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Nomad #74 : Un air de savane dans la grotte des Rhinocéros à Casablanca

Plongeons dans le riche passé préhistorique de Casablanca, au cœur d’une grotte où les rhinocéros étaient légion.

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Beaucoup de restes de Rhinocéros ont été trouvés, d’où le choix de l’appellation de la grotte. / Ph. DR
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Casablanca est riche en préhistoire, malgré les apparences. Quatre sites archéologiques sont les témoins de ces temps anciens en plein coeur de la capitale économique du royaume. Après Sidi Abderrahmane, Ahl Loughlam et la Carrière Thomas 1, la grotte des Rhinocéros nous livre ses secrets.

Situé près de la carrière Thomas 1, dans le sud-ouest de Casablanca, le long de la route d’Azemmour, la grotte des Rhinocéros se trouve dans la carrière Oulad Hamida 1, anciennement appelée carrière Thomas 3. Au premier regard on ne peut douter du trésor archéologique.

La grotte des Rhinocéros «représente le second Acheuléen marocain (une culture préhistorique, ndlr) et est âgée entre 500 000 et 700 000 années, mais on lui donne en moyenne 600 000 ans», indique à Yabiladi Abderrahim Mohib, archéologue, chercheur en préhistoire, et conservateur principal des monuments et sites.

Des opérations de nettoyage ont lieu annuellement pour préserver les lieux. / Ph. DRDes opérations de nettoyage ont lieu annuellement pour préserver les lieux. / Ph. DR

Une prairie ouverte

Suite à une découverte fortuite en 1991, une fouille de sauvetage de trois mois a été enclenchée. «Nous nous sommes rendus compte que c’est un site très riche, nous avons donc bataillé pour sa sauvegarde», confie le scientifique. Beaucoup de restes de Rhinocéros ont été trouvés, d’où le choix de l’appellation de la grotte.

«Imaginez vous que dans l’ancien Casablanca, il y avait tous les animaux qui vivent actuellement plus au sud en Afrique, c’était une sorte de savane, une prairie ouverte. Les rhinocéros, les éléphants, les gazelles, etc. ont besoin de beaucoup de végétation pour pouvoir brouter. C’était comme ça Casablanca avant.»

Sur les deux niveaux archéologiques détectés dans la grotte, datés de 600 000 ans, différentes trouvailles ont été effectuées lors des fouilles. «On trouve des outillages taillés dans la pierre, qui représentent cette culture préhistorique, des milliers de pièces (bifaces, trièdres, nucléus…). C’est l’un des sites où la richesse de la faune est importante du point de vue paléontologique. Une cinquantaine d’espèces ont été identifiées sur ce site, la plus présente en quantité : le rhinocéros», déclare Abderrahim Mohib.

La grotte des Rhinocéros se trouve au creux d’une falaise et entourée de bidonvilles, ce qui fait que les déchets s’amoncellent parfois. Toutefois, le chercheur en préhistoire assure que chaque année une opération de nettoyage a lieu. Les fouilles ont été arrêtées, dorénavant l’équipe de chercheurs en charge du lieu étudient le matériel archéologique qu’ils ont déniché.

La grotte des Rhinocéros se trouve au creux d’une falaise et entourée de bidonvilles. / Ph. DRLa grotte des Rhinocéros se trouve au creux d’une falaise et entourée de bidonvilles. / Ph. DR

D’un autre côté, la carrière Oulad Hamida 1 est une propriété privée et n’a aucune protection. «En attendant une mesure d’urgence l’endroit a besoin d’un gardien et d’une clôture en haut de la falaise pour empêcher les ordures de tomber. Il faut également une protection juridique définitive (un classement, ndlr)», ajoute notre interlocuteur. En plus des restes d’animaux qui ont été trouvés au sein de la grotte, une incisive humaine a également été dénichée en 2011.

«C’est peut-être les ancestres de Jbel Irhoud que nous avons à la grotte des Rhinocéros et la carrière Thomas.»

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