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Grand Angle

Embauche en France : Les musulmans doivent postuler 1,6 fois plus afin d’être rappelés

Un postulant de confession musulmane a 1,6 fois moins de chances d’être rappelé par un futur employeur, malgré ses compétences égales à un autre candidat. Une récente étude revient longuement sur cette autre forme de discrimination à l’emploi en France.

Publié
Marie-Anne Valfort, auteure de l’étude Anti-Muslim Discrimination in France: Evidence from a Field Experiment / Ph. DR.
Temps de lecture: 3'

En France, les rapports ministériels ou associatifs font le constat de discriminations à l’encontre de porteurs de noms à consonnance maghrébine ou africaine, en matière d’accès au logement comme à l’emploi pour nombre de migrants. Publiée par l’Institut de recherche sur l’avenir du travail (IZA), une récente étude sur les discriminations antimusulmans en France démontre que les exclusions dans le monde du travail ciblent, par extension, celles et ceux issus de «culture musulmane».

«Quand la religiosité constitue une pénalité pour les musulmans, elle fonctionne comme un avantage pour les chrétiens : leur taux de retours augmente lorsqu’ils sont religieux», écrit la professeure d’université Marie-Anne Valfort, auteure de l’étude «Anti-Muslim Discrimination in France : Evidence from a Field Experiment», citée par Slate.

Dans la peau d’un candidat «musulman»

Parue en mars 2018, l’étude de Marie-Anne Valfort est basée sur un échantillon de 3 331 candidatures fictives. Celles-ci ont été envoyées en réponse à des offres d’emploi, afin de mesurer l’impact de critères officieux sur les recrutements, tels que l’origine et l’identification des candidats comme étant de facto de «culture musulmane» ou «chrétienne».

Dans ce sens et sans forcément avoir de pratique religieuse régulière, les candidats laïcs mais reconnus comme éventuellement musulmans ont enregistré un taux de réponse de 12,9%, tandis que ceux ramenés à leurs origines chrétiennes obtiennent 16,1%.

Citée par Slate, l’auteure de l’étude explique sa démarche : «Pour identifier la discrimination antimusulmane, cet article compare les taux de rappel des candidats fictifs de culture musulmane et chrétienne qui sont identiques à tous points de vue, excepté la religion dans laquelle ils ont grandi (islam versus christianisme). Surtout, pour que la religion soit seule en jeu, la nationalité d’origine des candidats est maintenue constante : ils ont émigré d’un pays largement connu pour son pluralisme religieux et est utilisée ici pour la première fois afin d’identifier la discrimination antimusulmane : le Liban.»

Un critère constant chez beaucoup d’employeurs

En 2015, l’économiste et enseignante-chercheuse à l’Université Paris I publiait une précédente étude avec l’Institut Montaigne, traitant de la même problématique. Comparée à celle parue en mars 2018, elle reste toujours d’actualité, dans la mesure où la situation ne s’est pas améliorée depuis.

En effet, «quand les musulmans pratiquants avaient en 2015 un taux de réponse de la part des employeurs de 10,4%, contre 20,8% pour les catholiques pratiquants, en 2017, l’écart s’est légèrement resserré, passant de 11,7% pour les premiers, à 18,4% pour les seconds», fait remarquer Slate sur la base de l’étude de 2018.

Plus loin, Marie-Anne Valfort indique que «le taux de rappel des femmes chrétiennes religieuses est 40% plus élevé que celui des femmes musulmanes religieuses, tandis que le taux de rappel des hommes chrétiens religieux est de quatre fois plus élevé que celui des musulmans pratiquants».

Les critères d’embauche au regard de l’«effet musulman»

Valfort fait savoir notamment que la différence de taux de rappel entre un candidat issu d’une communauté «majoritaire» et un autre d’un milieu «minoritaire» ne reflétait pas seulement les préférences des employeurs basant leur discrimination sur des convictions personnelles et subjectives. Elle traduit également un «effet musulman» basé sur une discrimination «partiale et localisée».

En 2015, la chercheuse indiquait que les recrutements via les réseaux sociaux ne permettaient pas réellement de limiter la discrimination à l’égard du «candidat minoritaire». Ces profils 2.0 véhiculent «généralement des informations plus riches que celles présentes dans le CV et la lettre de motivation, et sont donc plus susceptibles de révéler l’appartenance à un groupe minoritaire», notait la chercheuse. Par ailleurs, elle nuançait les avantages de ces usages :

«Les recruteurs exploitent ce complément d’information (…) Le candidat fictif Thomas Marvaux, dont le dossier de candidature est pourtant équivalent, mot pour mot, à celui de Stéphane Marcueil, présente un taux de réponse 40% supérieur.»

