Hier, lors de l'examen de la question du Sahara au Conseil de sécurité, le Koweït a volé la vedette à la Russie, l'Ethiopie, la Chine et même à la Suède. Le petit émirat a surpris les membres de l'instance onusienne en se faisant l'avocat des thèses du Polisario.
Balayant d'un revers de main les engagements de son Etat de défendre l'intégrité territoriale du Maroc, l'ambassadeur Mansour Laâtaibi a plaidé pour «l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», «au respect de la légalité internationale» et invité les parties «à entamer des négociations sans condition et avec bonne foi».
Un alignement qui a évidemment été bien accueilli par les médias du Polisario. Le site adamir titre ainsi : «le Koweit appelle le Conseil de sécurité à respecter le droit du peuple sahraoui à son autodétermination».
Ingratitude
Sur les réseaux sociaux, la vidéo de l'intervention du représentant du Koweït à l'ONU a été embellie par le drapeau koweïtien et celui du Polisario avec au milieu de l'écran un cœur rouge.
Ce revirement politique étonne, sachant qu'à l'occasion des travaux de la 8e session de la commission mixte, en février 2015 à Rabat conclue par la signature de 7 conventions de coopération, le Koweït s’était engagé à soutenir l'intégrité territoriale du Maroc. En échange le royaume avait voté en faveur de l'adhésion de l'émirat au Conseil de sécurité pour le mandat 2016-2018.
Cette position d'appui de la marocanité du Sahara a été au coeur des résolutions du premier sommet Maroc-Etats du Golfe en avril 2015 à Ryad, qui avait connu la présence du roi Mohammed VI. A l'époque, le Koweït n'avait pas émis des réserves sur ce point ni plaidé l' «autodétermination du peuple du Sahara occidental».
Lors de l'invasion du Koweit par les forces de Saddam Hussein du Koweït en 2 heures, Hassan II, malgré de bonnes relations avec l'ancien président irakien, avait choisi de défendre l'indépendance du Koweït et de se joindre à la force multinationale sous commandement américain. C'est une position de principe «même si l'avarice du Koweït est connue», avait-il expliqué dans un discours à la nation. Et en 1993, l'ambassadeur koweïtien avait été à l'origine de pressions sur la ligne éditoriale de 2M et du licenciement d'un présentateur de JT arabophone sous prétexte qu'il s’était montré un peu trop «pro-irakien».