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L’autre récit de Mahjoub Salek #5 : «Le Polisario a mis en place un système stalinien»

Dans cet entretien en épisodes, Yabiladi part à la rencontre de Mahjoub Salek, l’un des fondateurs du Polisario, qui évoque la création du Front, sa fuite des camps de Tindouf, puis la génèse de «Khat Achahid» en 2004.

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Mahjoub Salek, membre-fondateur du Polisario puis fondateur de Khat Achahid / Ph. Mehdi Moussahim (Yabiladi)
Temps de lecture: 4'

Dans le quatrième épisode de cet entretien hebdomadaire, Mahjoub Salek a évoqué comment la mort de Ouali Sayed, fondateur du Polisario, avait bouleversé l’édification des instances du Front et la continuité de ses projets. Ici, il revient sur les violations des droits humains dans les camps de Tindouf, ainsi que sur «le système stalinien» mis en place par le Front.

Ainsi, il indique qu’en préparation du troisième congrès, il a jugé essentiel que le comité exécutif évoque cette mort imprévue et d’en définir les responsables. En effet, Mahjoub Salek considère qu’une partie des membres du Polisario serait impliquée dans cette disparition. «Celui que j’ai chargé de l’opération à Nouakchott est revenu malade après la mort de Ouali Sayed et nous ne l’avons revu qu’à la fin de l’offensive», confie-t-il à Yabiladi.

Un tribalisme rampant

L’initiateur du mouvement «Khat Achahid» considère que son premier emprisonnement est la conséquence de cette proposition. Il est resté en captivité jusqu’à la fin du troisième congrès et l’élection de Mohamed Abdelaziz à la tête du secrétariat général. «Après quoi, il m’a rendu visite en prison pour présenter ses excuses et me remettre en liberté», ajoute notre interlocuteur. A la fin de cette détention, Mahjoub Salek a intégré l’entrainement militaire.

«Là encore, les différences tribales ont repris le dessus et j’ai été mis à l’écart, avant de me voir confier la gestion de la chaîne ‘Sahara libre’ à Alger pour servir la propagande du Polisario», ajoute encore l’ancien membre du mouvement.

Quant à ses rapports avec Mohamed Abdelaziz, l’ancien numéro 1 du Front, Mahjoub Salek indique qu’elles ressemblaient à toutes les relations de camaraderie entre militants, «sauf que l’ancien secrétaire général du Polisario était trop paranoïaque. Il ne faisait confiance à personne et était trop tribaliste», nuance notre interlocuteur.

Une formation des renseignements à l’algérienne

Concernant la situation des camps de Tindouf à l’époque, Mahjoub Salek nous indique que les décideurs du Front ont donné une importance primordiale au volet sécuritaire. Et d’ajouter :

«L’une des plus grandes erreurs commises par l’Algérie a été de former les services de renseignement du Polisario à l’image des siens. Ce modèle consistait en la mise en place de deux bureaux, l’un pour les PV où le Front faisait dire aux gens ce qu’il voulait, l’autre pour les aveux sous la torture en cas de refus.»

Selon Mahjoub Salek, «la direction des renseignements du Polisario a été confiée à un homme ignorant. Il avait été renvoyé de l’école à sa troisième année collégiale à Tan Tan car il n’avait pas réussi à passer au lycée. Ainsi, l’appareil sécuritaire du Front est devenu un véritable outil de répression, imposant son autorité par la terreur». Autant Ouali Sayed «était respecté pour ses convictions, sa modestie et sa ténacité», autant «ceux lui ayant succédé imposaient le respect par la force», fait remarquer l’ancien membre du mouvement.

Celui-ci se rappelle que «les espions, communément appelés ‘lehnoucha’ (les serpents), étaient omniprésents». D’ailleurs, il tient ces derniers responsables d’avoir fait du Front «un régime stalinien de terreur et de répression, à tel point qu’on pouvait douter des plus proches».

A ce moment-là, Mahjoub Salek vivait à Alger. A son retour aux camps en 1980, il a appris l’arrestation de l’un de ses amis, appelé Abdellah Massoud. Il se rappelle de cette arrestation inexpliquée : «Lorsque j’ai demandé au directeur de la Sûreté, Ahmed El Batal, pourquoi l’homme avait été interpellé, il s’est emporté en me criant que cela ne me regardait pas.»

Face à cette situation, il était cependant impossible de quitter les camps de Tindouf, d’après Mahjoub Salek, qui décrit «une région fermée à l’intérieur comme à l’extérieur». Dans ce sens, il évoque également les autorités du Polisario qui induisaient en erreur la population au sujet des disparus :

«Les gens pensaient réellement que les disparus avaient commis des erreurs impardonnables. Mais la vérité ne s’était révélée qu’au lendemain du cessez-le-feu, après que l’ONU a imposé au Front de remettre en liberté les prisonniers. A ce moment-là, tout le monde était choqué de voir les traces de torture sur les détenus. Comment une révolution qui défend les principes d’auto-détermination, de dignité et de liberté, peut tolérer des pratiques de torture barbare ?»

Depuis, les populations ont commencé à perdre confiance en leurs dirigeants et pour l’ancien membre du Front, ce dernier «en paie les frais encore aujourd’hui».

