La ville de Safi a connu un niveau de violence extrêmement rare ce lundi. Des affrontements ont opposé, pendant plusieurs heures, les forces de l’ordre à des manifestants. Aucune perte humaine n’a été signalée jusqu’à ce moment, mais le bilan est très révélateur de la situation quasi insurrectionnelle qui a régné dans certains quartiers de cette ville du littoral atlantique, situé à 256 km au sud de Casablanca : une quarantaine de blessés dans les rangs de la police selon L’Economiste, plus une trentaine chez les protestataires, sans parler de la mise à sac des locaux d’un commissariat de police ainsi que d’un arrondissement de la ville.
A l’origine de ce violent face-à-face, une manifestation des enfants de retraités et d’anciens salariés de l’OCP aujourd’hui décédés. Pour se faire embaucher par l’Office dans le cadre des discussions actuellement en cours, ces jeunes chômeurs s’étaient donnés rendez-vous lundi matin, sur la voie ferrée reliant les locaux de l’OCP au port commercial de la ville. Ce sit-in ayant entraîné une perturbation de la circulation des trains transportant des marchandises de l’Office, la police est intervenue pour disperser les jeunes. Une petite étincelle qui allait engendrer un grand feu.
En effet, des jeunes des quartiers pauvres de la ville sont venus se joindre aux premiers protestataires pour faire face aux forces auxiliaires mobilisées sur place. Les affrontements ont par la suite débordé et entraîné des casses et incendies de bâtiments publics dans les quartiers de Zaouia, mais aussi de Lakliaa où était originaire Kamal Ammari, jeune militant du 20 février mort en juin dernier. Ces échauffourés, intensifiés en début d’après midi, se sont poursuivis jusque dans la soirée de lundi dernier.
Ces derniers temps, les manifestations des jeunes chômeurs marocains sont de plus en plus émaillées de violence. Après Khouribga, Rabat, Laâyoune, Guelmim et Nador, c’est à Safi que ces protestations ont dégénèré. Il faut signaler que dans cette ville côtière loin d'être épargnée par le chômage, la tension était montée d’un cran depuis le décès de Kamal Ammari. Pour le porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, ces «dérives d’un certain niveau de gravité n’ont aucun rapport avec l’expression démocratique».