«Je le répète avec regret mais en toute responsabilité, attendez-vous à des problèmes en pointe jusqu’à la réouverture du terminal 1» de l’aéroport Mohammed V de Casablanca. L’annonce n’est pas d’une hôtesse de la RAM, mais bien de son PDG. Driss Benhima, qui reconnait que la ponctualité de la compagnie nationale «souffre dès que [la Royal air Maroc dépasse] en pointe les 120 vols par jours» n’endosse que «la moitié des problèmes vécus par les voyageurs». L’autre moitié, il l’attribue à l’ONDA, (Office national des aéroports), qui a accompagné «l’ouverture du terminal 2 par la fermeture du terminal 1», ramenant les capacités de l’aéroport à celui de son niveau d’il y a «20 ans, alors que le trafic a été multiplié par quatre !», détaille le PDG de la RAM, dans un entretien publié ce vendredi 15 juillet dans le quotidien Le Soir.
La deuxième compagnie du continent, souvent indexée par les passagers pour la mauvaise qualité de son service, promet là aussi de remédier à cette situation qui «donne une mauvaise image». Benhima va se tourner vers «des experts afin de réduire les situations dégradées auxquelles nous assistons à chaque période de pointe». Non sans signaler que la démocratisation du transport aérien a tiré vers le haut l’exigence des passagers.
La RAM, critiquée de l’extérieure, n’en souffre pas moins sur le plan interne. Une situation de crise accentuée depuis février dernier par les révoltes dans le monde, la hausse à 115 dollars du prix du baril tablé sur 80 dollars, mais également, et depuis des années, par «la réussite de la politique d’ouverture du ciel marocain» qui profite aux compagnies low-cost. Cette dernière mesure, indique le PDG de la RAM, a entrainé une chute de 26% des tarifs.
Chute proche et inéluctable
La taille de la compagnie, la nature du réseau et de la flotte, et la masse salariale constituent, selon Driss Benhima, le «vrai problème de fond» de la RAM. Sans parler de la suppression, au lendemain de la signature des accords d’Open Sky, en décembre 2006, des exonérations fiscales dont bénéficiait la compagnie nationale. Une «contradiction» de la part de l’Etat qui doit aujourd’hui intervenir en urgence, afin de sauver une compagnie dont le manque à gagner pour l’année en cours, devra s’établir à un milliard et demi de dirhams.
L’Etat, avertit Benhima, n’a plus que deux choix, face à une RAM qui touche le fond : «Soit la compagnie se réajuste, et l’Etat l’aide pour cela et dans dix ans le Maroc pourrait avoir la première compagnie africaine, soit elle est laissée dans la situation actuelle et dans ce cas, l’issue fatale et inéluctable est bien plus proche qu’on ne le pense», avertit Benhima pour qui il n’y a ni «alternative ni milieu» à ces deux choix antinomiques.