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Grand Angle

France : L’appétit des hypermarchés pour le business autour du Ramadan

Le mois de Ramadan n’est pas seulement un mois sacré par excellence. Il est surtout la période où les dépenses alimentaires des ménages musulmans affichent des hausses dépassant les 30% par rapport au reste de l’année. De quoi séduire les grandes surfaces et les commerces traditionnels.

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Le mois de Ramadan est marqué par une hausse de l’ordre de 34% des dépenses alimentaires des ménages musulmans, selon le cabinet français Solis. / Ph. DR
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Pendant le mois de Ramadan, qui débutera en France et dans le monde musulman la semaine prochaine, les dépenses alimentaires des foyers musulmans pratiquants augmentent, tout comme l’appétit des grandes surfaces pour un business florissant, en constante évolution.

Habitué depuis quelques temps à publier régulièrement des études sur le marché Halal et la consommation des Musulmans de France au cours du mois sacré, le cabinet spécialisé dans les études marketing, Solis, a publié ce mercredi les résultats de sa dernière enquête «Horizons Shoppers 2018». Il en ressort que le mois sacré est marqué par une hausse de l’ordre de 34% des dépenses alimentaires des ménages musulmans, qui atteignent 434 € en moyenne par foyer. 

Une concurrence vive entre la grande distribution et le commerce traditionnel

L’étude de Solis met en exergue une «plus forte propension à la consommation des ménages durant cette période», citant à cet égard les préparations culinaires plus élaborées, la rupture du jeûne et la prise des repas dans un cercle familial élargi, entre autres. Elle affirme ensuite que cette demande reste entretenue par une offre «plus abondante des points de ventes», lors de cette période de l’année. En réalité, les grandes surfaces et les commerces traditionnels se livrent annuellement une concurrence vive afin de séduire encore plus de consommateurs musulmans. C’est dire combien la surconsommation durant le mois sacré constitue une aubaine pour les deux parties.

Et afin de parvenir à attirer du monde, les deux camps se livrent une bataille marketing sur le terrain. «Pour capter les achats, les grandes surfaces mettent en place des opérations promotionnelles à travers des mises-en-avant et des prospectus spécifiques», note le cabinet français d’études. Celui-ci avance que 62% des personnes que ses experts ont interrogé déclarent «avoir reçu dans leur boîte aux lettres un prospectus d’une grande surface avec des offres spécifiques lors du dernier mois de jeûne». Des prospectus qui sembleraient permettre aux hypermarchés de toucher leurs cibles, puisque 52% de ceux les ayant reçus «jugent que les offres présentées les ont incités à faire leurs achats» dans ces magasins.

Cependant, comme tout outil marketing, ce moyen doit être utilisé avec beaucoup de précautions. A force de vouloir séduire, les grandes surfaces inondent les boîtes aux lettres de leurs potentiels clients, qui ne manquent pas d’ironiser sur l’engouement des hypermarchés pour le business Halal.

Prospectus pour le mois de Ramadan 2018 de deux hypermarchés français. / DRProspectus pour le mois de Ramadan 2018 de deux hypermarchés français. / DR

Les produits halal et orientaux auront la cote

De l’autre côté, les boucheries musulmanes, les supermarchés orientaux et les petits commerçants multiplient, eux aussi, leurs actions. «Le commerce traditionnel est également très actif sur un plan commercial durant cette période et parvient à capter 54% des dépenses alimentaires», indique Solis. Son directeur, Abbas Bendali nous précise ce mercredi que «la grande distribution tire très bien sa part du jeu sur tous les produits transformés et élaborés, c’est-à-dire tous ce qui est charcuterie, plats cuisinés, sauces, soupes,…».

«Aujourd’hui il y a une bataille que se livrent la grande distribution et le commerce traditionnel et chacun tente de capter ce budget important des consommateurs musulmans durant cette période», ajoute-t-il.

«Les produits halal et orientaux, parce qu’il ne faut pas oublier le couscous, les boissons, les épices, les légumes secs et d’autres produits, intéressent la grande distribution. Il y a du business qui est en croissance et les deux catégories vont ensemble puisqu’elles font parties du panier de la ménagère.»

Abbas Bendali, directeur du cabinet Solis.

Les produits halal et orientaux auront donc la double cote auprès des Musulmans de France, l’occasion du mois sacré qui débutera la semaine prochaine. Des produits fabriqués localement en France mais aussi importés des pays du Maghreb. Sur cette question, Abbas Bendali dit que son cabinet ne se penche pas sur cette question. Toutefois, il nous confirme le succès de certains produits en provenance de l’Afrique du Nord. «On sait que par exemple des produits comme le couscous viennent du Maroc et fonctionnent très bien, tout comme des produits importés de la Tunisie. Pour l’Algérie, on voit de plus en plus de produits alimentaires algériens qui arrivent en France mais cela reste limité par rapport aux produits de ses deux voisins», conclut-il.

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