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Grand Angle

Hirak : Human Rights Watch épingle le Maroc

Dans son rapport mondial 2018, paru aujourd’hui, Human Rights Watch déplore la répression du Hirak et, par ricochet, l’emprisonnement de plusieurs activistes. Ceci dit, l’ONG se montre plus optimiste sur la politique migratoire adoptée par le Maroc.

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L’organisation mondiale de défense des droits de l’homme déplore la répression du Hirak et, par ricohet, l’emprisonnement de plusieurs activistes / Ph. Fadel Senna (AFP)
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Si le mouvement de protestation rifain a douché les espoirs de ses initiateurs, il aura en tout cas «prouvé les limites de la tolérance du Maroc pour la liberté d’expression et le droit de rassemblement pacifique», observe Human Rights Watch (HRW) dans son Rapport mondial 2018.

Dans cette 28e édition annuelle, ledit document s’appuie sur les réactions des autorités aux manifestations, qui ont jalonné l’année passée. Il dresse ainsi le panorama des libertés dans le royaume.

«Les autorités ont toléré les manifestations pendant plusieurs mois. Mais en mai 2017, elles ont violemment appréhendé les dirigeants des manifestants et ont interdit un important rassemblement annoncé pour juillet», indique l’ONG. Mai 2017 coïncide également avec l’arrestation de la figure de proue du Hirak, Nasser Zefzafi.

«Dès lors, le gouvernement a emprisonné des journalistes et d’autres personnes pour avoir participé, ou apporté leur soutien, à des manifestations ‘illégales’», déplore HRW. Le directeur de publication du site Badil.info, Hamid Mahdaoui, a notamment été condamné à un an de prison ferme pour avoir «incité» à participer à une manifestation «non autorisée» dans le Rif.

A cet égard, Human Rights Watch souligne que si le Code de la presse et des publications de 2016 a supprimé les peines d’emprisonnement pour délits d’expression, «nombreuses sont celles qui demeurent dans le Code pénal, notamment pour franchissement des ‘lignes rouges’ du Maroc, c’est-à-dire qui ‘causent un préjudice’ à l’islam, à la monarchie, à la personne du roi et à la famille royale, et pour ‘incitation à l’encontre de l’intégrité territoriale’ du Maroc».

Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’association, explique : «Il existe des espaces pour exprimer la dissidence au Maroc. Mais quand il s’agit de manifestations soutenues et massives, la police et le système judiciaire ont tendance à y mettre fin et à neutraliser les activistes rapidement.» Et d’ajouter : «Si le Maroc veut se démarquer de la tendance régionale à la limitation des droits humains, il doit libérer tous les manifestants du Rif détenus ou condamnés pour des rassemblements ou des discours non-violents.»

Mettre en place des mécanismes de protection des travailleurs domestiques

Malgré un arsenal législatif et judiciaire encore sévère, l’ONG relève «des mesures positives», en l’occurrence sur le volet migratoire. «[Le royaume] a continué à reconnaître de facto le statut de réfugié ou de demandeur d’asile des étrangers au Maroc, une fois que l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés leur a conféré ce statut.» Le rapport souligne l’octroi de permis de résidence d’un an renouvelable aux Syriens «et à des milliers de migrants économiques subsahariens».

Enfin, au lendemain de la révélation des sévices endurés par une «petite bonne» dans un domicile casablancais, HRW plaide pour une action du Maroc sur les projets de loi en cours pour la réduction de la violence domestique. Coïncidence de l’actualité, le royaume est appelé à «développer de solides mécanismes de mise en œuvre en prévision de l’entrée en vigueur en 2018 d’une loi de 2016 protégeant les travailleurs domestiques».

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