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Grand Angle

Maroc : L’AMEP défend l’intégration de la philosophie au BAC Pro

Dix jours après une décision ministérielle n’intégrant pas l’enseignement et l’évaluation de la philosophie au BAC professionnel, l’Association marocaine des enseignants de philosophie (AMEP) est montée au créneau pour alerter sur un retour en arrière.

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Photo d'illustration. DR
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Publiée au Bulletin officiel le 12 février, une décision ministérielle réorganisant les épreuves du baccalauréat pour les filières professionnelles crée la polémique, encore plus du côté des enseignants. Ces derniers contestent cette mesure et la manière unilatérale avec laquelle elle a été prise.

Ils rappellent également que le ministère de tutelle devait penser aux modalités de l’intégration de la philosophie au cursus du BAC professionnel – où elle est toujours absente – lorsque cette décision est tombée, mettant à mal ce processus.

Inspecteur principal de philosophie et secrétaire national de l’Association marocaine des enseignants de philosophie (AMEP), Abdelkarim Safir nous affirme que le cœur de la polémique est «la suppression de la philosophie de l’examen et de l’enseignement du BAC professionnel». Il nous confie également que le corps professoral se doit de réagir :

«Nous sommes conscients de la situation : depuis la création du BAC Pro, il y a quatre ans, la philosophie n’a pas été enseignée dans le cursus des première et deuxième années. Depuis le temps, nous n’avons pas eu un cadre référentiel et une base réglementaire (document, loi, circulaire…) qui nous serviraient de plaidoyer dans ce sens. Cette décision en est, désormais. Elle nous permettra d’interpeller le ministère de l’Education nationale pour harmoniser le cursus du BAC Pro avec la vision globale de l’enseignement.»

Enseignant de philosophie au lycée Moulay Ismail de Safi, également membre de l’AMEP, Hakim Sikouk redoute que «si cette décision venait à être appliquée, ce serait une victoire pour les forces fondamentalistes sur la pensée rationnelle et moderniste». Abdelkarim Safir rappelle toutefois qu’«il existe un consensus national sur l’importance d’enseigner la philosophie dans toutes les filières du BAC. Un ministre ne peut donc pas l’annuler de la sorte. C’est un engagement de l’Etat et une décision politique qui doit être au-dessus de toute autre considération».

Dans un communiqué rendu public jeudi soir, l’AMEP conteste ainsi «cette décision injuste» et appelle le ministère de l’Education nationale à modifier une nouvelle fois sa décision, afin «d’intégrer la philosophie à l’enseignement professionnel secondaire et à l’examen national». Plus loin, l’association «tient le ministère responsable» de cette situation. Elle rappelle que «cette décision est contradictoire à une autre (n°2385.06 du 16 octobre 2006), en vertu de laquelle la philosophie est enseignée et évaluée dans toutes les filières du baccalauréat marocain».

Retour en arrière

Par ailleurs, l’association considère cette initiative unilatérale comme «un retour en arrière, infondé juridiquement et pédagogiquement et portant atteinte au principe d’intégration de cette matière dans le secondaire». Une démarche contradictoire, notamment avec «la Charte nationale de l’enseignement, le Livre blanc et les termes de la Stratégie nationale de réforme du système d’éducation et de formation 2015 – 2030», comme le rappelle l’AMEP.

L’Association des enseignants de philosophie n’a pas encore communiqué sur toutes ses prochaines démarches de plaidoyer, mais Hakim Sikouk nous indique d’emblée qu’«il serait prévu d’envoyer des correspondances à toutes les parties concernées, du ministère aux acteurs de la société civile, les forces progressistes de notre société, afin d’enrichir notre plaidoyer pour l’esprit critique et de contrer les forces réactionnaires».

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