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Grand Angle

Hirak : Me El Bouchtaoui choisit de s’éloigner du Maroc

Membre des avocats de la défense des militants du Hirak détenus à Casablanca, Abdessadek El Bouchtaoui a décidé de s’installer aux Pays-Bas pour plusieurs raisons, qu’il détaille auprès de Yabiladi.

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Abdessadek El Bouchtaoui, avocat au barreau de Tétouan et membre de la défense des détenus du Hirak à Casablanca. / Ph. DR
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Le site arabophone Al Hayat Al Yaoumia a rapporté ce mardi que l’avocat Abdessadek El Bouchtaoui, parmi ceux chargés de défendre les militants du Hirak du Rif, aurait décidé de s’exiler aux Pays-Bas. Selon le média, Me El Bouchtaoui aurait demandé l’asile politique, après avoir décidé de «quitter définitivement le territoire marocain».

Contacté par nos soins, l’avocat précise à Yabiladi se trouver en ce moment aux Pays-Bas, mais sans avoir encore déposé de dossier concernant une demande d’asile. Il souligne également ne pas avoir quitté le Maroc d’une manière définitive.

Un éloignement qu’il espère temporaire

Par ailleurs, l’avocat nous indique avoir pris la décision de ne pas revenir au pays «tant qu’il y aura encore des militants du Hirak en prison et tant que les tentatives pour [le] mettre en prison et museler [sa] liberté de parole persisteront». Et d’ajouter :

«Si je reviens actuellement au pays, il y aura encore des tentatives pour m’emprisonner moi aussi. Mon éventuelle arrestation n’apportera rien en matière de soutien aux détenus. Pour toutes ces raisons, je préfère donc continuer à défendre les détenus du Hirak par le biais de la pression internationale, sans laquelle on n’aurait d’ailleurs pas entamé, depuis au moins une décennie, un processus de construction d’un Etat reconnaissant les droits humains.»

Dans ce sens, Abdessadek El Bouchtaoui part du Maroc pour une durée indéterminée, avec un goût de déception :

«Malgré tout le travail qui a été fait depuis le temps, je constate qu’il existe encore une continuité des usages des années de plomb. Ils reviennent même avec de plus en plus de force. J’espère qu’à travers mon travail et celui de tous ceux qui soutiennent les détenus depuis l’extérieur du Maroc, notre pays pourra atteindre un jour la véritable réconciliation. Et avec les militants du Hirak, et avec nos concitoyens de manière globale.»

Me El Bouchtaoui a été condamné, le 8 février dernier, à 20 mois de prison ferme par le tribunal de première instance d’Al Hoceïma. Le Parquet lui reproche d’avoir «insulté des fonctionnaires et des représentants de l’autorité dans l’exercice de leur fonction», en plus d’avoir incité «à commettre des délits» et «organisé des rassemblements non autorisés».

Dans un précédent entretien, l’avocat nous a confié que ces accusations relevaient plutôt d’«un procès politique visant à [le] faire taire et à ne mettre en avant que la version officielle concernant le Hirak, dont les revendications sociales sont et resteront légitimes». Dans le cadre du même procès, Me El Bouchtaoui devait comparaître en appel le 22 mars prochain, puis le lendemain pour une audience dans le cadre de mesures disciplinaires liées à son métier.

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