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Grand Angle

Campus #12 - Dubaï : Trois étudiants marocains racontent leur expérience estudiantine dans la ville émiratie

Les étudiants marocains deviennent de plus en plus internationaux. Certains d’entre eux choisissent de s’expatrier dans des pays ultra-modernes. Loin des strass et paillettes que peuvent laisser présager d’emblée la vie dans les Emirats arabes unis, Ismaïl, Nassim et Nabila se livrent sur une expérience estudiantine dans une ville cosmopolite et multiculturelle : Dubaï.

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Ismaïl, Nassim et Nabila se livrent sur une expérience estudiantine dans une ville cosmopolite et multiculturelle : Dubaï. / Ph. DR
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Après l’expérience de trois étudiants à Singapour, direction les Emirats arabes unis avec trois Marocains qui ont vécu pour au moins six mois à Dubaï dans le cadre de leur cursus universitaire.

Nabila, est originaire de Sefrou et effectue actuellement ses études à l’université de Wollongong, dans le cadre d’un master en sciences et logistique. Depuis septembre, la jeune femme de 22 ans découvre Dubaï et s’épanouit petit à petit, loin de sa famille et de ses repères. Elle a choisi la ville émiratie par conviction, par ambition : «Ici, tu as le choix d’étudier et en même temps de commencer ta carrière, tu as cours deux fois par semaine le soir, et si tu veux faire un stage ou travailler, tu es libre de faire ce que tu veux», confie à Yabiladi l’ancienne étudiante de l’université d’Akhawayn. Grâce à une agence, Nabila a pu postuler dans plusieurs universités de Dubaï.

Nassim a eu la même envie, le Franco-marocain, originaire de Rennes a fait ses études à l’EM Normandie. «Mon crédo était de faire des stages et des échange à l’étranger», déclare à Yabiladi, le jeune homme de 25 ans. Et d’ajouter : «En cinq ans, j’ai passé la moitié de mon temps à l’étranger. J’ai fait mon premier stage à Ibiza en Espagne, puis je me suis envolé aux Etats-Unis pour un an d’échange. J’ai fait une césure d’un an au Costa Rica. Quand je suis revenu, je pouvais faire un double diplôme en gestion de projet à Dubaï pour mon M2», ajoute le natif de Rennes. Ce dernier voulait changer des pays hispanophones et «parfaire [son] arabe», mais aussi travailler pendant ses études. Durant l’été 2015, il s’envole pour Dubaï et y reste un an pour faire ses études au sein de l’Institute of Management Technology (IMT), une université indienne, dont un des campus de la ville émiratie.

Ismail, originaire de Rabat a fait un échange dans la même université que Nassim, pour six mois. Le jeune homme de 25 ans a pu faire ce choix à cause du partenariat entre Neoma Business School et IMT Dubai. «Dans notre master c’est obligatoire de faire un échange international pour valider. Il faut faire au moins un semestre à l’étranger, soit en stage soit comme tu veux. J’ai fini à Dubaï», confie le Rbati.

Nabila à la mer, un endroit connu à Dubaï. / Ph. Nabila KarkourNabila à la mer, un endroit connu à Dubaï. / Ph. Nabila Karkour

Une toute autre réalité

Les premiers mois ne sont pas de tout repos pour les trois étudiants qui débarquent dans une ville multiculturelle, où le luxe est omniprésent. Pour Nabila, l’université a joué un grand rôle pour lui montrer tout ce dont elle a besoin «pour postuler à des stages ou des offres d’emploi». Pour la native de Sefrou, son université lui a «beaucoup facilité les choses». Du côté de l’ancien étudiant de Neoma Business School, les premiers temps sont celui de «l’émerveillement» avec «l’architecture flamboyante et les gratte-ciels». Il déclare : «Au début c’est positif, parce que tu as des choses auquel tu n’es pas habitué. J’habitais au 20ème étage dans une tour immense». Mais après quelques mois, le jeune homme de 25 ans se lasse.

