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Grand Angle

Anass El Hilal : La technologie pour pallier les déserts médicaux au Maroc

Cet ingénieur trentenaire s’est reconvertit en entrepreneur. Objectif ? Amener l’hôpital vers le patient, au lieu du contraire.

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Anass El Hilal est à l'origine de la start-up Medtrucks. DR
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Aux yeux des macronistes, chantres de l’économie sociale et solidaire, Anass El Hilal passerait pour l’entrepreneur modèle. C’est que ce Franco-marocain de 29 ans creuse peu à peu son sillon dans cette France qu’Emmanuel Macron veut convertir en «start-up nation». Et même si la tendance – le mot est faible – des jeunes pousses n’est pas (encore) à l’ordre du jour au Maroc, il veut miser sur son pays natal et celui de ses parents pour s’attaquer à un phénomène que tous deux connaissent bien : celui des déserts médicaux.

Le déclic à l’origine de Medtrucks, sa start-up, survient à l’été 2014 alors que le jeune homme effectue le fameux pèlerinage estival des Marocains résidant à l’étranger. «A chaque fois que je venais en vacances au Maroc, je constatais, impuissant, que les populations rurales avaient beaucoup de mal à accéder aux soins. C’est le parcours du combattant pour la moindre analyse. C’est assez pénible pour eux.» Alors qu’il attend le train avec sa sœur sur le quai d’une gare, une vieille dame s’écroule devant eux, prise d’un malaise. «Sa fille qui l’accompagnait m’a expliqué qu’elle revenait d’une séance de dialyse à Kénitra. Elle était exténuée à cause de la chaleur. Elle avait dû faire une heure de train et cumuler d’autres transports pour venir à l’hôpital, sans compter la marche à pied. Ça m’a marqué.»

Des contextes territoriaux différents, mais des enjeux similaires

A l’époque, Anass El Hilal travaille en tant qu’ingénieur biomédical à Marseille. En 2015, alors que la société est placée en liquidation judiciaire, il saisit l’opportunité de se lancer dans un projet de caravanes médicales. «La première solution qui m’est venue à l’esprit, c’est d’amener l’hôpital vers le patient. Mais pour ça, il faut que je sache où il habite. C’est ainsi que m’est venue l’idée de la cartographie.» Pendant un an, il coiffe la casquette d’étudiant-entrepreneur, formation diplômante créée par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation pour permettre aux étudiants et aux jeunes diplômés d’élaborer un projet entrepreneurial.

«Je suis ingénieur ; mon travail, c’est de trouver une solution aux problèmes. Désormais, la solution doit à son tour répondre à un enjeu de société. L’entreprenariat, ce n’est pas une finalité pour moi, mais un moyen de mettre en œuvre des solutions qui vont impacter le monde, le quotidien des populations.»

Peu à peu, l’ingénieur façonne l’entrepreneur. A cheval entre Casablanca et Montpellier, il s’incube à la fois à l’espace Bidaya, quartier général des start-up marocaines, et à l’Alter’Incub, réseau français qui accompagne des porteurs de projets.

Au Maroc, il sillonne également les territoires enclavés : «J’allais dans les hôpitaux pour rencontrer les patients, les médecins et les acteurs institutionnels pour bien comprendre la problématique. Je revenais ensuite à Montpellier où je concevais les services pour répondre à ces besoins. On n’a pas vocation à dispenser les soins ; on est là pour accompagner les acteurs de la santé et les hôpitaux à s’équiper. Notre objectif, c’est d’emmener les bons soins aux bons patients, aux bons moments, aux bons endroits. L’enjeu est de construire une offre de santé de proximité personnalisée pour les populations rurales. La France et le Maroc sont certes deux contextes territoriaux différents, mais les enjeux sont les mêmes en matière de déserts médicaux.»

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