Dès avril dernier, Claude Guéant avait annoncé la couleur. Travailler en France quand on est non-ressortissant de l'Union Européenne, considéré comme une des principales sources de l'immigration, ne sera plus chose aisée. Aujourd'hui, Claude Guéant s'en donne les moyens: la liste des trente métiers ouverts aux non-ressortissants de l’Union européenne ou de la confédération suisse a été réduite à quinze métiers. Cette liste sera en vigueur d’ici 2013. Une liste qui reste adaptable, en principe, aux fluctuations du marché du travail en France. En plus de cela, chaque préfet aura le droit d’alléger la liste des «quinze», si la demande en main d’œuvre pour un métier donné n’est pas en tension dans sa région, jusqu’à se contenter d’un seul métier s’il le faut, comme précisé dans le projet d’arrêté.
«La France n’a pas besoin de maçons»
Les maçons, ou plutôt le secteur du BTP de manière plus générale, figurent en effet parmi les métiers les plus touchés. Chef de chantier, chargé d'études ou encore conducteur de travaux, ces métiers ont disparu de la liste des postes à pourvoir dans le BTP pour les immigrés. Seul est conservé le poste de dessinateur. Les informaticiens sont fortement visés également, seuls les «experts» restent les bienvenus. Parmi les métiers qui ont survécu dans la nouvelle liste figurent également le téléconseil, l’audit et contrôle comptable ainsi que les techniciens du bois et de verre. Les experts en chimie et pharmaceutique ont toujours la côte, avec les experts des produits mécaniques. Par contre, on peut lire sur la liste d’autres métiers qui n’ont jamais été très convoités par les immigrés, à savoir agent d’assurance, installateur d'ascenseurs ou géomètre.
Une mesure à l’efficacité incertaine
A part soulever le débat, ce projet d’arrêté n’a pas cueilli d’emblée l’unanimité auprès des syndicats. Pour Raymond Chauveau, syndicaliste à la CGT, cette mesure a une «visée politique» et «ne changera pas grand-chose» concrètement. D’après lui, «Sur les postes d'experts évoqués, les grands groupes ont recours à la mobilité interne depuis leurs filiales situées à l'étranger» assure-t-il.
L’adoption de cette liste ne libèrera pas plus de 10 000 à 12 000 emplois, sur des filières qui n’intéressent que très peu. Le gouvernement insiste : il préconise la formation de chômeurs à ces spécialités là. La difficulté d’adapter la liste aux fluctuations du marché de l’emploi est pointée du doigt également, vu que la première liste est restée inchangée trois ans durant. Le gouvernement calme les ardeurs en promettant «une révision au plus tard le 1er aout 2013».