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Grand Angle

L’arabe de Ceuta fait partie de l’histoire de l’Espagne, selon un chercheur espagnol

La présence en Espagne de l’arabe de Ceuta depuis la seconde moitié du XIXe siècle «est un argument de poids», estime le chercheur Francisco Moscoso.

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L’arabe de Ceuta est une langue historique dont la présence remonte à la seconde moitié du XIXe siècle. DR
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N’en déplaise au ministère espagnol de la Présidence et des administrations territoriales, qui a récemment exclu la darija de la «Charte européenne des langues régionales ou minoritaires», l’arabe de Ceuta fait partie de l’histoire de l’Espagne, estime un chercheur ibérique.

Cité par le journal en ligne Ceuta al Día, Francisco Moscoso, professeur titulaire de langue arabe et de dialecte arabe marocain à l’Université autonome de Madrid, est formel : «La présence de l’arabe ceutien (de Ceuta, ndlr) depuis la seconde moitié du XIXe siècle est un argument de poids, qui nous permet de parler d’une tradition proprement dite et, en définitive, qu’il s’agit d’une langue qui fait partie de l’histoire de l’Espagne.»

Si l’arabe tel qu’il est parlé à Ceuta a fait l’objet d’une attention particulière de la part du gouvernement espagnol en 2010 et 2014, il a été exclu de la charte au titre de la période 2014 - 2016. Dans son avant-dernier rapport, l’exécutif central a averti que «comme le statut d’autonomie de Ceuta ne reconnaît pas le caractère officiel de la darija, ni n’institue aucune forme de protection ou de soutien, il ne serait pas approprié d’inclure un tel dialecte dans la protection de la Charte européenne».

Adapter le vocabulaire administratif au contexte linguistique

D’après Francisco Moscoso, «l’arabe ceutien est une langue historique, dont la présence remonte à la seconde moitié du XIXe siècle. Par ailleurs, les résidents de l’Etat espagnol qui parlent cette langue sont bilingues». Le chercheur ajoute que la darija est «la langue parlée par la plus grande population bilingue espagnole de Ceuta» et que celle-ci «fait partie de la même famille que l’arabe marocain de la région des Jbala», population arabophone d’une partie du nord du Maroc.

Le chercheur estime également qu’une autre problématique «devrait être résolue dans le vocabulaire administratif» : «la dénomination de la soi-disant ‘population chrétienne occidentale’ et ‘minorité arabo-musulmane’, ou simplement les ‘chrétiens’ et les ‘musulmans’». Une qualification qu’il juge «désuète», recommandant plutôt de «parler de la citoyenneté espagnole et, si vous voulez établir des statistiques, de la citoyenneté espagnole monolingue et de la citoyenneté espagnole bilingue».

L’amazigh à peine audible

A Ceuta, 62,9% des habitants dont l’origine socioculturelle est arabo-musulmane, utilisent la darija comme langue de communication habituelle. Seulement un sur trois (34,6%) s’exprime en castillan de manière plus assidue, selon les conclusions d’un rapport intitulé «Les usages linguistiques de la population de Ceuta : l’espagnol, l’arabe et l’amazigh» (2014), financé par l’Institut des études de Ceuta (IEC) et coordonné par la directrice du Département des études sémantiques de l’Université de Grenade (UGR), Maribel Lázaro.

Globalement, l’étude montre que le castillan est la langue principalement parlée à Ceuta (72% des résidents), tandis que l’arabe arrive en seconde place (26,2%). En revanche, l’amazigh est à peine audible, parlée par seulement 0,2% des habitants de l’enclave espagnole.

L’étude se concentre également sur la «langue d’identification» ; celle que chaque habitant considère comme étant la sienne. Ainsi, 70,9% des personnes interrogées s’identifient à l’espagnol, contre 24,3% à la darija. «Une proportion minimale de la population (0,9%) s’identifie aux deux en même temps.»

Enfin, en matière de «connaissance approfondie» des deux langues majoritaires à Ceuta, 99,8% des citoyens disent «comprendre» le castillan ; 98,3% le parlent et 94,3% le lisent. L’arabe de Ceuta, principalement véhiculé à travers l’environnement familial (pour 92,2% des personnes le parlant), est compris par 45% des habitants, contre 42,8% qui le parlent.

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