Maroc-Norvège : L’enlèvement des enfants de Khalid Skah devient une affaire d'Etats

Selon Khalid Skah, il vivait à Rabat avec Salma et Tarek, ses deux enfants âgés respectivement de 16 et 13 ans depuis 2006. Leur mère, norvégienne, Anne Cecilie Hopstock – aujourd'hui séparée de Khalid – les avait quittés en 2007 pour retourner en Norvège, et ce, de manière volontaire. L’athlète marocain a tenu une conférence de presse le mercredi 5 aout pour « éclairer l'opinion publique sur cette affaire et de dévoiler les dépassements commis par l'Ambassade de Norvège au Maroc à ce sujet». Il a déclaré à cette même occasion vouloir poursuivre la Norvège pour l’enlèvement de ses enfants. Dans l’entretien qu’il a accordé au quotidien Aujourd’hui Le Maroc (ALM), le champion du monde de cross-country des années 1990 et 1991 affirme que l’ambassadeur norvégien au Maroc, l’a menacé de kidnapper ses enfants –détenteurs de la double nationalité maroco-norvégienne – et l’a harcelé parce qu’il refusait de le recevoir en visite.

Le samedi 18 juillet, l’ambassadeur Bjorn Olav Blokhus se serait rendu à son domicile à Rabat, à bord d’une 4x4 Volvo noire avec pour objectif de retourner avec les mineurs. Sans succès. Toujours selon ses témoignages, le diplomate scandinave est revenu en personne avec des hommes armés dans le même véhicule. Ils ont réussi cette fois à pénétrer, sans faire de dégâts matériels, enlever les enfants avant de les amener dans la résidence de l’ambassadeur. Par la suite les deux adolescents auraient été acheminés par bateau en Espagne, avant de s’envoler pour Oslo. Comme on pouvait s’y attendre dans de pareilles circonstances, chaque partie rapporte sa version des faits.

Du côté des Scandinaves, on se défend d’avoir kidnappé ces mineurs. « Nous ne pensons pas avoir fait quoi que ce soit de répréhensible », avait réagi Bjoern Jahnsen, porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères, cité par l’AFP. La Norvège reconnait simplement son rôle implicite. «Ils se sont présentés à notre ambassade parce qu'ils craignaient pour leur vie. Nous avions de bonnes raisons de les croire et Jonas Gahr Store – ministre des Affaires étrangères – en personne a décidé qu'ils seraient accueillis dans la résidence » de l'ambassadeur, a expliqué ce porte-parole à l'AFP. « Après quelques jours, leur mère et eux-mêmes ont demandé à repartir et nous n'avions pas à leur poser de questions sur ce qu'ils comptaient faire », a-t-il ajouté. Difficile de croire à cette thèse pour le commun des mortels.

La presse de ce pays nordique rapporte en outre de nombreux propos de l’ex-épouse de Khalid. Pour cette dernière, le Marocain serait devenu violent et aurait séquestré ses propres enfants. Des accusations rejetées catégoriquement par le natif de Midelt. D’ailleurs il aurait assuré lors de sa conférence de presse du 5 aout au siège de la Fédération royale marocaine d’athlétisme, que ses deux enfants vivaient bien avec lui. Il aurait montré d’après le journal Aftenposten, des photos de famille et documents scolaires de ses gosses qui avaient de bonnes notes et de nombreux amis. Par ailleurs, Anne Cecilie Hopstock aurait, selon l’AFP, déposé plainte contre son ex-mari pour enlèvement, violences et menaces. L’ambassadeur norvégien a fait de même pour menace, agressions…

La réaction marocaine ne sait pas fait attendre. Informé de l’exfiltration de la progéniture de l’ex-coureur de demi-fond, champion du monde en 1994 de semi-marathon, le ministère marocain des Affaires Etrangères a dénoncé dans un message, une « sortie illégale du territoire » à l'aide de « réseaux de type mafieux ». Par ailleurs des informations officielles faisaient état de la convocation le 24 juillet, de Bjorn Olav Blokhus, au département de Taieb Fassi Fihri pour explication.

Dans un entretien accordé au troisième plus grand quotidien de son pays, Dagbladet, Jonas Gahr Store, a invoqué des contacts avec la partie marocaine pour le règlement, sans plus de détails. Khalid Skah est décidé à poursuivre devant une juridiction internationale le gouvernement norvégien. Il ne peut par contre se rendre dans ce pays, vu qu’il est poursuivi par son ex-compagne. Il devra peut-être laisser la diplomatie faire le travail à sa place, puisque cette fois, ses adversaires ne sont pas des marathoniens ordinaires sur une piste, et la course risque de durer plus longtemps que prévue.
Affaire à suivre…