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Grand Angle

Attaques de l’Aude : Abdelhak Khiame inquiet que la France n’ait pas alerté le Maroc sur la radicalisation de Lakdim

Le directeur du BCIJ, Abdelhak Khiame, ne comprend pas pourquoi les autorités françaises n’ont pas alerté le Maroc sur le comportement extrémiste du terroriste franco-marocain.

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Abdelhak Khiame, directeur général du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) / Ph. DR.
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Le directeur du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), Abdelhak Khiame s’est exprimé sur les attentats de l’Aude, perpétrés le 23 mars, et il n’a pas caché ses inquiétudes. Mardi, il a indiqué à l’agence Associated Press que les autorités françaises n’avaient pas alerté leurs homologues marocains sur la radicalisation de Radouane Lakdim, l’assaillant franco-marocain.

«Nous n’avons pas été informés des antécédents de Lakdim», a-t-il déclaré, ajoutant que la France «avait surveillé» le jeune homme juste avant son passage à l’acte. Une situation qu’Abdelhak Khiame qualifie de «malentendu», rappelant que les autorités françaises sont censées partager des renseignements sur les binationaux qui font l’objet d’une surveillance pour leur radicalisation.

D’après le patron de la BCIJ, et suite aux enquêtes sur les membres de la famille de Lakdim résidant au Maroc, le Bureau a conclu qu’il ne manifestait aucun signe de radicalisation. Son dernier séjour dans le royaume remonte à 2012. A cette époque-là, les soupçons ne pesaient pas contre le jeune homme, a insisté Abdelhak Khiame.

Une coopération maroco-européenne maintes fois réitérée

Les informations relayées par l’agence de presse américaine ont de quoi surprendre, le BCIJ ayant déjà coopéré à plusieurs reprises avec les autorités de certains pays européens dans le cadre d’enquêtes portant sur des individus radicalisés.

Le Bureau, qui a démantelé au Maroc 40 cellules terroristes et arrêté 548 personnes depuis 2015, a en effet partagé avec les autorités européennes des éléments capitaux sur des cellules et des individus ayant l’intention de perpétrer des attentats terroristes en Europe. Abdelhak Khiame l’a lui-même confirmé dans une interview au journal belge La Dernière heure :

«Plusieurs attentats qui étaient sur le point d’être commis dans des pays européens, notamment en France, en Espagne et en Belgique, ont été déjoués par un échange d’informations importantes entre les services de sécurité marocains et leurs homologues européens.»

S’adressant à la même source, le directeur du BCIJ indique que le Maroc ne «garde» jamais des informations fondamentales pour la sécurité de ces pays. Il a souligné que la coopération de ces derniers avait permis de démanteler une cellule terroriste à Verviers, en Belgique, de localiser le principal suspect des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, et de fournir des renseignements extrêmement importants sur les terroristes en fuite.

Les services du Bureau ont également couvert l’Espagne, qui a choisi de collaborer officiellement avec le Maroc pour lutter contre le terrorisme. En août, et après les attentats de Barcelone et Cambrils, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftite s’était entretenu avec son homologue espagnol, Juan Ignacio Zoido, en compagnie d’Abdellatif Hammouchi, chef des services secrets marocains, et d’Abdelhak Khiame.

«Entretien d’évaluation»

L’Agence France-Presse (AFP) a indiqué ce matin que Radouane Lakdim avait reçu, quelques jours avant la double attaque de l’Aude, un courrier de la direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) pour être convoqué à un entretien administratif. Hier, une source policière a fait savoir auprès de l’AFP que ce rendez-vous devait prendre la forme d’un «entretien d’évaluation».

Une information que le ministre français de l’Intérieur Gérard Collomb a confirmée, ce mercredi au micro de France Inter. Le responsable s’est par ailleurs fendu d’une précision surprenante : «C’est vrai qu’il avait reçu une convocation, mais c’était plutôt pour lui dire qu’on allait laisser son dossier.»

«Un examen avait été fait par le GED, le groupe d’évaluation départemental, et toutes les écoutes réalisées et les sources humaines près de lui montraient que personne ne pensait qu’il y allait y avoir une attaque précoce», a ajouté Gérard Collomb.

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