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Interview

Bachir al-Dakhil exclut la possibilité d'un conflit armé dans la zone tampon de Guerguerate [Interview]

Depuis avril dernier, la région de Guerguerate, frontalière avec la Mauritanie, connaissait un semblant de calme. La semaine dernière, le Front Polisario a envoyé deux voitures dans la zone tampon. Le mouvement séparatiste accuse le Maroc de l’avoir poussé à engager cette action, estimant que Rabat a rompu le cessez-le-feu. Dans cet entretien, Bachir al-Dakhil, considéré comme l’un des fondateurs du Polisario au début des années 1970, revient sur les dernières évolutions de la situation dans la région et nie l’avènement d’un nouveau conflit armé. Selon lui, le Front cherche seulement à médiatiser ses actions.

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Bachir Al-Dakhil, l'un des fondateurs du Front Polisario. / Ph. DR
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Quel est l’objectif du Front Polisario à travers ses actions dans la région de Guerguerate ?

Le Front Polisario cherche seulement à médiatiser ses actions, surtout depuis qu’elles ont lieu dans une région qui a accepté de signer un accord de cessez-le-feu avec le Maroc. C’est une zone tampon ; les forces armées des deux parties ne sont pas censées être là-bas.

La médiatisation que cherche le mouvement séparatiste se divise en une partie interne et une autre externe. Au niveau interne, on retrouve les habitants des campements. Le Front essaie de leur faire croire qu’il fait le nécessaire et qu’il remporte des victoires consécutives. La partie externe, quant à elle, consiste à faire en sorte que les Nations unies et les pays sensibilisés à la question du Sahara n’oublient pas le conflit.

De mon point de vue, ces actions ne veulent rien dire tant que le dossier est entre les mains de l’ONU, qui a nommé un envoyé spécial de son secrétaire dans la région.

Le Polisario justifie ses actions par le non-respect du cessez-le-feu par le Maroc…

La justification du Front n’est pas plausible, elle n’a aucun fondement. Les Nations unies sont les seuls responsables aptes à déterminer la partie qui n’a pas respecté l’accord de cessez-le-feu.

Comment qualifiez-vous l’attitude du Maroc face aux actualités de la région ?

Pour l’instant, la prise de position du Maroc est réfléchie. Le pays a appelé le secrétaire général des Nations unies et l’a informé de sa condamnation des actions du Front Polisario. De plus, celles-ci nuisent aux Sahraouis, surtout ceux qui sont proches des frontières mauritaniennes que le Front prétend défendre.

Quelle tournure peut prendre cette situation, d’après vous ?

Pour l’instant, il est difficile de savoir comment la situation va évoluer. Toutefois, les pays concernés ne veulent pas qu’un conflit armé naisse à nouveau, surtout dans cette région proche de l’Europe. Une guerre dans cette région impacterait la paix en Europe et surtout en Espagne. Je ne pense pas que les menaces du Polisario de prendre les armes se concrétiseront.

Plus que cela, le Front rencontre des difficultés internes qui éloignent la possibilité d’un conflit. Certains jeunes se rebellent contre les leaders dans les campements. Des leaders qui continuent à tenir les mêmes discours que ceux des années 1970, puisque les personnes choisies par l’Algérie depuis la création du Front Polisario n’ont pas changé.

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