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Grand Angle

Espagne : Une Marocaine dénonce la «déshumanisation des migrants»

Née de parents marocains, Miriam Hatibi estime que les médias ne sont pas le reflet de la diversité culturelle et sociale de la société espagnole.

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Miriam Hatibi, ici à Barcelone lors d’un rassemblement contre le terrorisme, en compagnie de l’actrice catalane Rosa Maria Sardà, peu après les attentats de Catalogne / Ph. Cadena Ser
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En Espagne, la porte-parole de la Fondation Ibn Battuta, Miriam Hatibi, monte au créneau contre la «déshumanisation des migrants» en Europe, d’après l’agence EFE, qui s’est entretenue avec cette militante espagnole – Catalane en l’occurrence – née en 1993 de parents marocains.

La jeune femme, qui vient de publier son premier livre, «Mírame a los ojos» («Regarde-moi dans les yeux», Plaza & Janés, mars 2018), estime qu’il faut «refuser d’accepter la déshumanisation de l’autre» et plaide pour une meilleure intégration et participation des migrants à la vie sociale et politique, notamment à travers le droit de vote. «Le fait [pour eux] de ne pas pouvoir voter les exclut du débat et les empêche de s’intégrer dans la société», poursuit-elle.

Dans son livre, Miriam Hatibi évoque notamment le parcours de sa mère, arrivée en Catalogne depuis Casablanca à l’âge de 23 ans un jour de Noël 1989. «Il faut bien comprendre que l’immigration, c’est bien plus qu’une traversée de l’océan ; ce sont des histories de vie complètement chamboulées par ce processus», estime cette consultante en communication et membre de la Fondation Ibn Battuta, qui «œuvre pour la diffusion culturelle et sociale entre les pays arabes et l’Europe», ainsi que la décrit l’agence Europa Press, et en faveur de l’intégration des migrants qui arrivent en Catalogne.

Si ses observations se focalisent plus sur le volet social et politique, la santé n’est pas en reste. Le collectif Yo Sí Sanidad Universal a récemment dénoncé l’exclusion du système de santé des femmes enceintes et des mineurs sans papiers qui séjournent en Espagne depuis moins de 90 jours. D’après l’association, les fonctionnaires madrilènes sont en effet priés de vérifier les documents d’identité des étrangers qui réclament une prise en charge médicale.

«Jusqu’à satiété»

Miriam Hatibi est une figure bien connue de la société civile de Barcelone. Elle s’est fait connaître au lendemain des attentats de Catalogne, les 17 et 18 août derniers. Lors de ses apparitions télévisées, elle s’est exprimée sur une thématique qui sonne comme un leitmotiv dans certains pays européens, de surcroît après une attaque terroriste : la représentation de la communauté musulmane. S’interrogeant sur «son rôle» après ces attentats, qu’elle a fermement condamnés, cette militante a souhaité «prendre la parole», à défaut que les médias la lui donnent, craignant toutefois une «stigmatisation» de l’islam et ses amalgames avec le terrorisme.

«Nous ne sommes jamais des victimes, jamais des protagonistes, jamais des experts. Seulement des témoins pour répéter jusqu’à satiété que ‘l’islam est une religion de paix’», s’agace Miriam Hatibi, déplorant que la télévision espagnole ne soit pas le reflet «de la diversité et de la société actuelle». Et d’ajouter : «Vous ne verrez jamais de médecin voilée à la télévision, alors qu’il y en a pourtant plein dans la société».

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