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Interview

Sécurité routière : «Il faut une communication ciblée et adaptée au public» [Interview]

Benacer Boulaâjoul, secrétaire permanent du Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC), souligne l’importance de former les ingénieurs et techniciens municipaux pour un meilleur aménagement des espaces urbains.

Publié
Ph. Thomas Brégardis (Ouest-France)
Temps de lecture: 3'

A l’occasion de la Journée nationale de la sécurité routière, lundi, le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani a rappelé l’objectif porté par la Stratégie nationale de la sécurité routière 2017-2026. Celle-ci vise à réduire de moitié le nombre de personnes tuées sur les routes, «avec un objectif intermédiaire qui consiste à réduire de 25% à l’horizon 2021», précise Benacer Boulaâjoul. Il revient là-dessus auprès de Yabiladi : 

Par quels leviers passe la sensibilisation à la sécurité routière ?

La Stratégie nationale de la sécurité routière 2017-2026 cible principalement ce qu’on appelle les usagers vulnérables : les piétons, les bicycles, les enfants de moins de 14 ans, ainsi que les accidents impliquant un seul véhicule, qui sont généralement dus à la somnolence ou à la fatigue et, enfin, les accidents impliquant un transport professionnel, que ce soit des voyageurs ou des marchandises.

L’axe d’intervention relatif au comportement, parmi les cinq élaborés pour remplir ces objectifs, comprend trois aspects : communication et sensibilisation, éducation et contrôle. Parmi les leviers qui sont utilisés, il y a bien sûr les médias : la télévision, la radio, l’affichage grand format et la presse nationale. Il y a un volet sur la communication digitale, très stratégique, qui vise à investir les réseaux sociaux pour interagir avec les usagers.

La communication événementielle et les relations publiques sont également importants. Cela passe par une participation à tous les évènements publics, comme les foires et les expositions. On doit être présent pour communiquer avec les visiteurs, même si ce ne sont pas forcément des évènements en lien avec la sécurité routière, en adoptant notre communication à la population ciblée et à la thématique. Par exemple, on participe au Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM), à Meknès, par la mise en place d’un stand dédié aux accidents impliquant des charrettes et des engins agricoles.

Le champ hors-médias, lui, concerne les milieux scolaires ou ceux relatifs à l’enfance et à la jeunesse. On sensibilise à la sécurité routière par un certain nombre d’activités pédagogiques et ludiques dans le cadre parascolaire. On aimerait avoir la possibilité d’intégrer l’éducation routière dans le cursus scolaire. Le ministre de l’Education nationale a d’ailleurs récemment annoncé l’exigence d’un certificat de sécurité routière au niveau du cursus. On est aussi présent dans les communes rurales, notamment dans les colonies de vacances lors de la période estivale. Grâce à cela, on touche un potentiel de 300 000 enfants. Enfin, nous avons un réseau d’associations de proximité très développé, qui nous sert de relais pour communiquer.

La promulgation du nouveau code de la route en 2016 a-t-elle eu des effets bénéfiques ?

L’objectif de la première année de la Stratégie nationale, c’est-à-dire pour 2017, était de réduire de 3% le nombre de tués sur les routes. Le résultat est là. Nous sommes parvenus à une baisse de 2,62%. Il faut avoir une approche valorisante, systématique et anticipative qui implique l’ensemble des acteurs de la sécurité routière pour impacter les comportements et atteindre à terme une réduction substantielle du nombre de morts dus aux accidents de la circulation.

Des mesures vont-elles être prises pour améliorer l’état des infrastructures routières et de certains véhicules, notamment les taxis, et pour renforcer les contrôles ?

La sécurité routière au Maroc, à l’heure actuelle, est un chantier ouvert qui bénéficie de l’implication de l’ensemble des acteurs concernés. Le renouvellement du parc de taxis est un processus engagé, en cours de réalisation. La moitié a d’ailleurs été renouvelée. A terme, on aura un parc complètement rénové avec des véhicules neufs.

Maintenant, sur l’infrastructure, le Maroc a réalisé des progrès. Il faut rappeler qu’avant 2003, le réseau autoroutier ne dépassait pas les 500 kilomètres d’autoroute ; on en est aujourd’hui à 1 800 kilomètres, avec un maillage total du territoire national, de Tanger à Agadir. On peut même continuer via une voie express jusqu’à Tiznit, ainsi qu’entre Agadir et Taroudant, Casablanca et Béni Mellal, puis jusqu’à Oujda, avec des connexions vers Berkane et une voie express qui verra bientôt le jour entre Casablanca et Al Hoceima, et une rocade méditerranéenne qui ira de Tanger jusqu’à Saidia.

En partenariat avec les collectivités locales et le ministère de l’Equipement, notamment à travers les deux directions concernées – la direction des routes et celle des transports routiers –, on a réalisé un guide référentiel pour l’aménagement de la sécurité routière en milieu urbain. L’objectif, c’est d’assurer une certaine homogénéité de l’aménagement et de l’espace, tout en respectant les normes en vigueur. On a également effectué une première formation au profit des ingénieurs et des techniciens municipaux au niveau de la région Rabat-Salé-Kénitra, et on va couvrir l’ensemble des régions.

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