Le rapport du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, intitulé «Rendre les migrations bénéfiques à tous», a été dévoilé ce jeudi à la presse. A travers 24 pages, il aborde plusieurs points clés du phénomène migratoire et des drames qu'il connaît, soulignant l'urgence de la coopération internationale, la nécessité de mener des débats «de façon respectueuse et réaliste», la promotion des migrations régulières ou encore les problèmes posés par les déplacements massifs de population.
Pour rappel, le Maroc accueillera en décembre 2018 la Conférence intergouvernementale chargée d'adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, «lors de laquelle seraient examinées en particulier les nouvelles actions et orientations stratégiques à définir s'agissant de gérer la dynamique évolutive des migrations».
Un volume migratoire voué à s'accroître dans les prochaines années
Un évènement que le secrétaire général de l'ONU présente comme «l'occasion de mieux tirer parti des avantages que présentent les migrations et de maîtriser les perturbations qu'elles déclenchent. Les États membres ont pris de nombreux engagements pertinents au titre d'un vaste corpus d'instruments de droit international, y compris les principaux instruments et normes relatifs aux droits de l'homme, et les ont exprimés dans plusieurs déclarations et accords récents. Mais, trop souvent, la mise en œuvre des politiques est loin derrière les ambitions des États Membres. Le pacte mondial offre l'opportunité de combler ce fossé».
Des engagements qui tardent à se concrétiser, au regard des 258 millions de migrants internationaux. «La plupart d'entre eux change de pays dans des conditions sûres et de façon ordonnée et régulière», rappelle toutefois l'ONU. De plus, le nombre total de migrants internationaux a augmenté de 49% depuis 2000, selon les calculs des Nations unies, dépassant le taux de croissance de la population mondiale, estimé pour sa part à 23%.
Un volume migratoire voué à s'accroître dans les prochaines années, loin de représenter une menace : «Le grand défi qui se présente est d'optimiser les avantages qu'on peut tirer des migrations plutôt que de s'acharner à vouloir réduire les risques qu'elles comportent. Il existe un riche corpus de données factuelles indiquant qu'en dépit des nombreux problèmes bien réels qu'elles causent, sur le plan économique et social, les migrations profitent tant aux migrants qu'aux communautés qui les accueillent.»
Un problème est multiple par nature
Dans le sillage de ces observations, le rapport onusien relève l'importance de la migration pour réduire les inégalités «à l'intérieur des Etats et entre les Etats». Sur le volet économique et social, il souligne ainsi l'engagement en faveur de l'égalité des sexes : «On suppose souvent que la grande majorité des migrants est constituée d'hommes. Pourtant, 48% de la population totale des migrants sont des femmes, agissant de leur propre initiative.»
Autre stéréotype auquel l'ONU veut tordre le coup, l'amalgame entre migrant régulier et irrégulier. Il peut, par exemple, être tentant d'opérer une dichotomie simpliste entre migrants en situation régulière et migrants en situation irrégulière :
«Or la population de migrants en situation régulière comprend notamment des individus munis d'un visa d'étudiants ou de travail de court terme, des résidents permanents dans des pays étrangers ainsi que des résidents qui acquièrent une nouvelle citoyenneté. De même, parmi les migrations irrégulières, il existe tout un éventail de situations, comme rester dans un pays après expiration du visa donnant droit d'y séjourner ou des tentatives délibérées de contourner les contrôles aux frontières.»
Antonio Guterres rappelle qu'«il existe pas de solution unique car le problème est précisément multiple par nature. Les Etats Membres doivent appliquer ces différentes mesures possibles de façon adaptée à la situation particulière de chacun.»