En France, la légalisation du cannabis pourrait rapporter jusqu'à 1 milliard d’euros à l’Etat. En effet, selon l’économiste Pierre Kopp, également professeur à l’université Panthéon-Sorbonne (Paris-I), cela peut se faire à travers l’instauration d’un système de taxation fixé par l’Etat français, qui accompagnerait une éventuelle autorisation de vente du cannabis.
«Légaliser ne conduirait pas à une explosion de la consommation si la taxe fixée par l’Etat permettait de maintenir le prix actuel. Le prix est la variable essentielle : s’il était trop élevé, cela susciterait du trafic. Sil était trop bas, la consommation pourrait se développer», explique l’économiste, cité par l’AFP, aujourd’hui mardi 2 août. Le prix de vente du cannabis, estimé aujourd’hui à 5,50 euros le gramme, devrait être légèrement revu à la hausse, propose M. Kopp. Cela permettrait de «compenser la disparition du risque que comporte l’achat», estime-t-il.
Pour arriver à ce constat, Pierre Kopp a également procédé à la comparaison du coût de la politique de lutte contre le cannabis, à celui de sa légalisation. Pour ce faire, il a d’abord évalué les dépenses de l’Etat relatives à l’usage actuel du cannabis, soit plus de 80 000 interpellations, les gardes à vue et les frais relatifs au fonctionnement des tribunaux et à l’exécution des peines. 300 millions d’euros pourront ainsi être économisés par an, grâce à la légalisation du cannabis. «Au final, du temps et des moyens pourraient être réalloués à la prévention et à la lutte contre le trafic des autres drogues» conclue-t-il.
Et si on légalisait le cannabis au Maroc ?
Premier producteur mondial de résine de cannabis, le Maroc pourrait lui aussi tirer des bénéfices de la légalisation du cannabis. Dans un dossier paru dans le numéro 233 de Telquel, les deux journalistes Ahmed Reda Benchemsi et Bart Schut, s’étaient penché sur la question «Et si on légalisait le cannabis ?». Selon l’hebdomadaire marocain, «une acceptation légale entière de la consommation, la production, le transport et la vente de tous les produits dérivés du cannabis à l'intérieur des frontières du royaume» présenterait de nombreux avantages pour le Maroc, notamment sur le plan financier.
Selon des estimations de l’Organisation des Nations Unis, les cultivateurs marocains de cannabis généreraient un revenu global de 3,5 milliards de dirhams par an. En cas de légalisation, l’Etat augmenterait ainsi considérablement ses recettes fiscales. En déclarant officiellement leurs revenus, les producteurs du hachisch contribueraient également à la croissance du Produit national brut. Un expert en économie agricole, cité par Telquel, est convaincu que la légalisation du cannabis mènerait à «un enrichissement des populations du Rif qui gonflerait notre PIB, car actuellement les énormes revenus du cannabis ne sont pas comptabilisés dans les statistiques nationales».
Le secteur touristique devrait aussi être gagnant en cas d'une éventuelle légalisation. Le Maroc, qui s’est fixé pour objectif d’atteindre 20 millions de touristes par an à l'échéance 2020, séduirait une autre catégorie de touristes. Le royaume attirerait ainsi des millions d’autres touristes européens, ou encore américains. Outre les intérêts financiers en jeu, la legalistaion du cannabis profiteraient également aux consommateurs qui ne seraient plus considérés, sur le plan social et juridique, comme des criminels, mais aussi aux producteurs qui, quant à eux, deviendraient des agriculteurs «honorables».