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Grand Angle

Emission spéciale MRE : Le combat des Chibanis a enfin payé

Après un feuilleton judiciaire de plus de quinze ans, les Chibanis ont obtenu aujourd’hui gain de cause contre la SNCF. La Cour d’appel de Paris a rendu son verdict, annoncé cet après-midi en direct lors de l’émission Faites entrer l’invité sur Radio 2M.

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Les Chibanis marocains autour de leur avocate, Clélie de Lesquen-Jonas, à leur sortie de la Cour d’appel de Paris, 31 janvier 2017 / Ph. Stéphane De Sakutin (AFP)
Temps de lecture: 3'

L’annonce a été faite en ouverture de l’émission spéciale MRE, diffusée aujourd’hui avec Fathia El Aouni, rédactrice en chef de Radio 2M et coanimée par Mohamed Ezzouak, directeur de publication de Yabiladi.com. Ghaouti Ksioua, un des plaignants, a annoncé le verdict en direct de la Cour d’appel de Paris, où les Chibanis ont gagné leur procès contre la SNCF.

«Le plus dur est que beaucoup de ces Chibanis sont partis», regrette cependant Ghaouti Ksioua, rappelant que ces personnes-là ont travaillé depuis plus de trente ans, sans pouvoir passer d’examens qui auraient pu leur permettre d’évoluer au sein de la SNCF.

Désormais, ces Chibanis sont réhabilités dans leurs droits, grâce à une jurisprudence qui a reconnu les préjudices moraux causés par la société ferroviaire française aux cheminots marocains ou d’origine marocaine. En effet, ces derniers ont été mis à la marge des avantages sociaux et professionnels dont profitaient leurs collègues français.

Mohamed Nnej, un autre plaignant parmi les Chibanis, indique de son côté durant l’émission que la Cour d’appel confirme une première décision de justice, rendue en 2015 par les Prud’hommes :

«Nous avons attendu longtemps et nous espérons que cette décision ne fera pas l’objet d’un nouveau recours auprès de la Cour de cassation.»

Lahcen Khlifi, collègue et camarade de lutte de Ksioua et de Nnej, rappelle que la lecture du verdict a été rapidement faite :

«Les gens étaient contents. Nous avons été maltraités, discriminés et la SNCF a toujours fui ses responsabilités, même si nos contrats écrits avec la société stipulaient que nous allions être traités sur un pied d’égalité avec les autres ouvriers.»

Pour le cheminot retraité, «le combat n’est peut-être pas terminé, mais c’est une deuxième grande victoire». L’émotion a ainsi été palpable et générale auprès de tous les Chibanis présents au tribunal :

«Nous sommes fatigués après un tel épisode judiciaire. Nous sommes lessivés. Mais ça ne fait rien. Cela restera une jurisprudence pour les jeunes, les mineurs et les anciens membres de l’armée qui ont fait la Première et la Seconde guerre mondiale sans aucune reconnaissance. Ce qui importe le plus, c’est l’honneur et le principe d’égalité pour lesquels la justice a enfin tranché, après plus de quinze ans de combat.»

Dans ce sens, Mohamed Ezzouak rappelle que «les syndicats censés défendre l’intérêt des travailleurs n’ont pas soutenu leurs collègues», parmi lesquels les Chibanis étaient nombreux. Une démobilisation que confirme Lahcen Khlifi :

«Lors d’une réunion avec un délégué syndical de la CFDT, il y a plusieurs années, celui-ci m’avait dit ‘si tu n’es pas content, rentre chez toi’. Mais aujourd’hui, je suis heureux qu’une jurisprudence soit du côté des autres travailleurs. Car malgré cela, nous avons été énormément soutenus par d’autres personnes, par les médias… Les droits s’arrachent mais ne s’accordent pas.»

Par ailleurs, Fathia Elaouni rappelle qu’arrivés à l’âge de la retraite, ces anciens employés ont été surpris de toucher une rémunération modique, comparée à celle des autres cheminots de la SNCF. En 2015 et après un long bras-de-fer, les Prud’hommes ont donné gain de cause aux employés. Mais la société ferroviaire a fait appel. Second bras-de-fer et seconde victoire, la Cour d’appel a rendu un verdict favorable aux revendications des Chibanis.

Mohamed Ezzouak souligne dans ce sens que «la SNCF n’a jamais voulu accepter les verdicts, qui étaient toujours du côté des Chibanis. Elle a voulu faire trainer les choses en ayant ces retraités à l’usure. Pourtant, ils ont voué leur vie à la SNCF».

Les Chibanis, l’animateur et l’animatrice de l’émission souhaitent que ces anciens employés puissent enfin vivre leur retraite dignement, loin des imbroglios judiciaires :

«J’espère que ce dernier verdict sera accepté par la SNCF, pour tous les enfants des anciens cheminots, pour ces veuves et ces Chibanis encore en vie», clôture Mohamed Ezzouak, en ayant une pensée aux autres Chibanis «qui ont trimé pour extraire du charbon ou qui ont été anciens combattants», sans encore avoir été réhabilités.

Pour écouter le replay de l’émission, cliquez ici :

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com