connaissance constitutionnelle et socioculturelle de l’Espagne (CCSE), obligatoire pour l’obtention de la nationalité espagnole.

Les protestants sollicitent également la Généralité, organe politique de la communauté autonome de Catalogne, faisant valoir leur droit d’accéder aux dispositifs de santé publique, précise Juan Ávila, leur porte-parole. Enfin, ils réclament que soient «scrupuleusement respectés» les délais administratifs pour l’octroi ou le retrait du permis de séjour ou de la nationalité.

Une législation qui fait le terreau des discriminations

Hier, leur combat a emprunté un autre chemin : celui du quartier de Poblenou où, dès 20 heures, soutenus par des associations et des responsables religieux, une quinzaine d’entre eux ont investi les dépendances de l’église du Sagrat Cor, qui avait déjà été le théâtre d’un mouvement similaire en 2001, indiquent El País et La Vanguardia. Un mode opératoire dont a manifestement eu vent Emilio Ablanedo, délégué suppléant du gouvernement central en Catalogne, avec qui les migrants et les réfugiés ont pu s’entretenir, espérant ainsi porter leurs requêtes jusqu’à l’exécutif de Mariano Rajoy.

Onze revendications lui ont été exposées – rédigées en catalan – ainsi que les conséquences de la loi sur les étrangers (Ley de extranjería) pour les personnes les plus vulnérables. Juan Ávila a dénoncé une législation propice à «un traitement discriminatoire et raciste» envers ces populations.

«Nous voulons que la répression envers les vendeurs ambulants cesse, que les papiers puissent être obtenus plus facilement, sans forcément posséder un contrat de travail d’un an, que la nationalité puisse être octroyée sans se soumettre à un examen particulièrement difficile, que des droits soient accordés aux travailleurs domestiques et que les femmes migrantes cessent d’être discriminées», plaide avec fermeté Enrique Mosquera, de la plateforme «Papeles para Todos» («des papiers pour tous»), cité par El País.

Youssef, un ressortissant marocain, s’est joint à eux en signe de soutien, mais aussi parce qu’il connaît bien les obstacles auxquels tous se heurtent. Arrivé à Barcelone en 2004, il n’a obtenu de papiers qu’en 2008. «J’essaie aujourd’hui d’avoir la nationalité mais c’est impossible. C’est pour cela que je revendique mes droits», dit-il.

Un avocat pour assurer sa défense

Cet arsenal législatif semé d’embuches, le Conseil national des barreaux espère lui aussi le voir réformé en faveur des migrants. L’organisation de recensement des avocats d’Espagne, qui a clôturé hier l’édition 2018 de la Conférence sur les étrangers et la protection internationale, à Algésiras, a rappelé «la nécessité de poursuivre la lutte constante (…) à l’égard des personnes nécessitant une protection, dont font partie les migrants».

Dans ce sens, la confrérie du barreau a demandé que les entretiens des avocats menés avec des migrants arrivés en groupe «soient effectués de manière personnalisée, en individualisant l’attention portée aux personnes composant le groupe pour pouvoir fournir une assistance juridique plus efficace». Quant aux migrants mineurs, la profession a rappelé l’importance que ces derniers bénéficient d’un avocat pour défendre leurs droits.

Enfin, au nom des avocats spécialisés dans la défense des migrants et des réfugiés, ils ont réclamé «la coordination de toutes les entités participantes concernant le droit d’asile», demandant que «tous les agents reçoivent une formation appropriée pour pouvoir répondre aux besoins et aux droits des personnes qui sollicitent l’asile dans le pays».

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