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Grand Angle

Indice de durabilité alimentaire 2017 : Le gaspillage alimentaire des Marocains pointé du doigt

L’Indice de durabilité alimentaire 2017 a classé le Maroc au 29ème rang sur un total de 34 pays. Une mauvaise note due, entre autres, aux pertes et gaspillage alimentaires et aux défis nutritionnels majeurs auxquels font face les Marocains. Un rappel est de mise à l’occasion du mois sacré de Ramadan.

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Photo d'illustration. / DR
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A la veille du mois de Ramadan, la consommation des Marocains comme tous les musulmans au monde, connaîtra une hausse significative. Le mois sacré est aussi la période de l’année où les Marocains gaspillent beaucoup de denrées alimentaires. Un gaspillage qui affecte le classement du Maroc dans l’Indice de durabilité alimentaire (de l’anglais Food Sustainability Index, soit FSI), pour reprendre les arguments de l’Economist Intelligence Unit (EIU) et la Fondation Barilla Center for Food & Nutrition (BCFN).

Dans un rapport publié en décembre 2017, la Fondation BCFN classait le Maroc à la 29e place sur un total de 34 pays en matière de durabilité alimentaire. Avec un score de 53,9 points sur 100, le royaume figure à la 4ème place dans le «dernier quartile» des pays ayant enregistré des scores variant entre 40,3 à 58 sur 100. Une catégorie où figurent aussi des pays comme l’Arabie saoudite (57,8 points), l’Égypte (57,1 points) et le Brésil (56,6 points), la Tunisie (53,1 points), le Liban (53,1 points), l’Indonésie (52,4 points), l’Inde (50,8 points) ou encore les Émirats arabes unis (40,3 points).

Fruit d’une collaboration entre l’EIU et la Fondation BCFN, l’Indice de durabilité alimentaire (FSI) est un modèle de benchmarking qualitatif et quantitatif pour comparer les pays et les indicateurs et contribuer ainsi à ouvrir la voie à une évolution vers des systèmes alimentaires plus durables.

Un mauvais classement dû au gaspillage alimentaire

Le FSI étant basé sur trois indicateurs, à savoir les pertes et le gaspillage alimentaires, l’agriculture durable et les défis nutritionnels, le score du Maroc est expliqué par des lacunes en matière de gaspillage alimentaire. «Le classement du Maroc est influencé par une performance relativement faible concernant les pertes et le gaspillage alimentaires (31e)», indique le rapport intitulé «Fixing Food : The Mediterranean Region», publié en février 2018.

Ce dernier évoque surtout une autre face de ce gaspillage : celui qui intervient dans la phase de pré-commercialisation. Le document précise que «les six dernières places (de cet indicateur, ndlr) appartiennent aux PSEM (Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, ndlr) les plus démunis [qui] se démarquent tous par d’importantes pertes alimentaires dans la phase de pré-commercialisation, à cause d’un mélange de facteurs climatiques (comme la sécheresse), de l’insuffisance des infrastructures de transport et des installations de stockage et réfrigération».

Il ajoute aussi, cette fois-ci pour le cas du royaume, que «les politiques mises en place pour éliminer le gaspillage alimentaire au niveau de l’utilisateur final sont généralement peu nombreuses, surtout au Maroc et au Liban». Dans cet indicateur, le Maroc arrive à l’avant-dernière place, devant le Liban (12e place) et juste après la Tunisie (10e place) avec un score de 47,5 sur 100. Le document ne manque pas de rappeler les ambitions du Maroc quant à cette question.

«Quant au Maroc, le gouvernement a programmé un plan d’action avec le soutien de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, ndlr) pour réduire de moitié les pertes et le gaspillage alimentaires d’ici 2024.»

EIU et la Fondation BCFN

Un soutien «insuffisant» à l’agriculture durable

Pour ce qui est de l’agriculture durable, le Maroc, tout comme la Jordanie, le Liban, l’Égypte et la Tunisie «traînent en bas du classement dans cette rubrique du FSI». «L’érosion des sols et la faible fertilité, associées à la pénurie d’eau douce, représentent des contraintes importantes pour l’agriculture de tous ces pays», estiment les rédacteurs du rapport. Le Maroc occupe, en effet, la 11e place dans ce classement avec un score de 60,6 points.

Le document estime que le secteur agricole marocain reste «confronté aux mêmes problèmes qui affligent les autres PSEM, dont la sécheresse, la dégradation des sols, l’agriculture intensive sous irrigation et des difficultés liées aux registres fonciers, ce qui empêche beaucoup de petits exploitants d’avoir accès aux programmes publics de soutien à l’agriculture ou aux crédits».

L’occasion de rappeler le Plan Vert Maroc, lancé en 2008, et dans lequel le gouvernement a adopté une «double approche pour concilier les exigences des grandes exploitations intensives et celles des petits producteurs». «Malgré tout, le gouvernement a fait l’objet de critiques, selon lesquelles le soutien accordé aux petits producteurs et aux agriculteurs qui voudraient passer des techniques intensives à une approche plus durable serait insuffisant, le manque de formation et de financement étant également considéré comme un des principaux obstacles», estime la même source.

Les déficits nutritionnels, un vrai problème pour les Marocains

Pour ce qui est des déficits nutritionnels, ils représentent un vrai problème au Maroc, poursuit le FSI. Encore une fois, le Maroc, tout comme la Jordanie, le Liban et l’Égypte occupent les quatre dernières places dans le classement régional du FSI dans cette rubrique. «La sous-alimentation représente encore un problème majeur dans tous ces pays, surtout en Egypte et au Liban», affirment les rédacteurs du rapport. 

«Le Maroc obtient un très mauvais score du point de vue des carences en micronutriments (Vitamine A et iode), ce qui compense très largement sa meilleure performance par rapport au Liban, à la Jordanie et à l’Égypte en termes de prévalence d’enfants en surcharge pondérale.»

EIU et la Fondation BCFN

Dans le classement régional du FSI pour cette catégorie, le Maroc arrive à la 12è et dernière place, avec un score de 53,6 points seulement. «Au Maroc, les déficits nutritionnels représentent un vrai problème, surtout chez les femmes et les enfants ; l’alimentation n’est pas assez diversifiée et est trop riche en sucre, farine blanche et aliments gras», conclut le rapport.

Une mise en garde pour les Marocains à la veille du mois sacré qui se caractérise généralement par une surconsommation remarquable et un changement étonnant quant aux habitudes alimentaires.

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