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Grand Angle

France : Un chef d’équipe marocain poursuivi pour « esclavage »

Hassan, un Marocain chef d'équipe et chargé du recrutement au Maroc d'ouvriers agricoles pour un vignoble du Madiran (département des Hautes-Pyrénées), est jugé pour « exploitation et esclavage » selon l’accusation. Retour sur une histoire maroco-marocaine relatée par La Dépêche du Midi (LDM).
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Hassan est chargé du recrutement de ses compatriotes comme travailleurs saisonniers. Chaque 6 mois, il enrôle 18 Marocains pour le compte d’un vignoble du sud-ouest de la France. D’après les faits rapportés par le quotidien régional LDM, en octobre dernier, un des ouvriers poursuit le contremaître à la gendarmerie. Toujours selon la même source, le plaignant raconte que chaque ouvrier recruté doit non seulement s’acquitter des frais administratifs – nécessaires pour l’établissement des papiers – mais aussi d’autres frais pour « service rendu ». A en croire ce plaignant, Hassan demandait aux heureux chanceux, une fois en France, la somme de 3000 euros, payable en liquide à raison de 50 euros par semaine. Pour la procureure Marie-Gabrielle Viché cité par LDM, « c’est l'illustration de l'exploitation incroyable de la misère humaine dans ce qu'elle a de plus pervers et de plus ignoble. »

Les travailleurs qui ne parlent pas le Français ne posaient pas de questions. D’ailleurs pour se défendre d’avoir perçu 50 euros par semaine, Hassan a déclaré que « c’est une collecte pour aider quelqu'un s'il se blesse, ou pour payer les poussettes des enfants, aider les familles, les accompagner partout, ils ne savent pas le Français… ». Sauf que les employés n’ont jamais vu cet argent être utilisé pour eux. Avec 144 contrats, le mis en cause aurait perçu la bagatelle de 432 000 euros. Le même contremaître aurait fait construire sa maison – dont il ne manque que le crépi – par ces ouvriers durant leurs congés et leurs périodes repos. Il s’est encore défendu au tribunal : « Mais c'est juste des coups de main. Ils viennent quand ils veulent, je ne les force pas ; ils prennent le café à la maison. Comme ça, on reste entre compatriotes. Ils sont venus m'aider à titre d'amitié ».

Marie-Gabrielle Viché ne l’entend pas de cette oreille. « Il n'y a aucun bénévolat là-dedans : il n'a aucun lien familial ou amical avec ses ouvriers. Ils viennent travailler le jour de leur repos ou de congé : c'est une fraude destinée à l'enrichir. C'est véritablement de l'exploitation, de l'esclavage. C'est intolérable. C'est l'illustration de l'exploitation incroyable de la misère humaine dans ce qu'elle a de plus pervers et de plus ignoble » a-t-elle dit. Les enquêteurs n’ont rien trouvé chez Hassan justifiant les travaux effectués : tout a été payé en liquide. Selon le plaignant toujours, il les menaçait en cas de désistement.

Il est difficile de trancher dans cette affaire d’autant plus qu’il n’existe pas de preuve matérielle. D’ailleurs à ce propos, l’avocat d’Hassan, Me Fillastre, désavoue la procureure. «C'est à l'accusation de prouver ce qu'elle avance. Or, elle ne démontre rien (...) Ces Marocains se retrouvent perdus au fin fond du Vic-Bilh, sans parler un mot de français, sans moyen de locomotion, sans connaître personne. Alors, ils se serrent les coudes, restent entre eux et s'entraident. Il ne leur demande rien. Il n'impose rien, ni horaires ni travail précis. Le bénévolat n'est pas interdit, que je sache. ».

Une douzaine de couples de Marocains était présente au procès selon LDM. Esclavage ou bénévolat ? Le procès se poursuit et le verdict est attendu le 18 août prochain.

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