Cet écart s’explique par les différences d’information présentes sur le profil Facebook des candidats : «On y apprend que Thomas est né à Brive-la-Gaillarde et parle l’italien, mais que Stéphane est né à Marrakech et parle l’arabe.»

En 2018, les modèles de candidatures fictives comprenaient également des postulants identifiés étant juifs. Selon l’étude, leurs résultats restent très proches de ceux des chrétiens. Reprise par Slate, Marie-Anne Valfort met en contexte ces données, dans un pays où les questions d’ordre sécuritaire, identitaire et liées au terrorisme tiennent plus que jamais une grande place dans le débat public :

«Un consensus a émergé parmi les experts de l’islam radical en France et ailleurs, selon lequel la discrimination antimusulman opère comme un catalyseur dans le processus de radicalisation.»

casa007
Date : le 10 avril 2018 à 17h53
1,6 fois c'est très peu.. Moi j'ai postulé zéro fois ^^ Suffit de passer le concours d'état et on devient automatiquement fonctionnaire ^^ Zéro CV, zéro entretien Zen
TE Rayan
Date : le 10 avril 2018 à 16h25
Depuis quelques jours , les posts sont contre la France Arrêtez sérieux Vous lisez sur internet donc c'est la vérité Etre musulman ce n est pas appartenir à un pays C'est notre religion Allez postuler en Israel , vous verrez vos chances
Mortimer
Date : le 10 avril 2018 à 16h11
Salam, On parle de manière général, bien sur il y toujours des gens qui s’en sortent très bien,parce que bon bagage scolaire, bon réseau, bonne attitude etc... toujours regarder et analyser de manière global.
AigleRoyalair
Date : le 10 avril 2018 à 16h10
Allah yaatik saha, secteur des cadres ,ingénieurs qui en souffrent le plus de ce pile ou face qui hante les dossiers au niveau de la DRH
Citation
srnit à écrit:
1,6 ça me paraît faible Il y a sûrement de grandes disparités en fonction des secteurs : par exemple, cadres dirigeant : 4 à 5 fois ingénieur : 2 fois plombier : 1,2 fois femme de ménage : 0,3 fois vendeur de kebab : 0,001 fois etc...
srnit
Date : le 10 avril 2018 à 15h59
1,6 ça me paraît faible Il y a sûrement de grandes disparités en fonction des secteurs : par exemple, cadres dirigeant : 4 à 5 fois ingénieur : 2 fois plombier : 1,2 fois femme de ménage : 0,3 fois vendeur de kebab : 0,001 fois etc...
Tigzirtalgerie
Date : le 10 avril 2018 à 15h53
C’est faux ce que vous dites En France il y a égalités de traitement Ma femme musulmane a peine arriver en France àpostuler un poste elle a été embauché en cdi
AigleRoyalair
Date : le 10 avril 2018 à 15h42
Je suis d'accord l'effet mouton ,c'est notre " marque de fabrique " le dire franchement.
Mortimer
Date : le 10 avril 2018 à 15h38
Salam, Y aura toujours une forme de discrimination, à nous de nous adapter...être meilleur, performant et monter des réseaux...Le problème (en général) c'est que souvent les Français avec des origines sont sous qualifiés, sous diplômés et cerise sur le gâteaux manque parfois d’éducation...quand est un employeur, ben tu veux sélectionner le top... Bien sur y a des préjugés, les préjugés ont toujours une source réel... De plus J'ai remarqué l'effet mouton, des qu'un membre de la communauté a une idée de création de boite, d'emploi, de formation et ben dans les mois qui suivent tous s'engouffre la dedans...On peut pas jeter la pierre a quelqu'un qui cherche du boulot, mais parfois nôtres communauté manque d'imagination...
Taki rumba (DB)
Date : le 10 avril 2018 à 15h35
Je pense que c'est faussé car elle a pris comme exemple deux CV identiques: un Jean Machin français de souche né à Brives on peut lire sur FB et un autre Jean Machin dont on peu lire sur FB qu'il connaît l'arabe. Mohamed Babas il est exclu d'office de la course. Tout comme Ludmila Brodchenko !
Choco laté
Date : le 10 avril 2018 à 15h30
1,6 fois je trouve ça encore correct, mais vu les paresseux qu'on a chez nous c'est vrai que ça peut poser problème
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