Les affres de la détention

Emprisonné une seconde fois par le Polisario, au début des années 1980, Mahjoub Salek évoque «des terreurs» jamais vues ailleurs.

«J’ai beaucoup lu sur les prisons dans les systèmes d’Apartheid, en Israël et même au Maroc, mais je n’ai jamais vu pareil que lors de cette deuxième détention. Nous vivions dans un cercueil, d’où on nous faisait sortir pour nous torturer avant de nous y ramener. On faisait attention à nous torturer jusqu’à approcher de la mort, mais en nous maintenant en vie. Nous étions soignés, pour ensuite être torturés de plus belle. Des gens y avaient perdu la vie, d’autres la raison. Le destin a voulu que j’en ressorte vivant pour témoigner de ces horreurs dans mon ouvrage ‘Les années de prison de la terreur’.»

Mahjoub Salek ajoute que lors d’une rencontre avec les instances du Polisario autour de la situation des droits humains, il a affirmé que «l’Algérie était généreuse dans tout, même dans les outils de torture hérités du Protectorat français». A la prison d’Errechid, il aura passé neuf ans et demi, loin de ses enfants qui n’ont eu aucun signe de vie de lui pendant toutes ces années.

«Au même moment où j’était emprisonné et torturé par le Polisario, mon père et mes trois frères subissaient le même sort à Kelaat M’Gouna à cause de moi, car j’étais chargé des médias du Polisario. Lorsque nous nous étions retrouvés et qu’ils me racontèrent leur détention, il m’avait clairement apparu qu’Errechid était un véritable enfer, même en comparaison avec Tazmamart et Kelaat M’Gouna.»

AL MASSIRA
Date : le 06 avril 2024 à 01h50
Quand je lis ce type, c’est comme vous tombez dans votre débarras sur un objet qui vous est sorti complètement de la tête et qui est plein de poussière. Pendant très peu de temps on pense qu’il a peut-être encore de la valeur mais il finit à la déchèterie. Le type dont on parle dans cet article nous a fait beaucoup de mal. Il est aujourd’hui dans la poubelle de l’Histoire.
AL MASSIRA
Date : le 06 avril 2023 à 09h50
On se répète peut-être mais ce type traine dans une poubelle de l'Histoire. Il n'est plus dans le jeu, il ne s'assume plus et il ne sait plus où il en est. N'empêche qu'à un moment il avait la folie des grandeurs de créer quelque chose de nulle part, un mensonge en s'alliant à deux des plus grands dictateurs et criminels de l'Histoire, en connaissance de cause. Aujourd'hui plus personne ne s'intéresse à lui alors que c'était un complice.
gustavo321
Date : le 05 avril 2021 à 23h30
Tout à fait! On veut nous faire croire à une chimère ! Cette posture est une imposture! Ce monsieur se fatigue de façon ridicule à tenter de nous vendre l'historiette de la naissance d'un état ''révolutionnaire'' dans le Sahara marocain multiséculaire! Et ses effets de style utilisant la critique à l'encontre du ''regime stalinien'' mis en place par les successeurs du ''heros'' Ouali, n'ont de raison et de sens que pour justifier et légitimer les fondements ''vertueux'' et ''revolutionnaires'' de ces pionniers de la soit-disant ''RASD''. Qu'il aille vendre sa marchandise anachronique et malodorante dans les souks d'Algerie ou ailleurs, s'il parvient à trouver encore une clientèle à cette soupe idéologique fade et indigeste.
Citation
"AL MASSIRA" à écrit:
Moss posait la question il y a trois ans "il faisait quoi ? " en parlant de ce Mahjoub Salek. De mon côté je ne me pose ni la question ce qu'il devient et de ce qu'il pense. Son histoire parle pour lui. Il s'est allié à deux dictateurs pour créer une imposture qui dure de nos jours grâce à une junte militaire. Lui comme ceux qui l'ont suivis jusqu'à Ghali sont de simples pantins. Des personnages sans aucun intérêt, si ce n'est la mal qu'il nous ont causé et les vies qu'on a perdues à cause d'eux. Tout cet honneur il ne le mérite pas. Je répète ce que j'ai écrit hier dans un autre article, ce qu'il mérite c'est le tribunal et peloton d’exécution.
AL MASSIRA
Date : le 05 avril 2021 à 21h35
Moss posait la question il y a trois ans "il faisait quoi ? " en parlant de ce Mahjoub Salek. De mon côté je ne me pose ni la question ce qu'il devient et de ce qu'il pense. Son histoire parle pour lui. Il s'est allié à deux dictateurs pour créer une imposture qui dure de nos jours grâce à une junte militaire. Lui comme ceux qui l'ont suivis jusqu'à Ghali sont de simples pantins. Des personnages sans aucun intérêt, si ce n'est la mal qu'il nous ont causé et les vies qu'on a perdues à cause d'eux. Tout cet honneur il ne le mérite pas. Je répète ce que j'ai écrit hier dans un autre article, ce qu'il mérite c'est le tribunal et peloton d’exécution.
moss_26176
Date : le 15 mai 2018 à 12h49
OK, mais à part ça, il fait quoi maintenant? À l'entendre charger tout le monde, l'Algérie, le Polisario, le Maroc.. on se demande qu'il est son but? Il est pour l'automnie? Pour l'indépendance ? Ou autre chose...
Dernière modification le 06/04/2024 01:50
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