«Je trouvais saoulant de vivre dans une ville trop superficielle, une ville sans histoire. Tu as l’impression qu’il y a une dichotomie dans le pays.»

Nassim de son côté vit une véritable épreuve lors de son arrivée à Dubaï. Il se fait arnaquer à plusieurs reprises et se retrouve dans des appartements «infestés de cafards et de puces». En un an, il change à sept reprises de lieu d’habitation. Il se retrouve même SDF à un moment.

Pendant une semaine, je dormais maximum trois heures dans un appartement que j’avais loué, en cachette, mais le propriétaire venait tout le temps. Je partais dans les malls (centre commerciaux, ndlr) à la recherche d’un appartement. Le passeport était donné à l’école parce qu’ils doivent l’envoyer aux autorités, je ne pouvais aller dans aucun hôtel.»

Ismail, tout à gauche, en compagnie d'amis lors de son échange à Dubaï. / Ph. Ismail BekkaliIsmail, tout à gauche, en compagnie d'amis lors de son échange à Dubaï. / Ph. Ismail Bekkali

Loyers exorbitants

D’ailleurs les trois Marocains sont unanimes, les loyers à Dubaï sont exorbitants. Nassim payait 500 euros (près de 5700 dirhams) pour avoir une place avec 5 personnes dans un studio, loin du centre-ville, près de l’école et ça sans compter l’eau et l’électricité. «Le vrai problème que ce soit aux Emirats arabes unis, Qatar ou Koweit, c’est le logement. Il y a une spéculation immobilière qui fait que c’est cher», indique le natif de Rennes. Ismail pour sa part habitait dans un des quartiers prisé par les expatriés, à Dubaï Marina. Le Rbati payait l’équivalent de 900 euros (près de 10 000 dirhams) «pour la plus petite chambre d’un appartement loué avec d’autres colocataires». Il ajoute en éclatant de rire : «Je n’avais pas de salaire, j’étais étudiant». Nabila pour sa part a le loyer le plus élevé, la jeune femme de 22 ans paye près de 13 000 dirhams par mois pour un studio, «proche de toutes les commodités, tram et métro».

Un autre inconvénient dans la ville émiratie entrave le quotidien de nos interlocuteurs. C’est le transport en commun et le fait que la ville n’est pas du tout conçue pour les piétons. «Si tu t’éloignes, tu ne trouves pas de métro ni de tram et prendre un taxi revient très cher», précise Nabila. Ismail raconte d’ailleurs que son école se trouvait à 45 minutes de son logement. Il se retrouve obligé de partager les frais du taxi chaque matin avec quelques étudiants pour limiter les coûts.

Au final cette expérience n’aura pas du tout été reposante pour les trois Marocains. Nabila ne se voit pas du tout revenir au Maroc : «Ici, tu te sens en sécurité, ta valeur est reconnue auprès des employeurs, quand tu passes un entretien t’es au même niveau que les autres. Si tu as les compétences qu’il faut, tu obtiens le job». Ismail a pu beaucoup voyager lors de son échange : «L’un des plus gros avantages de Dubaï, c’est que c’est un gros hub aéroportuaire. Tu peux visiter beaucoup de pays à des prix raisonnables. Tu peux aller dans des pays à côté qui ont plus d’histoire, comme la Jordanie et le Liban». Enfin, Nassim a trouvé du travail au Qatar, avant d’être diplômé.

«J’ai travaillé dans un fonds d’investissement pendant six mois en temps partiel. Ça m’a ouvert des portes, c’est aussi à travers l’école que j’ai été repérée par ma boite actuelle, je n’ai pas eu à postuler, c’est eux qui m’ont proposé des entretiens, qui m’ont repéré dans un forum de l’école.»

D’ailleurs le Franco-marocain conclut en disant que Dubaï est «une ville des extrêmes, orientée totalement vers le business où tout le monde est de passage».

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