Après avoir confirmé sa candidature dans six communes liégeoises aux prochaines élections communales de Belgique, prévues le 14 octobre, le parti Islam revoit ses ambitions à la hausse. Ainsi, il déposera des listes de candidats dans 14 communes au total, indique Sud Info.
Les communes concernées sont Anderlecht, Molenbeek-Saint-Jean et Bruxelles-ville, où il s’est déjà présenté en 2012, mais également Forest, Saint-Gilles, Etterbeek, Jette, Ganshoren, Koekelberg, Berchem-Sainte-Agathe, Schaerbeek, Evere, Saint-Josse et Ixelles.
Un discours, des tons multiples
Désormais, le parti Islam cache moins son référentiel religieux, contrairement aux déclarations données plus tôt cette semaine à l’agence Belga par Talal Magri, coordinateur de campagne. Si ce dernier a confié que la formation islamiste ne voulait pas endosser l’image du «parti religieux», le président de la formation, lui, voit son projet politique et social autrement…
Contacté par Sud Info, Abdelhay Bakkali botte en touche sur ses intentions d’instaurer la charia en Belgique, une position décriée par la presse belge. Pour lui, «la charia, c’est comme les sacs, elle peut prendre la forme de ce qu’on y met».
Il explique alors que la charia «où on coupe la main au voleur est celle des ignorants», les plus aimés par Dieu étant «ceux dont les actions profitent le plus» à la société. Ce discours fait écho de manière inquiétante à celui des associations à tendance salafiste, connues pour leur action politique. A l’image d’un islamiste convaincu, Bakkali déclare :
«Si nous établissons une justice sociale, nous serons aimés de Dieu (…) Quand on étudie correctement la constitution belge, celle-ci correspond déjà à 80% au Coran.»
C’est à se demander où auraient été laissés les 20% qui manquent, entre l’égalité hommes-femmes et les dispositions de la loi permettant l’avortement, l’euthanasie, ou encore les mariages homosexuels en Belgique. Des thématiques sur lesquelles le parti Islam ne se prononce d’ailleurs pas, laissant suspendue la question de son intention de faire adapter la constitution belge avec le Coran à 100%.
Oui à la parité, mais pas trop
Sur l’égalité hommes-femmes, notamment au niveau politique, les réactions du parti Islam restent pour le moins rétrogrades.
La parité totale sur les listes électorales est une mesure obligatoire pour les élections communales à Bruxelles. Entrée en vigueur le 1er janvier 2013, elle a été introduite par une ordonnance le 15 mars 2012. Pour la première fois, elle s’appliquera cette année au scrutin du 14 octobre 2018.
De quoi faire bondir les deux élus du parti Islam. L’un d’eux, Redouane Ahrouch, est déterminé à ce qu’«aucune [des femmes candidates du parti] ne figure en tête de liste». Il va jusqu’à considérer que l’obligation de la parité «a été instaurée afin de bloquer l’ascension de son parti», selon le site 7sur7.
Interviewé ce vendredi par DHnet, Ahrouch campe sur ses positions :
«La parité homme-femme aux élections ne m’embête pas. Mais nous, ce que l’on prône, c’est qu’il y ait d’office un homme positionné en tête de liste. Un homme vrai, courageux. J’estime que l’homme doit tirer la liste, c’est logique. L’homme devant, la femme derrière, et comme ça, elle se sent aussi en sécurité.»
Plutôt que la sensibilisation, l’annulation de la mixité
Ce vendredi, 7sur7 relaie de son côté quelques grandes lignes du programme électoral du parti, où celui-ci propose, entre autres, de «séparer les hommes et les femmes dans les transports publics». La formation se défend même de toute motivation religieuse l’ayant poussée à faire une telle proposition.
Dans ce sens, le média cite Redouane Ahrouch, également trésorier du parti, et qui s’est exprimé auprès des journaux du groupe Mediahuis. Pour lui, l’idée ne serait pas motivée par la religion. Il va jusqu’à arguer qu’en sa qualité de conducteur de bus à la Société des transports intercommunaux de Bruxelles (STIB), il recueille «régulièrement de nombreuses plaintes de femmes pour harcèlement».
Plutôt que de proposer des mesures de sensibilisation, débattre sur le rôle de l’éducation et des valeurs civiques inculquant le respect entre citoyennes et citoyens pour leur apprendre à partager un même espace sans donner lieu à des violences sexistes, la solution serait donc de séparer les transports entre hommes et femmes. Une mesure qui n’a pas prouvé systématiquement son efficacité dans tous les pays – musulmans ou non – où elle a été appliquée.